Sous nos pas

 

N’oublie pas que la terre chante

et que son chant passant

par tes pieds te transperce

.

Patience se contemple dans la source

(à moins que ce ne soit sa sœur, la vanité)

elle saisit son reflet qui jamais ne change

elle sait que malgré les apparences, les liens

qui nous embrouillent sur Terre sont déliés

par l’eau et le ciel, quelquefois par le feu.

Ce reflet est simple

jeu de lumière

sur les pierres

de son lit intime

– paillettes d’or

cueillies d’un regard

et déposées là

pour enluminer

son âme d’un ineffable

bonheur. Que la saison emportera

vers d’autres raisons.

.

Aimes-toi tel(le) que tu hais.

.

Tout est là

Ne laisse pas ton esprit guider la marche.

Vide-le comme une citrouille, alors

la lumière le remplira. Tu es ce puits

par lequel s’anime l’esprit au contact

de l’énergie de la Terre. Entre deux voix

la litanie terrestre et la symphonie céleste

tu chantes ta romance : le blues humain

.

Respire l’instant marché et que ton babille

s’effruite !

.

Sous tes pieds se déroule

un invisible espace

sur son ruban tu t’écris

les pieds frappent des lettres

où le bleu du ciel encapsule

une empreinte que le carbone

datera

.

Juste au-dessus de l’empreinte

s’élève une mémoire

elle prend forme vive

elle ravit au temps

sa propre apparence

car rien ne glisse

tout s’édifie

.

un peu de terre prélevée

ici, sur la piste de l’éternité

deviendra le corps

d’un nouveau désir

 

.

Carmen Pennarun

 

 

6 réflexions sur « Sous nos pas »

  1. On sent la ciselure du texte, le travail d’orfèvre qui l’a préparé… Oui, la patience, mais pourquoi la vanité ? La vanité est une usurpatrice qui se trompe de source, elle est aisée à repérer.

    • Parfois, par une mauvaise tournure de l’esprit on prend pour vanité l’innocence même. Alors j’excuse la vanité, je ne la condamne pas. J’étais surprise par le titre que Segantini avait donné à un de ses tableaux, « La vanité ». Un serpent est représenté à côté d’une jeune fille nue qui se regarde dans l’eau d’une source. Laissons le serpent, accordons le droit d’être à la naïveté de l’instant. Bonne soirée, Mayalila. Je reviens vers mon blog auquel je n’avais plus accès.

  2. Bonjour Carmen,

    L’élégance de tes mots affleure au réel, à l’écoulement du Temps… Une trace, un sourire, un soupir … un zeste de bleu…. Un éclat de lumière… j’entends le chant de la Terre

    • Merci, Martine. Le poème est chemin qui vers l’autre nous conduit. Il n’existe que s’il est parcouru, dans un sens, puis dans l’autre. Merci pour ton passage. Amitiés.

  3. Carmen, les mots que la vie t’inspire sont toujours magnifiques mais là tu franchis il me semble encore un nouvel « étage ». Une lumière supplémentaire fait briller encore plus intensément le fil d’or de l’existence, c’est si beau d’avancer et de s’élever, je n’ai qu’un mot face aux tiens : MERCI ! Belle vie à toi, belles créations présentes et à venir. brigitte

    • Merci pour ta lecture, Brigitte… Je ne sais pas où je vais avec la poésie, mais je n’écris que si j’ai l’impression de toucher quelque chose de nouveau (même si d’autres l’ont déjà touché avec leur propre sensibilité). Mon rêve, qu’elle aille de paire avec la Joie. Il y a encore du travail ! 🙂 Amicales pensées. Carmen

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