Mé… moi… re

Beatriz Martin Vidal

 

(moi… maman, je te re dessinerai une île où ton histoire sera sauve)

 

Du jour au lendemain la mémoire s’est verrouillée, le jour replié sur les souvenirs s’est fermé aux lendemains sans désir, et dans le vide d’un présent confiné la lente dessiccation des souvenirs, eux-mêmes, dépossède la victime de toute son histoire.

Oh, donnons-lui une histoire, n’importe laquelle, l’essentiel est qu’elle s’en souvienne ! Frappons son imagination et qu’elle l’emporte même si ce doit être dans la tombe !

L’enfant intérieur perdu dans une maison abandonnée cherche la voie du cœur – le moindre filon devient ruisseau sur lequel il s’embarque.

Imagine : Il y a un enfant en toi sur une toute petite barque. Comme celle-ci. Tiens, je te la donne. Vois-tu l’enfant ? Il rame avec toute l’énergie de sa confiance en l’amour qui ne peut, qui ne doit se tarir. Il est le gardien de ta mémoire. Elle survivra.

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Carmen P.

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image : Beatriz Martin Vidal

14 réflexions sur « Mé… moi… re »

    • On peut choyer un peu plus les bons et beaux souvenirs, mais il faut tout garder en mémoire, tout, sans jugement… gonfler ces souvenirs d’amour, de tendresse !
      Merci d’être passée, flipperine, sur ces mots qui encore une fois parlent de la mémoire.

  1. La mémoire : ceux qui l’ont perdu en parlent comme si ils étaient morts, d’autres n’en n’ont plus aucun souvenir car leur mémoire s’en va au fil des jours.

    Pour ceux qui ont leurs souvenirs intacts ils ne doivent pas faire de distinction entre les bons et les mauvais souvenirs, chacun a un moment donné a eu sa place dans leur vie, et le tout fait partis intégrante de leur vie. A nous de gérer le tout.

    Il faut entretenir notre mémoire, mais si parfois c’est facile d’autres fois cela s’estompe.

    Un beau texte!

    Belle journée et fin de semaine

    Bien amicalement

    EvaJoe

  2. Coucou Carmen
    La mémoire s’effiloche au fil des années et c’est comme un deuil d’une bonne partie de son histoire….
    heureusement, il y a les photos… qu’on ressort de moins en moins… et ceux qui racontent encore….
    Mais les enfants sont pudiques et se taisent. Leur histoire leur appartienne désormais et ils sont partis sur une autre rive…
    C’est curieux comme les mauvais souvenirs surnagent, eux, sur le cours du long fleuve qui charrie lentement au fond de son lit les cailloux de la mémoire ?!
    Que ramassera bientôt dans son épuisette l’enfant éperdu de tendresse au fond de sa petite barque ?
    Bises secouées

  3. C’est bien, d’avoir un filon et de le donner aux autres… Pendant longtemps, j’ai été fière d’avoir trouvé « ma » solution et j’avais ouvert mon blog sous les couleurs de l’amour (Valentine « aime » – valentinem, sur over-blog) rien que pour cela. Aujourd’hui j’ai demandé « plus » à l’univers, j’ai vu que cette autosatisfaction ne me suffisait plus… et ma recherche ne cesse plus. Elle est plus exigeante, plus austère. Ai-je tort ? Mais c’est ainsi !
    Cependant il faut bien partir de quelque part, et tu as raison : au départ, il y a toujours un enfant intérieur, avec une clé d’or…
    Bises !

    • Je ne pensais pas à ma vie en particulier, Aloysia… j’imaginais juste qu’il doit bien y avoir un passage vers un espace de mémoire, peut-être au niveau spirituel, chez ces personnes qui oublient tout, même l’existence de leurs enfants. Je ne peux pas croire qu’une vie puisse n’avoir existé que si la qualité des neurones permet à la personne de s’en souvenir (quelque part demeure une trace de ce vécu).

  4. Bonjour Erin,

    Tous les jours passés au cour de notre vie sont souvenirs.

    Ils s’emmagasinent en notre mémoires et au seuil de notre existence il arrive que certaines personnes les perdent… Et cela doit être terrible à vivre.

    Très beau texte.

    Bise.

    Philippe.

    • Oui, c’est terrible pour celui qui le vit et pour son entourage. Une façon de s’effacer avant d’être parti.
      Merci d’être venu me lire, Philippe.

  5. Bonjour Carmen,

    la mémoire! C’est terrible lorsqu’elle devient déficiente… jusqu’à disparaître. des exemples autour de moi qui serrent le cœur.
    tes mots sont magnifiques! j’aime cette idée d’enfant perdu au fond de nous qui est là, à attendre qu’on lui tende la main, qu’on le remarque.
    Mon oncle ne se souvient plus de rien. Pourtant, lorsque ma tante va le voir, son œil s’éclaire, le sourire fleurit. Il ne sait plus qui elle est, mais se souvient qu’il aime sans doute.

    Merci Carmen

    • Cet enfant intérieur m’a semblé être le seul repère tangible. Qu’est-ce qui peut aider ces personnes, à part lui, dans leur vie ; le fait de rester « désirants » et « aimants ». Peut-être ?

      Je souhaite beaucoup de courage à l’entourage de ton oncle.

      Amitiés.

      Erin

  6. Bonjour Carmen,

    Mes souvenirs sont remplis d’une multitude de sentiments.Je navigue entre l’amertume et l’amour et voyage souvent sur les flots tumultueux. Avec le temps je retrouve une certaine sérénité en laissant derrière moi le poids d’une trame. Je me dis que tout est lumière et vie. A chaque enfant son histoire et je comprends cette envie de dessiner pour sa maman les souvenirs émergeant. Au fond de nous il y a toujours notre enfance que notre mémoire conserve et la mémoire la plus profonde est celle de notre cheminement. Je t’embrasse bien fort et te souhaite une bonne journée.

    • On ne devrait jamais oublier notre cheminement passé, c’est le même chemin que nous poursuivons, en ajustant nos pas, jusqu’à notre dernier souffle.
      L’idéal serait de rester serein même face à l’adversité. Tout accepter sans passer par l’échappatoire de l’oubli.
      Merci d’être venue me lire, Corinne.

  7. Ton texte est tout aussi sublime qu’émouvant …

    Et j’entrevois, entre deux mots, cette importance et cette nécessité de « transmettre », comme le font les peuplades primitives …Transmettre des valeurs, des richesses, même s’il faut pour les reconnaître et les appliquer sortir des sentiers battus …!

    Et laisser, derrière soi, des traces de tout cela, tel un livre qu’on viendra avec bonheur consulter ou un arbre sur lequel on viendra s’adosser pour s’emplir de force et cueillir une certaine vérité …

    La mémoire ne peut disparaître si elle a été sincèrement et magnifiquement …transmise !!!

    Les élans de ton coeur sont toujours une authenticité à vivre : sabine.

    • J’aime ton commentaire Sabine, il montre les pistes que la mémoire emprunte, et ces pistes sont d’éternité… Quand on perd sa mémoire, c’est en quelque sorte l’éternité qu’on ignore, gommant le futur autant que le passé et le présent. Les élans du coeurs sont peut-être les seuls à pouvoir maintenir dans un état juvénile nos désirs (le seul climat qui leur convienne).
      Amitiés.
      Erin

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