La vanité, 1897, huile sur toile de Giovanni Segantini
Eve des Alpes
L’éclat de la couleur
en touches cristallines
dans le miroir de l’œil
recrée le paysage
d’Engadine
Illusion d’une technique
que le maître domine
du haut de sa solitude
fière qui lui prendra la vie
Tout vibre dans ces montagnes
où la nature s’incline
devant la jeune fille
qu’elle a créée – Eve
participe de cette beauté –
Elle dépose sa tunique blanche
et du murmure de la source s’approche
Pieds libres sur la roche elle contemple
une masse fauve qui serpente
Est-ce sa chevelure qu’un souffle agite
ou une ligne mouvante et mystérieuse
venue troubler le miroir de l’onde ?
Elle soulève ses mèches et ne voit que son visage dans l’eau vive.
Serait-ce elle si blanche et svelte ?
Seule…une plante croît qui s’ignorait
L’énergie-sève monte de ses racines
Jusqu’à la coupole de ses blondes lianes
Par quelle bouche d’ombre surgit cet hydre
persifleur d’illusoires angoisses ?
La vérité ne peut trahir l’étoile d’un visage
Que l’eau en sa surface a révélée
Dans cet Eden des hauteurs
où fleurissent entre les pierres
des rhododendrons sauvages
Rêve découvre son corps
Fleur-miroir de la nature vierge
Audace de pureté nue sur la toile
Dans la rudesse d’une vallée sauvage
l’artiste s’abandonne au rythme lumineux
de sa passion créatrice – La Vanité naît –
Carmen
P. le 7 juillet 2011