La fille du puits

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 La fille du puits

 

 

Assise sur le banc de bois elle s’ennuie Marion qui attend ses parents ; ils  ne
sont pas encore revenus des champs. Ses pieds, si petits,  ont laissé tomber les sabots, ils ne touchent pas le sol de terre battue et s’agitent sous
la table. Peu de lumière dans la pièce où vit la famille, on devine une salle simplement meublée de lits de coin, d’un coffre et d’une armoire. Le feu anime les murs d’ombres mouvantes, dans la
marmite la mère a laissé mijoter le repas du soir. Seule l’odeur du lard emplit la maison, et l’enfant patiente alors que gargouille son estomac. Le chien laisse entendre des grondements ;
il ressent l’angoisse de l’enfant, il suit son  regard et tente de repousser l’obscurité qui s’installe.

Les doigts de la fillette s’aventurent sur la table et volent des  miettes à la croûte du
pain que les femmes du village ont cuit ce matin dans le four de la cour.

Rassurée  par la surveillance du chien elle se lève et décide de marcher. Une chanson lui
revient à l’esprit et elle l’accompagne de ses pas :

Trois pas du côté du banc

Et trois pas du côté du lit

Trois pas du côté du coffre,

Et trois pas. Revenez ici.

Sa chorégraphie la distrait quelques minutes, mais l’ombre grandit et papa et maman ne sont toujours pas là !

Marion regarde dans la cruche elle est vide, alors elle la prend et va vers le seau pour la remplir. Le seau lui aussi est
vide.

« Je suis assez grande pour le remplir, hein Kador, dit-elle à son chien, maman n’aura pas besoin de le faire, elle sera
contente ! »

Marion se glisse sous la partie basse de la porte et le vent d’hiver s’engouffre dans la pièce.  Le seau vide est déjà bien lourd pour elle et son bois frotte contre ses mollets. Arrivée au puits elle se penche par-dessus la margelle car il lui semble
entendre une voix, la voix de sa mère.

« Maman ! »

Le vent souffle plus fort et l’enfant se penche davantage. Elle entend distinctement :

« Va dire à la fille de ta fille, qu’elle aille dire à la fille de sa fille  qu’elle
apporte le pain au four ! »

En face d’elle sur la margelle, un lutin au visage de petit garçon la regarde, un nuage passe et l’instant d’après c’est un lièvre qui
détale et l’enfant a disparu.

 

(à suivre)

10 réflexions sur « La fille du puits »

  1. c’est délicieux ce conte…je ressens toute les odeurs de la campagne sous cette époque que j’ai connue dans ma jeunesse…c’est attendrissant….je me suis laissé prendre au piége de
    l’histoire…merci de ce départ charmant…bonne soirée…gros bisous
    claude

  2. Oh ! Oh ! Joli ! Ca commence doucement, pour nous mettre dans l’ambiance de l’époque, et là, on est en haleine. Que va-t-il se passer, dans quel monde parallèle basculera-t-on ? Nous le saurons en
    lisant la suite ! Bravo !

    • Ah oui, je n’ai mis que le début… la suite est dans le livre que je devrais recevoir d’ici quelques jours. Veux-tu que je te transmette l’intégralité de la nouvelle en mp ?

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