Est-ce le bonheur ?

 

Est-ce le bonheur

d’avancer sans allégresse

d’oublier le timbre de sa propre voix

de ne plus entendre de chant, là, à l’intérieur

de manquer des marches au rythme de sa foi ?

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Est-ce le bonheur

de frissonner d’émotion à tout instant

de ressentir – à fleur de peau – la peine et la joie

sans parvenir à lier ces émotions aux cycles de la vie ?

Notre esprit semble devenir un champ de négation

alors que seule l’abnégation allègerait ses tourments

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Est-ce le bonheur

de paraître immobile alors qu’un torrent

force le barrage de ma réserve – un corps (é) ruptible

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Est-ce le bonheur

d’entretenir ses mots par une culture inadaptée ?

La parole n’est pas une plante destinée à vivre en serre

son règne croît avec le vent et frôle tout ce qui tremble

elle participe à l’ambiguïté d’Etre. Sa reconnaissance caresse

l’éclat de la fleur qui s’ouvre et sème pollen puis progresse

jusqu’à la patience du papillon déployant ses ailes

hors du silence de la chrysalide

dans le vivant instant

fol en risques

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La parole comme l’âme est de tout lieu

elle accompagne l’angoisse de la métamorphose

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et le corps tressaille face au choix de la soumission

 

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Carmen P.

 

 

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