Gwin Zegal

Traverser les terres avant d’apercevoir

le petit port discret de Gwin Zégal

Au bois de ses arbres pieux je vais

arrimer mes mots et quelques peines

La descente est cruelle

jusqu’à la mer et ses merveilles

.

La digue est de granit, elle abrite

une anse émeraude où dansent

les fleurs-bateaux, où respirent

les poèmes-marguerites dont la vie

ne tient qu’à quelques troncs

Je les aime, un peu…

.

La descente est à risque

jusqu’à la crique

mais la mer est d’azur

et j’ai une peur à mettre à flots

afin qu’elle danse la joie tranquille

avec les coques amarrées

.

Les îlots rocheux font sentinelles

ils laissent la mer courir

entre leurs jambes et bondir

telle un chat en furie

tant que les marguerites

se balancent, protégées

Je les aime, beaucoup…

.

À mer haute, les bateaux

rêvent de traversées fantastiques

mais les arbres les retiennent

ils n’ont plus que leurs racines

tandis que les branches

fantômes interrogent

le vent. Lorsque la mer

est basse, la conscience

du sable suffit au repos

de chacun, ils sont là

les uns bien plantés

les autres bien accrochés

il n’y a plus d’attente

.

Parfois, les marguerites

dans leur écrin de granit

rose ont échangé des mots

à marée basse avec les poètes

sans attaches qui leur ont dit 

les aimer, passionnément…

.

.

Carmen Pennarun

14 réflexions sur « Gwin Zegal »

  1. Ah ! Carmen ! Comme je te remercie pour ce magnifique poème à un de mes lieux les plus chéris et les plus familiers ! Ce que tu en dis est une merveille qu’elle mérite ô combien notre belle presqu’île. Je vais faire passer le poème à mes sœurs.
    J’espère que tu vas bien. Je t’embrasse.

    • Mayalila, la vie va, sauf pour maman qui nous a quittés, peu avant Noël. Ce poème je l’avais écrit après avoir fait connaissance de ce petit port atypique. Il fait partie des poèmes qui seront publiés dans mon prochain recueil… quand mon fils aura terminé l’illustration de première de couverture. Amitiés. Carmen

    • Un lieu discret dont j’ignorais l’existence. Une belle découverte et je me rends compte que pour beaucoup il est, comme le dit Mayalila, un lieu chéri.
      Carmen

    • Un bien joli petit coin sur Terre, dont la simplicité fait tout le charme. Merci d’être venue me lire, Pimprenelle.

      L’enfant en nous pleure, quelque soit l’âge du départ de la maman…

  2. Comme ta plume a su effleurer nos coeurs.. quels délicieux moments ai-je passé en ta compagnie dans ce lieux magique et aimé.
    J’avais l’impression d’y être en lisant tes mots.
    Gros bisous

    EvaJoe

  3. Merci, très chère Carmen,

    Qu’il est joli si simple ce petit coin de pays en sursis!

    Bravo et félicitations encore !

    Bon vent dans l’éthérique voyage de ta maman de retour vers la maison de son Père! ⭐️💥🔥☄️❤️🌹❤️

    • Merci, Raynald. C’est un si grand changement. La vie qui nous fait une naissance à l’envers… demeure la nature qui peut nous réserver des espaces où l’on se sent bien.

  4. Bonjour Carmen,

    Tout comme mes prédécesseurs, j’ai beaucoup aimé ton poème. J’affectionne particulièrement tes images. Ce lieu est magnifique. Je comprends combien il est attractif.
    Désolée pour ta maman. Reçoit mes sincères condoléances. La mienne est partie le 20 mai. Je n’ai pas encore fait mon deuil. C’est vrai que le petit enfant est toujours là, en nous.
    Bises amicales

    • Merci pour ta lecture, Martine. Il faut du temps pour faire son deuil. Je vais veiller sur mon père qui rentre d’hôpital en début d’après-midi. La vie nous demande parfois une force considérable, à la limite de nos forces. Amitiés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *