elle, si légère
comme une feuille
détachée
comme une rivière
sortie de son lit
avec des gestes doux
à reconduire
conversation lente
de petits cailloux
des petits riens
en plain appel
tout va bien
malgré ce mal qu’elle ne parvient
à endormir
tout va bien
et l’air est une rivière
où dansent ses robes
fleuries
la vie
.
lui, dans le réel
égaré
il n’a pas appris
à relever
les petits cailloux
à faire le chemin
qui remonte le temps
il était bâtisseur
mais la profondeur
des fondations
et la hauteur des murs
ne résistent pas
aux assauts des jours
au-dessus desquels elle cherche étoile
.
Les petits cailloux comme les gestes
ne sont plus. Tout est figé, solidifié
et moi je la vois debout à côté
de ce corps qui ne répond plus
regardant venir les bateaux
de l’enfance chargés des
rires des ses sœurs.
Il demeure du bleu
le ciel le dit
il ne saurait
mentir
d’ailleurs
la lumière
attise des braises
pour quel enjeu ?
.
un point d’enfance
dans l’aride
vieillesse
.
en vérité
les ocelles bleus
d’une âme que l’océan
attire vers l’ultime
camouflage
.
et l’on voudrait que je sourie
alors que je retiens
au-dessus du vide
mes cris d’appels
mes yeux sont secs
pourtant je tangue
j’affirme que tout cela
est mirage -ralentissons !
.
la vie est éclaboussure
d’infini, un nectar
un temps, un venin
au final
.
Eve n’y est pour rien
et ma mère non plus
.
Carmen P.
illustration : Léon Spilliaert
Au final, qu’est-ce que la vie? Une éclaboussure, des ocelles bleues, des petits cailloux, et nous n’y sommes pour rien. Tu le dis à merveille, Carmen! Merci tant.
La vie nous offre plein de petites choses, jour après jour, de beaux instants, et nous lui retournons des clins d’oeil harmonieux, ou des sourcils froncés (le moins longtemps possible pour, vite, semer de nouvelles petites choses ou ramasser des miettes qui nous conviennent). Merci d’être passée, Genevieve.
Ah ! ça non, Eve n’y est pour rien… et elle, la mère, ne montre-t-elle pas la voie vers l’acceptation simple de ce qui est, sans chercher au-delà de ce qui est, sans imaginer des possibles inexistants ?
Acceptation, inévitable et si douloureuse, visite après visite. Démence et délabrement. Aucun possible. Une histoire de chair qui nous atteint. Le dire en poésie est autre chose, reste une communion d’âmes.
Difficiles moments que nous traversons tous à différents ages. Tes mots délicats nous montrent la fragilité de l’existence, la vie est là pourtant sous une autre forme, il nous faut faire face et accepter les bleus de l’âme… De la lumière vers toi Carmen. brigitte
Merci Plume d’Ange d’être passée. C’est ce rappel de bleu sur le tableau qui a fait naître les mots… avec cet autre bleu derrière, comme une vague.