Quelques clics et l’écho des mots
venus en différé des décennies plus tard
fragmentent davantage le temps
plus qu’ils ne donnent l’heure exacte
L’horloge est détraquée
il est Noël moins le quart
et ce quart de rien
est notre mouvement
qui détermine tout
On ne sait si une naissance s’annonce
ou si la nuit affligera l’étoile du berger
d’un masque nuageux
alors tous les moutons
(mon dieu, les moutons) se précipiteront
dans un trou noir
Une nanoseconde suffit pour affoler les aiguilles
Consentir à la fuite endiguée par la précipitation
permettrait-il à l’instant de se concentrer
dans l’espace et de devenir inaltérable ?
Le temps, lui, poursuivrait son œuvre
Le mouvement stoppé serait comme le fantôme
dans le cristal, soumis à la pluie, au vent, aux saisons
et qui pourtant poursuivrait son développement
Au centre – l’unique – que nos yeux voient multiple
en fonction des facettes. Une consécration géologique
pour une essence millénaire.
Le mystère intérieur
est inaccessible pour qui veut le saisir de l’extérieur
Il est vibration et persévère dans son mouvement
en ligne droite dans le viseur du temps – en apparence immobile
La chair est si vulnérable perdue dans la lenteur de l’espace !
L’horloge en nous est fuite et rythme pour nos pas comptés
en déraisons terrestres.
Ouverture du diaphragme. Un clic. Fermeture.
La lumière capte son sujet qui ne laisse que son ombre
car sa vitesse intime l’écarte de toute représentation
.
Carmen P.
illustration : Lisa Graa Jensen
Vertige et paradoxes du temps… mais comment saisir l’intemporel ? La vibration de l’être échappe à toute tentative de capture.
C’est tout à fait cela, Mâyâlilâ. La photo montre un « moi » et l’on ne peut s’y reconnaître, mais dans un jeu de cache-cache subtil, de fuite face à l’objectif, de construction qui fait cheminer le regard, on se retrouve face à soi-même sans pouvoir se voir. Une « amie » en regardant une photo d’elle et de sa soeur jumelle ne sait pas dire laquelle des deux enfants est elle-même, petite. Sa soeur n’est plus pour se voir, mais elle qui vit ne se voit pas non plus. Je trouve cela très intéressant. Ceci n’est que poésie et tourne toujours autour des photographies de la photographe qui m’interroge. (ce n’est qu’une période de réflexion poétique !)
Preuve que nous ne sommes pas ce que nous croyons être. L’image de soi est une vision déformée et fugace.
Oui. Je me demande si l’Art parvient-il à recomposer une vision de l’être ? Et celui qui observe une création perçoit-il la présence sensible de l’artiste ? Je sais bien que cela ne va pas changer les choses et que mon approche ne peut que survoler poétiquement le sujet, mais j’ai suivi mon intuition qui me poussait à écrire sur ce sujet. L’autre question maintenant est de savoir si ce genre de poésie peut « parler » au lecteur. (tu n’es pas obligée de me répondre Mâyâlilâ – car un poème isolé ne permet pas la réponse, on ne pourra s’en rendre compte que lorsque les poèmes seront rassemblés) Bonne journée à toi !
Il y a une image, elle nous renvoie ce que l’on veut bien voir et tout cela se fige dans le temps pour la photo , mais nous continuons notre route à notre pas.
Un bien beau moment passé avec toi.
Belle fin de soirée et bisous
EvaJoe
Merci, EvaJoe.
J’aimerais que ces mots aient une portée. Qu’ils parlent à chacun même si je suis partie de l’oeuvre photographique d’une jeune femme.
Amitiés, Eva !
Effet Kirlian pour ricochet dans l’Âme
On se demande toujours ce qu’autrui perçoit de nos mots ! Merci, Robert Henri !
Et c’est bien en cela que s’exprime l’alchimie poètique créatrice qui s’obtient différente pour chaque auteur(e)