Maman, papa…

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Maman, papa…

 

Sur la route de l’existence, nos pas prolongent ceux de nos parents. Si proches de nous, leurs empreintes restent visibles jusqu’au moment où le temps nous  les subtilise. . De ces marques en creux nous échappent le poids de leur présence à ce monde, l’amplitude de leurs mouvements, la teneur de leurs pensées. Heureux sommes-nous, pourtant, d’avoir pu grandir sous leur protection, d’avoir saisi leur personnalité, celle qui nous a impressionnés et que nous avons dépassée pour ne plus porter d’eux que la part  de mystère… Cette part qui nous échappe, nous en ressentons la douleur, elle n’a pas besoin de scalpel, ni de psychanalyse pour être évacuée, elle nécessite simplement d’être reconnue sur le trajet de la filiation.

 

Déchiffrer ce qui n’a pas été dit, par pudeur, ce qui a marqué une vie, est une œuvre d’envergure. Cela ne laisse que peu de répit, d’autant plus que l’œuvre est à reprendre au fur et à mesure que la connaissance du cœur éclaire un peu plus notre compréhension de l’humain, et cette compréhension dépasse et englobe le seul être qui nous importe.

 

L’auteur offre ses mots à son père comme le peintre recherche la couleur des sensations, il y travaille jusqu’à ce qu’il puisse considérer, à l’extérieur de lui, l’expression de cette personnalité chère qu’il porte en lui.

Cette vie transmise par nos parents, nous pouvons davantage la  décoder par le père pour le fils, par la mère pour la fille. Souvent nous attendons longtemps le jour où ce parent pourra nous parler, mais ce jour arrive rarement — la maladie le précède.

Reste à faire, non pas un deuil, mais un travail de remise à jour. La compréhension passe par le chemin des mots  qui explore la vie de ce parent  jusqu’à son  repli dans la maladie. À ce stade, il est urgent de trouver et de prononcer (mais ce n’est pas toujours nécessaire)  le verbe qui délivre, car se profile le bout de la vie… et les empreintes, bientôt, s’effaceront à notre perception.

 

(C’est ainsi que j’ai lu le billet de Juan Asensio… mes mots n’engagent que moi. Je mets un lien vers son magnifique texte qui éveillera peut-être chez d’autres lecteurs des émotions aux nuances différentes)

 

Carmen P. (Erin)

http://www.juanasensio.com/archive/2014/01/04/papa-papa.html