Pour Fiona
5 janvier
elle était fille
ange à la vie dérobée
froide comme l’hiver
Par l’aiguille amniotique
d’un amour incertain
s’est creusé le bulbe
où l’esprit paraissait
Aspiré le verbe
de ce corps flotté
et la douleur — seule
face au silence
figée
Entre sommet et gouffre
la poésie s’emmêle
éblouie par la mort
elle contemple l’en-terre
C’est l’argile qui s’enferre
sur des rails disloqués
où la voix d’une enfant
plie au silence intimée
Erin (Carmen P.)
Florence – Testé pour vous
Bonjour et c’est une superbe poésie, pleine de tristesse… »la voie d’une enfant plie au silence intimée » comme c’est triste, vraiment…beau et triste. A bientôt et passe une bonne soirée…sans tristesse aucune j’espère
Cette inaptitude à parler m’a toujours surprise, même en rêve elle ne parle pas. Elle n’a pas appris à nos côtés, mais ses frères semblent la comprendre mieux que moi.
(j’ai bien conscience que ce que je dis là peut s’apparenter à du délire, mais il n’en est rien)
La tristesse me rattrape toujours le 5 janvier. Je préfère y penser consciemment, sinon mes rêves me le rappellent de façon trop puissante.
Merci de m’avoir lue, florence.
C’est triste… et cela arrive encore aujourd’hui. Combien de femmes vivent cette expérience et reviennent chez elles, moralement contraintes au silence*. Parfois, c’est toute une famille qui se mure dans le non-dit. On n’en parle pas aux autres enfants, on reprend la vie comme si de rien n’était. C’est terrible. L’enfant disparu est comme gommé. Je suis pour la parole, pour la reconnaissance des faits… mais cela n’empêche pas d’aller de l’avant dans la joie, ensuite, même si on ressort transformé de cette épreuve.
* [pas facile de dire : « Je suis en congé de maternité mais l’enfant n’est plus là ». C’est plus facile de dire : « Je suis épuisée, je me repose » ou plus pitoyable : « Je suis en dépression (dans ce cas on ne dit pas pourquoi)… alors que la déprime est normale, elle a juste besoin de temps pour se dissiper… et cela ne se fait qu’en reconnaissant, acceptant ce qui s’est passé]
Merci pour tes mots, florence.
une belle petite fille mais que c’est triste de rester tjs dans le silennce
Etrangement c’est un sujet qui m’a toujours préoccupée. J’ai parlé très tôt et, constater que mes petites copines, elles, n’y parvenaient pas encore, étaient une énigme pour moi. Je demandais à ma mère, ce qu’il fallait faire pour donner l’envie de s’exprimer. Elle ne pouvait bien sûr pas me répondre. C’est peut-être pour cela que je suis devenue enseignante (en maternelle). Enfant, je voyais aussi le décalage qu’il y avait entre les pensées des adultes et leurs paroles. La parole est souvent mal utilisée et manque d’authenticité. Cette enfant, quand je la vois en rêve, même si elle ne parle pas, communique par le regard… mais sa parole me manque (la voix est déjà quelque chose de physique).
Je ne suis pas certaine d’avoir tout compris mais une étrange tristesse m’a envahie. Ce poème m’a rappelé une autre enfant que l’on a réduite au silence…
Ne sois pas triste Louv’. Parfois, on a besoin d’écrire… non pas pour apporter de la tristesse mais pour rendre l’absence moins pesante.
Chagrin et poésie , amour se mêlent, et la vie ne nous ménage pas, c’est beau Erin, que la vie te soit douce malgré cela !
Bonne année dans ta maison et auprès des tiens
Marinelou, que la vie soit douce aux enfants, pour qu’ils puissent grandir et construire un monde meilleur. On a besoin d’eux sur terre… Je ne peux qu’utiliser les mots pour ceux qui ne les ont plus (j’essaie).
Bonne Année à toi aussi. Erin
Bonjour Erin, ta plume mélancolique est touchante et j’ai plaisir ici à revenir te lire…Bises
Merci Paradisalia. Je vais laisser dormir ce souvenir jusqu’à l’année prochaine. Amitiés. Erin
bonjour;
Un écrit sublime.
Tant d’émotions rien qu’en pensant à cette tragédie;
Un poème MAGNIFIQUE.MERCI
@Paf
Merci Paf. Je viendrai te lire.
Mes écrits changent, en fonction de ce qui me touche, de ce que j’observe ou de l’inspiration qui s’impose – et dont je ne suis pas libre, mais que j’accepte.
À bientôt.
Erin
Florence – Testé pour vous
Bonjour…j’espère que la tristesse s’est envolée pour être remplacée par de superbes sourires, plein de bonheur. A bientôt
http://florence.apln-blog.fr/
Bonjour d’amitié,
Comme je comprends tes mots à l’absente. Comme je comprends ta tristesse. Mais les rêves sont de merveilleuses passerelles vers ce monde où nos chers petits nous attendent… Ils apparaissent un instant pour nous dire qu’ils sont toujours là, près de nous… C’est mon intime conviction. Parfois, quand je me réveille, j’ai la sensation du baiser sur ma joue…
Mais il me semble que je ne sois pas la seule à penser ainsi…
Belle journée Carmen, amitiés et bises.
Joëlle
Là aussi, je n’ai pas répondu.
Oui, les rêves sont importants. Quand j’essayais consciemment d’oublier, les rêves venaient me réveiller. Et quelle présence ! La parole ne permet pas de communiquer avec elle, mais si j’aime tant utiliser les mots justes, ce n’est pas un hasard. Elle est comme une vibration très pure.
Amitiés.
Ecrire pour rendre l’absence moins pesante? Tu as résumé ce que j’ai ressenti.
Tu parles de ses frères qui comprennent. Les deux frères étaient présents mais l’un ne parlait pas. Il n’avait pas besoin, le frère traduisait ses pensées.
Que ton année soit douce.
Bonsoir pimprenelle,
Certains souvenirs sont portés par toute la famille… et chacun réagit à sa façon. L’année commence par ce souvenir, ensuite j’essaie de ne plus y penser… et quand les rêves viennent ils ont la marque de ce refus.
Que l’année 2014 soit bénéfique et sereine.
Chacun, à sa manière, puise la force de continuer.
Bonne soirée Carmen