Ce n’est pas un dédoublement de personnalité, même si le phénomène peut paraître étrange à l’entendement ordinaire.
Tout se passe comme si il y avait quelqu’un en moi pour qui le prénom « Lucas » était familier.
Le simple fait de le prononcer revient à tirer sur un fil à bâtir et tous les souvenirs imaginaires
échappés d’un ouvrage dont la réalisation m’échappe viennent filer doux leurs soupirs.
Ce prénom, que je ne prononce jamais, vient mourir sur mes lèvres ; il esquisse, sur la langue du cœur, une présence faite de rêves non concrétisés.
Les rêves d’un ancêtre dont je ne serais pas l’unique héritière, mais envers qui j’aurais des devoirs en tant qu’exécuteur testamentaire.
Je dis « Lucas » et je pense peinture, une peinture comme une immense toile d’araignée dans laquelle je me prends les pieds, car la peur m’y enferre, alors que j’ai à l’esprit la conscience de pouvoir rebondir.
Ce prénom appelle une réponse. N’attend qu’un Oui. Lucas est un cri qui ne peut qu’être entendu.
Ce n’est pas le cri du nouveau né, celui qui annonce l’inspire et qui met en route le mécanisme de la vie,
c’est un cri plus mûr, plus rauque, un cri venu du profond du non-être. Un cri qui retourne notre propre terre,
à la recherche de ce qui ne peut plus souffrir l’enfouissement.
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Carmen P.
illustration : Plinio Nomellini
D’une grande beauté ce texte qui, au-delà du « Il est un air… » de Gérard de Nerval, ou du « Je fais souvent ce rêve… » de Paul Verlaine, nous emporte vers une réalité plus grande que le simple présent, vers des personnalités, des vies profondément ressenties en nous-mêmes et qui, telles d’autres terres se profilant à l’horizon de l’océan, nous interpellent comme de merveilleux souvenirs.
Oui, il est question d’horizon et de terres différentes et d’un appel vers une terre d’Art. Il est question aussi d’un écho entre deux vies, l’une a été perdue, peut-être pour que l’autre, puisse s’épanouir. L’épanouissement de l’une, rachetant la peine de l’autre…. bref, je ne sais comment je me sortirai, en tant qu’auteur, de cette histoire qui avance à coups d’impressions.
Tu ne sais, mais cela se fera comme le reste est venu…
Debout sur ma stèle, mon fantôme adresse un dernier adieu vers ma dépouille… juste avant qu’allégorique, il rejoindra demain l’âme d’un passé qui est le garant de mon prochain karma…
Bonjour Robert. Lucas est le personnage d’une de mes nouvelles (ou court roman) que je n’écris pas du tout régulièrement. Si j’ai un flash j’écris un bout de texte et après coup je me dis : « Mais cela colle à mon personnage ! » (ou à un personnage secondaire). Là, c’est un personnage qui sert en quelque sorte de messagère terrestre et qui va aider l’ado (un ado d’un autre continent) à trouver sa voie, à reprendre confiance en la vie, tout en réparant un tort qui avait conduit à la mort un de ses propre ancêtre. Je ne sais vraiment pas comment j’assemblerai ces morceaux épars et je ne sais même pas s’il est possible d’écrire de cette façon intuitive et dispersée dans le temps. En matière d’écriture de prose je ne suis pas sérieuse !
En tout cas c’est à la fois inspiré et inspirateur… (preuve en est par nos commentaires!) Ainsi tu auras probablement besoin de remettre ton tapuscrit « cent-fois-sur-le-métier » mais au moins, ce type d’écriture intuitive finira certainement par révéler son jeu pour partie… en même temps que s’élaborera un plan d’idée.
Sont-ce là les mémoires d’une autre vie ? L’inspiration puise à des sources énigmatiques, des histoires s’écrivent ou se ré-écrivent, des mots les sculptent, des tableaux apparaissent, des couleurs les éclairent… La vie reste un mystère ! Douce journée Carmen, à bientôt. brigitte
Quand je pense qu’une éditrice s’inquiète de l’avancée de cette écriture. Aucune autre inspiration n’est venue poursuivre cette histoire de Lucas. Si ce doit être un roman… il me faudra des années pour l’écrire ! Merci pour la lecture, Plumes d’Anges.
Et pourtant, à partir d’une introduction de cette qualité, on peut imaginer que le fil de l’aspe est en place. Reste plus qu’à… d’autant que phonétiquement « plus qu’à » et « Lucas » me semblent déjà proches par leur seule consonance… Cela entendu, je verrais assez bien notre « Lucas » utiliser le présent en tant que passage charnière pour aller de l’une à l’autre de ses vies antérieures et futures. quitte à user transmutation pour ce faire …
Sans doute, Robert-Henri, suffirait-il que je m’y mette ! La difficulté et que je tente de rester dans le présent car c’est là que se dénouent les fils qui pourraient entraver l’accomplissement futur. Je verrai cela à la rentrée si la poésie me laisse m’y plonger (en effet il y aura un personnage miroir dans le passé – j’aimerais avoir ton talent de narrateur !)
Pour ce qui est de narrer par écrit, je pense en effet être presque aussi à l’aise que toi… mais à l’oral, je suis d’une timidité telle que je fais de multiples blocages… c’est une catastrophe!
J’ai le même problème. Je n’étais conteuse (à l’aise) qu’avec mes petits élèves.
C’est un prénom en tous les cas qui vous a inspiré un très beau texte!
Merci Alezandro.
Il me faudra revenir à l’écriture de l’histoire de ce Lucas !
Merci, Alezandro !