Questionnement

 

Donnadieu Rémy Photographer

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Il en est des comportements humains comme de la structure de la Terre ; le vulgaire et le fluant en forment l’écorce, ils recouvrent l’essence ciel d’un noyau inaltérable, à toute étoile pareil.

Parfois quelque éruption ou tremblement parvient à déchirer la peau terrestre obstruée par les   manipulations convenues dont nous négligeons les ressorts, dont nous feignons même de ne pas être un contributeur zélé.

Tout ce que l’on voit en surface demeure le grossier, qui inévitablement renvoie le profond, le subtil à l’invisibilité. Si nous ne voulons pas avancer masqués, il faut accepter d’être perçu dans l’insignifiance par notre choix du déni d’apparences – ces apparences qui seules nous révèlent au monde, prompt à juger, à placer chacun dans une case.

Sommes-nous déterminés à vivre  l’approche de l’essence des choses que ce soit dans l’Art, dans la Littérature, dans tous les domaines qui nous structurent fondamentalement ? Sommes-nous prêts à avancer en écartant la fange des idées molles, en contournant les strates vulgaires, en plongeant dans l’immonde ? Sommes-nous prêts à traverser le miroir qui impose une image déformée à notre regard premier, tout en évitant de produire nous-mêmes des actes, des pensées qui troubleraient davantage la vision d’autrui, rajouteraient de l’écorce à la douleur intime, densifieraient l’opacité de l’empreinte  humaine dans ce qu’elle a de plus grégaire ? 

 

Erin (Carmen P.)

Photo : Rémy Donnadieu

12 réflexions sur « Questionnement »

  1. Un beau texte, mais qui cependant me laisse perplexe. Quoi d’étonnant puisque c’est mon interrogation actuelle ? Si nous perçons l’écorce des choses, que trouverons-nous ? Qu’appelle-t-on le vulgaire sinon un jugement de valeur – mais certainement pas ce qui est à l’écorce ? Car toute manifestation est écorce, et si l’essence ne se laisse pas saisir à plus forte raison personne ne peut se prétendre à même de l’exprimer ! Car l’exprimer c’est systématiquement la « vulgariser »… Mais moi-même, te lisant, ne suis-je pas en train de déformer ta pensée par ma tentative d’interprétation larvée ?…

    • Je comprends ton questionnement. J’ai écrit ce texte en sachant très bien que les raisonnements de chacun peuvent les éloigner de ce que j’ai voulu dire et je sais que moi-même je ne me suis qu’approchée de l’idée qui m’était venue.
      Quand je dis grossier, vulgaire, ce n’est pas réducteur. C’est un fait que nos échanges dans la vie sont souvent sur ce plan (le plan de l’enveloppe, du superficiel). Je l’ai ressenti très fort dans un salon dimanche. Mes voisins de stand se plaçaient, proposaient des livres susceptibles de parler à cette couche… des personnes se sont arrêtées m’ont félicitée pour ce que mes productions dégageaient mais n’osaient presque pas y toucher… je vais trop au coeur des choses, là se situe mon regard et cela n’apporte rien à personne puisque pour y accéder il est nécessaire de parcourir ce chemin soi-même.
      Les mouvements de foule ne reflètent que ça, les gens vont dans la direction qui massivement correspond à leur niveau de compréhension, à leur intérêt immédiat ou actuel. Pourtant, il y a un coeur où nous nous ressemblons tous et ce qui relève de ce coeur peu l’atteignent (ou s’en approchent).
      Je pense que le langage, surtout celui de la poésie a le pouvoir de nommer le sensible, non pour le figer (on ne le peut), mais pour l’accoucher à la vie sur Terre. C’est une grande chose qu’il nous reste à faire, mais cet accouchement ne peut venir de n’importe qui, car les mêmes mots portés par des émissaires mal intentionnés peuvent faire beaucoup de mal (et entre deux émissaires, la masse se tournera automatiquement vers celui qu’elle devrait ignorer) Il n’y aurait pas de solution ? Si, laisser doucement la parole authentique être reconnue par une faille sensible, ce qui passera ne sera jamais perdu… alors que lorsque nous nous égarons, l’enthousiasme illusoire ne dure jamais longtemps, et nous allons d’une direction à une autre, d’un charlatan à l’autre, d’une technique de bien-être à une autre… (je m’arrête car finalement, tout ceci je le dirai bien mieux au fil des poèmes qui ne l’ont pas encore exprimé… petit à petit, dans l’ignorance de la portée des mots)

      • Ce chemin de l’intime, vers la source est propre à chacun. Se partage t-il ? Par l’être certainement. Par des mots écrits aussi dans l’intimité de la lecture. Dans un salon, à un stand ? Pas pour moi c’est sûr… Questionnement engagé… Bonjour Carmen.

        • Bonjour Nathanaël. Les rencontres vraies sont rares dans les salons, mais elles peuvent se produire. Je ne peux même pas dire comment elles se produisent. Elles ne sont pas prévisibles (mais je dois reconnaître que l’on donne beaucoup de son temps, beaucoup de soi même… et parfois l’on revient fatigué et déçu).

    • On l’approche par ce biais… l’autre est libre de saisir le poème, de laisser l’impression cheminer en lui, de lui permettre d’ouvrir d’autres portes… (dans la sérénité – tel est mon souhait – pas dans le trouble, le doute, le mal-aise)

    • Merci Flipperine. Je passe ma vie à oser, même et surtout si on tente de m’en dissuader. Commencer à écrire après une vie professionnelle était pure utopie d’après certains. Pourquoi pas ! ai-je répondu.

  2. Ton texte me parle énormément, pas forcément dans ce moment intime qu’est notre création de textes, mais sur le fond je te rejoins car je viens d’être catapulter de pleins fouets par une personne qui sous prétexte de me flatter dans un premier temps s’est ensuite servis de moi à mes dépends et finalement elle est venue me frapper, voire essayer de me jeter tel un kleenex une fois que je lui ai fait remarquer que je n’étais pas celle qu’elle espérait que je sois.

    Je ne sais si nous poètes nous sommes plus réceptifs aux bruits, au regard aux expressions, voire je dirais plus sensible, ce qui n’inclue point être à fleur de peau. Mais si nous sommes simple, nous aimons que l’on nous renvoie la même image, le flatteur à ce niveau d’écriture n’est pas dans mes cordes et peut-être me rejoins-tu sur ce chemin…

    Je voulais te dire que les passeurs de mots n’existent plus depuis hier, comme je quittais APLN et que ce blog avait été crée par moi ainsi que son logo, l’administratrice (Domi) me l’a supprimé…..

    Pour l’instant je réfléchis à la forme prochaine que je donnerais à ce lieu convivial qui réunissaient tous ceux qui étaient passeurs de mots.
    Je suis partie pour créer mon propre domaine, Sabine m’a suivie, possible que d’autres me rejoignent, je ne vais chercher personne, j’explique juste quand on me le demande ce qu’est un Domaine.

    Voilà mes liens un pour mes poèmes : http://plumoboudesdoigts.fr

    L’autre pour ma prose : http://imagine.plumoboudesdoigts.fr/

    Viens t’inscrire pour me suivre et change mes liens chez toi.

    Belle et douce soirée

    EvaJoe

    • Je te répondrai plus longuement en privé.

      Les passeurs de mots étaient une communauté indispensable pour ne pas se sentir isolé sur son blog.

      Je note les adresses de tes blogs.

      L’authenticité en écriture au moment où on écrit et le fait d’être entièrement absorbé par ce travail d’écriture en continuelle progression est la seule chose qui compte !

      La flatterie n’atteindra jamais un auteur qui essaie d’évoluer, qui mesure la route qui lui reste à parcourir. Par contre, si nos mots éveillent des choses enfouies chez le lecteur, s’ils l’ouvre à la parole, c’est merveilleux !

      Bonne soirée à toi aussi, Eva.

      Carmen

  3. Ah, ça y est ….Tu as ton image de fond comme tu le souhaitais je vois !
    Image comme un bijou discret gardé au fond du coeur, légère légère et qui rend celle ou celui qui la regarde aérien et amoureux de l’infini ……

    C’est drôle comme ton écrit rejoint mon ode à l’hiver et aux feuilles oubliées ….
    Allons vers cette « âpreté des choses » pour y découvrir des merveilles inattendues ….
    J’aime cette ….école buissonnière que tu nous proposes, menant vers l’essence pure des êtres et des choses !

    Carmen, toi et évajoe m’avaient donné envie …..(Je t’en parle par mail !)

    Châle-heureuse-aimant : sabine

    • Il est impératif de donner vie à ces désirs qui nous traversent (et qui ne font du tort à personne). C’est devenir créateur de notre vie, elle prend la couleur de nos rêves !
      Nos jours sont un mélange de sensations, du plus âpre au plus doux… nous goûtons, expérimentons, avançons…
      Amitiés. Carmen

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