Le livre :
« VUES du SOL », de Frédéric Halbreich
Editions : La lettrine Culture
Collection : Les poètes de l’imaginaire
Un recueil de 52 pages qui rassemble 39 poèmes, tous centrés. Chaque vers commence
par une majuscule.
L’éditeur présente ces VUES du CIEL « comme autant de clichés improbables dans une époque qui ne l’est pas moins ».
Mes impressions de lectrice :
Frédéric Halbreich est peintre, il nous offre ici ses créations poétiques.
À première vue, cette poésie peut paraître aseptisée car l’artiste en a retranché tout le superflu.
J’y ai lu une fascination pour le vide, un vide souvent empli de silence que seules,
l’exploration par le cri, la puissance vibratoire d’une couleur ou l’énergie du mot juste peuvent saisir.
Le vide n’y est jamais figé, l’empreinte du poète provoque sa mobilité et ses ondes
vibrent jusqu’à l’oreille sensitive du lecteur.
Poésie des couleurs qui nous laissent imaginer les tableaux du
peintre :
« La tentation laquée / Épelle un cri / Tout entier contenu / Exprimé dans l’éclat / Comme une luisance »
Les couleurs dansent leurs sensations aux détours des vers : le monochrome est illusion, les brillances sont rythmiques, le jaune
est harmonique à moins qu’il n’évoque le son du jaune glacé, le silence est bleu, la luminescence est noire, la blancheur parfumée…
Chaque poème, comme une lame chauffée à blanc, œuvre avec la fulgurance de l’éclair.
L’auteur laisse le fil des mots ouvrir une brèche par où s’insinue la poésie jusqu’au
noyau de l’émotion.
Je qualifierais cette écriture de foudroyante !
Les poèmes de Frédéric Halbreich partent comme des flèches, certains mots glissent d’un vers au suivant comme pour éprouver le
meilleur alignement. En général je traque les répétitions, mais là ces mots répétés n’en sont pas.
Je cite l’auteur : « Rien ne trouble le fil / De la lumière / De la ligne / De l’esprit / Car l’esprit est
une droite / Lancée vers la lumière ».
Vous l’aurez compris il y a du mouvement dans cette poésie, elle palpe « la
proximité de l’intention », glisse « sous le silence tactile », « apaise l’ombre ».
Le vent semble la guider : « le vent nu, le vent aux nocturnes dansées, le vent débouclant de saines envies, le vent
souffrant, le vent qui enfin apporte le temps des jappements déserts. »
En lisant ce recueil on voit la vie se déployer sous l’alchimie des mots et le temps passe « qui appartient à la musique de
l’absolu ».
Tout est toujours à recréer dans un monde où « Le seul amour qui gagne / C’est celui du jour qui vient ».
J’ai aimé cette lecture qui satisfera les amateurs de poésie les plus exigeants.
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