À Brest, à Rotterdam, ou à Valparaiso
les cargos à la panse lourde abandonnent
leurs charges à l’étrave des remorqueurs
On pense alors aux œuvres vives autour
desquelles ont glissé les bancs de poissons
de toutes les mers du monde traversées
.
Les corps aussi, le soir venu, se délestent
des courbatures ou du trop plein d’absence
au long cours, parfois à la mer ils retournent
— elle a des bras longs comme des vagues
et dans son limon couleur d’algues coule
la vie comme une promesse de placenta
.
À quai, ronde des camions par temps
de flaques et de baraquements transis
les rails brillent sous la lumière
des réverbères. Autour, diamantent
les gouttes de pluie tandis que les marins
s’égarent sous la capuche de leurs cirés
.
Attirés telles des lucioles par l’enseigne
d’un troquet proche, ils iront effacer la mer
de leur mémoire et retrouver le zinc tangible
du comptoir sous leurs coudes las. Dehors
l’horizon s’est éclipsé. Un scooter pétarade
et les goélands s’arrachent un poisson mort
.
L’air de la nuit a des relents de mazout
il use sur les carènes sa patience de rouille
La mer — à perpétuité — élève
ses coquillages. Dans ce paysage, sous l’aval
d’un ciel macadam, échoue la peine humaine
sans que jamais le cormoran ne verse une larme
.
Carmen Pennarun
le 27 mars 2024
Magnifique
Voyages là/bas derrière l’horizon
Épices poivres
Les antipodes ….
Merci d’avoir lu cette humeur portuaire, Rémi.
Bonjour Carmen,
Quelle belle description de la vie nocturne dans un port. Dur métier que celui de ce monde là.
j’ai beaucoup aimé.
Merci également de ton commentaire chez moi.
Bien amicalement
Merci, Martine d’être venue me lire. Je viens trop peu souvent sur mon blog et sur celui de mes amis. Je n’oublie pas, cependant… une autre période viendra où je serai davantage présente !
Oh un style différent il me semble, la vie portuaire est très bien vue, les odeurs, les ambiances… Lumineuse semaine Carmen, à bientôt. brigitte
Oui, ce poème est un thème imposé pour une publication collective. J’ai essayé de traduire des sensations qui ne me sont pas coutumières. Belle semaine à toi aussi, Brigitte.