Je suis tombée sur une vieille photo et une amie m’a fait remarquer la ressemblance avec Colette. Alors je vous mets les deux photos ainsi que deux textes :
– un texte de Colette, extrait du livre « Nudité » des éditions Lanore, où l’auteur(e) qui a bien connu le monde du Music-hall fait part de ses observations sur la nudité féminine
– un poème que je viens d’écrire et qui aborde le même sujet d’après mon expérience, la pratique du dessin d’après modèle vivant
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On entendait des rires, quelques-uns trop gros… Mais dès que Bouboule, d’un tour d’épaules, avait laissé glisser jusqu’à sa taille son kimono, personne ne riait plus. Car les sommets extrêmes d’une perfection n’inspirent que la gravité. Devant les deux demi-pommes sans défaut, égales, harmonieusement distantes, soulevées par un souffle paisible, couronnées d’une lueur à peine rose, il n’y avait plus dans la loge que des contemplateurs muets et rêveurs.
Colette
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L’innocence est au modèle.
La pudeur est à la jardiniste des corps.
La distance perd toute mesure
entre les formes dévoilées
et le regard qui s’en saisit.
Les courbes se mirent en traits
sans que l’œil jamais ne quitte son modèle.
L’âme se coule dans les vides
et l’arrondi du bras, suspendu
dans la pose – digne et nue –
s’exprime – trace de pierre noire –
rêvant appeau sur le papier vierge.
L’esquisse éprouve la fidélité
à chaque coup de crayon.
Créatrice, elle trace sa route sur une feuille
en suivant des formes qui lui sont étrangères
elle consacre sa plume à l’intimité de l’autre.
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Carmen P.