Mirage bleu – ma mère

elle, si légère

comme une feuille

détachée

comme une rivière

sortie de son lit

avec des gestes doux

à reconduire

conversation lente

de petits cailloux

des petits riens

en plain appel

tout va bien

malgré ce mal qu’elle ne parvient

à endormir

tout va bien

et l’air est une rivière

où dansent ses robes

fleuries

la vie

.

lui, dans le réel

égaré

il n’a pas appris

à relever

les petits cailloux

à faire le chemin

qui remonte le temps

il était bâtisseur

mais la profondeur

des fondations

et la hauteur des murs

ne résistent pas

aux assauts des jours

au-dessus desquels elle cherche étoile

.

Les petits cailloux comme les gestes

ne sont plus. Tout est figé, solidifié

et moi je la vois debout à côté

de ce corps qui ne répond plus

regardant venir les bateaux

de l’enfance chargés des

rires des ses sœurs.

Il demeure du bleu

le ciel le dit

il ne saurait

mentir

d’ailleurs

la lumière

attise des braises

pour quel enjeu ?

.

un point d’enfance

dans l’aride

vieillesse

.

en vérité

les ocelles bleus

d’une âme que l’océan

attire vers l’ultime

camouflage

.

et l’on voudrait que je sourie

alors que je retiens

au-dessus du vide

mes cris d’appels

mes yeux sont secs

pourtant je tangue

j’affirme que tout cela

est mirage -ralentissons !

.

la vie est éclaboussure

d’infini, un nectar

un temps, un venin

au final

.

Eve n’y est pour rien

et ma mère non plus

.

Carmen P.

illustration : Léon Spilliaert

6 réflexions sur « Mirage bleu – ma mère »

  1. Au final, qu’est-ce que la vie? Une éclaboussure, des ocelles bleues, des petits cailloux, et nous n’y sommes pour rien. Tu le dis à merveille, Carmen! Merci tant.

    • La vie nous offre plein de petites choses, jour après jour, de beaux instants, et nous lui retournons des clins d’oeil harmonieux, ou des sourcils froncés (le moins longtemps possible pour, vite, semer de nouvelles petites choses ou ramasser des miettes qui nous conviennent). Merci d’être passée, Genevieve.

  2. Ah ! ça non, Eve n’y est pour rien… et elle, la mère, ne montre-t-elle pas la voie vers l’acceptation simple de ce qui est, sans chercher au-delà de ce qui est, sans imaginer des possibles inexistants ?

    • Acceptation, inévitable et si douloureuse, visite après visite. Démence et délabrement. Aucun possible. Une histoire de chair qui nous atteint. Le dire en poésie est autre chose, reste une communion d’âmes.

  3. Difficiles moments que nous traversons tous à différents ages. Tes mots délicats nous montrent la fragilité de l’existence, la vie est là pourtant sous une autre forme, il nous faut faire face et accepter les bleus de l’âme… De la lumière vers toi Carmen. brigitte

    • Merci Plume d’Ange d’être passée. C’est ce rappel de bleu sur le tableau qui a fait naître les mots… avec cet autre bleu derrière, comme une vague.

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