Les mots de la poésie se laissent couler dans la fluidité de cet élément, pour tenter une approche sensible du mystère de la vie.
Observation.
Rêve.
Poésie.
Une citation de Saint-Exupéry
« Terre des Hommes »
» Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître.
Tu n’es pas nécessaire à la vie, tu es la vie. »
Suivent quelques poèmes…
Sensation d’écume
L’été
au bord des rémiges grises des goélands
affûte ses ailes sur l’azur du ciel.
Blanc liséré impatient sur la falaise chahutée
l’écume devenue ombre vive balaie l’espace aérien
sous le pétillement joyeux du regard
plongé.
Dans ce paysage où le noir cormoran
se régale en galipettes
aquatiques
où l’oiseau des mers turquoises
poursuit inlassablement son vol
hypnotique
les couleurs sondent
les profondeurs marines et célestes
elles brassent
la minérale et humaine indolence
réveillent et sculptent les âmes statufiées.
Carmen P.
*
Zoom sur la mer
Un chant monte du rivage
vapeurs océanes sous la brume des jours
le temps d’une marée
s’enlacent le sable et la mer infinie
Balancement des bourgeons de vie
sous l’envoûtante lascivité
d’un corps unifié – comblé d’harmonie –
Le berceau originel surgi des abysses
navigue parmi les franges incertaines
– des lames fusionnelles le transportent –
Les bulles sur la grève éclatent éphémères
Les pas nonchalants déboutonnent les galets
La peau nue du vent flatte la mer
pour lui
elle retrousse ses jupons d’écume
Océan de la joie
Océan de la solitude divine
dans tes nautiques jardins
gouttent les perles de silence
Près des buissons d’éponges
les coraux pourpres tendent leurs bras
vers leurs sœurs les méduses
elles dérivent libres
diaphanes
elles effilochent dans l’onde
leurs dentelles de pampilles
Chevauchée de krills à dos d’hippocampes
Les tritons fous et les ondins mutins
percent la vague des illusions du monde
tandis que je contemple sur l’océan
les gemmes opalins flirter-couleur
avec le corindon d’émeraude
La houle s’enfle jusqu’au jaillissement
de la certitude de la vie
Carmen P.
*
Pêcheur de Lune
Pierre précieuse de la nuit
Ta lumière si douce n’est que reflet dans les eaux bleues du lac
Se peut-il qu’en retour, sur une terre inconnue, ce mirage plonge dans d’autres miroirs ?
Je navigue dans la galerie des glaces de la nuit
Reine des Astres
Sous ton emprise, mon corps d’ambre semble se vêtir, alors que de mon âme s’élèvent
des larmes primaires – essence-ciel elles
fondent dans ta lumière –
Pupille du soleil
Sur ma barque je dérive
Des chiens sur la rive veillent, tels des cerbères ils me gardent des chimères
Je ne sombrerai pas dans les cratères terrestres
Je m’éloigne des gouffres où la pensée stérile désespère
Beauté du ciel
Je dépose mes filets sur la grève, ici je ne suis que pêcheur de rêves
Sur ton écorce lunaire, auréolé de poussière d’étoiles, marche mon hologramme
Carmen P.
*
Coule
…………
………….Esprit
Suivre dans l’ombre
le cercle circonscrit au vide
là, où le néant tend son miroir
En ce lieu l’enfance de l’homme
……………………………………………………………………………..s’abandonne
Immature
elle plonge jour après jour
dans un nid d’habitudes
Un nid circulaire
parfait
dont le diamètre décroît
jusqu’à devenir point
……………..……………………. ……..parfait
– le noyau où la bonté
infuse –
Non pas sombrer au centre
du tourbillon de la vie
mais s’élever au cœur du vortex
Entre degrés de l’être
et mesure de l’espace
– concentration et dilatation –
la conscience se vrille
à la recherche de son soleil
Fluide comme l’eau du torrent
une torsade de sons remonte
des gorges intérieures
Haut et clair son clapotis murmure :
» Trouve dans ton ciel
La couleur et la mémoire des étoiles »
Carmen P. le 7 mars 2011