Paul et Fanny 5

 

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Paul et Fanny 5

 

 

La porte s’ouvrit peu de temps après devant Paul qui ce jour là, à la surprise de Fanny, était presque aussi matinal que Maurice. Sa silhouette longiligne se détachait sur l’échancrure de lumière
que l’aube dessinait dans le mur face au bar.

 

La jeune fille avait laissé la fenêtre ouverte, de sorte qu’un courant d’air ferma violemment la porte. Paul tenta bien de la retenir, maladroitement, mais il ne fut pas assez rapide et surtout,
il ne put exécuter d’une main un geste rapide alors que de l’autre main, il devait veiller à faire preuve de délicatesse. Simple question de coordination !

 

— Ah v’là-t’y pas le joli cœur qui fait son entrée, en tambours et trompettes siouplaît ! commenta Maurice.

 

— Et ça dérange ce râleur d’anachorète ! répondit Paul qui visiblement ce matin n’avait pas l’intention de se laisser marcher sur les pieds. Il se dirigea directement vers le bar.

 

— Bonjour Fanny. Ce sera un café pour moi, avec un croissant, s’il te plaît ! Et il enchaîna en tendant à la jeune fille un minuscule bouquet de violettes aux tiges enlacées par un minutieux
tressage d’herbes.

 

— C’est pour toi Fanny. Je les ai vues sur le bord ‘d’un talus et je me suis souvenu que tu aimes les fleurs, alors voilà !

 

Cette attention, toute minuscule qu’elle fût, toucha Fanny. Un instant elle imagina le jeune homme sautant prestement de vélo pour cueillir de ses larges mains les tendres violettes. Il s’était
arrêté pour elle… c’était la première fois qu’un client manifestait à son égard un geste si simple, si frais, si mignon !

 

L’image du jeune homme élégant rencontré l’année passée lui revint en mémoire. Sa technique de séduction était de toute autre nature. Bien sûr il l’avait complimentée pour son physique, mais elle
rougit encore en pensant au malaise qu’elle avait éprouvé lorsqu’elle découvrit l’énorme pourboire qu’il lui avait laissé. Il dépassait largement le prix de la consommation. Il l’avait regardée
dans les yeux en lui demandant un rendez-vous… et elle avait mal réagi ; elle avait refusé d’un bloc et le pourboire et le rendez-vous. Non mais, pour qui l’avait-il prise, une fille naïve,
facile à séduire ? C’est qu’il ne suffisait pas d’être beau gosse pour plaire à Fanny, encore fallait-il que le prétendant eût de bonnes manières !

 

Elle n’imaginait pas que Paul, ce garçon si gauche après quelques verres de blanc, ce garçon qui semblait ne pas savoir quoi faire de sa vie — à part squatter le bar et lire des thrillers à
longueur de journées, puisse manifester une telle élégance de cœur.

 

Paul tendait toujours le bouquet de minuscules violettes que Fanny, absorbée par ses pensées n’avait pas pris. Il sembla deviner ses questionnements et bredouilla :

 

— C’est que je suis paysagiste… enfin, j’ai mon BEP, même si je ne travaille pas depuis quelque temps. Mais ça va s’arranger, à partir d’aujourd’hui, je suis à l’essai pour deux jours au Parc
Floral d’à côté.

 

— Pardon, dit Fanny en prenant les fleurs et en les déposant dans un verre à liqueur qu’elle avait rempli d’eau. J’étais distraite. C’est un bien beau métier, paysagiste !

 

— Ouais, renchérit Maurice, un métier pour cul-terreux !

 

— Ah non, rétorqua Fanny qui n’intervenait pourtant jamais dans les conversations des clients — mais là elle se sentait concernée. C’est un métier d’artiste ; avoir la main verte est un don, non
une tare. Je ne vous permets pas d’insulter quelqu’un qui essaie de…

 

— Il essaie rien du tout ma brave fille, s’obstina Maurice, il t’la dit, il n’a même pas commencé !

 

— C’est ça, vous voulez le décourager. Grand merci à vous !

 

Et elle continua d’essuyer nerveusement un verre qui se brisa dans ses mains.

 

— C’est malin ! s’exclama Paul en fusillant Maurice du regard, et il se précipita de l’autre côté du comptoir où Fanny se passait la main sous l’eau.

 

— Allez file mon ami, lui dit-elle, tu vas être en retard pour le démarrage de ton job.

 

Sans trop bien comprendre, il gloussa de plaisir et après avoir consulté sa montre, il se hâta vers la sortie. Paul afficha un petit sourire ironique en croisant le « nuisible » plongé dans une
supposée lecture du quotidien local, d’une discrétion…

5 réflexions sur « Paul et Fanny 5 »

  1. Bonsoir Carmen

    La trame commence à prendre tournure et on sent les deux êtres se rapprocher sensiblement.

    Mais je reste circonspect quant à mes déductions, te sachant maîtresse dans l’art à rebondissement.

    Je te souhaite une bonne nuit et te remercie au nom de la communauté.

    Ce style me plaît particulièrement et je compte m’en servir pour écrire un petit roman (si tu n’y vois pas d’inconvénient) Mais ce ne sera pas un plagiat, rassures toi, juste la méthode, par ce que
    la critique sur mes textes me dit que je ne fais pas assez de dialogues.

    Bisous et toute mon amitié
    Le Noctamplume

  2. Bonjour Carmen,

    Bon je vais attendre pour avoir le plaisir de découvrir la fin, des fois j’aie lire d’une seule traite d’autres fois je lis au rythme de tes écrits.

    J’aime bien les dialogues et les nouvelles ça me plait aussi , j’en ai déjà écrit quelques unes tu les as surement lu sur mon blog.

    Belle fin de journée et bisous d’EvaJoe

  3. Bonjour m’dame Carmen, je suis bien contente de lire la suite des aventure de Paul et Fanny! Par contre, dans la dernière strophe, je ne comprend pas bien ce que Paul ne comprend pas, et puis il y
    a un truc qui me gène dans la dernière phrase, peut-être le: « d’une discrétion… « 
    Mais ptetre que je comprendrais mieux avec la suite de l’histoire!
    Je te souhaite une bonne soirée bises

  4. Merci pour l’explication m’dame Carmen!
    Par contre j’avoue que la fin de ce chapitre gagnerait en fluidité si tu pouvais être un peu plus claire!
    Sinon j’attends la suite! 🙂
    Bonne nuit

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