Impression expo Giacometti

en pensant à Paul Eluard

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Une esquisse, un trait de crayon, une touche de couleur, une phrase courte, un simple mot suffisent à faire passer l’intensité d’une présence. Ils  questionnent en silence l’autre, attendant un signe  en échange du cadeau de la trace.  Parfois le signe ne vient pas. Ne peut pas venir. Le geste est-il moins important pour autant ? Il n’est pas vain de poser un acte, aussi petit soit-il, si à l’instant où nous le réalisons nous y mettons toute notre attention.

Je pense à l’enfant dessinant pour sa mère… même si le dessin est imparfait, même si le trait est hésitant, la mère le reçoit comme une merveille. L’imperfection d’une œuvre spontanée ajoute à son charme. La fragilité exprimée nous touche. La trace pourrait même être invisible, son message serait toujours là. Parfois je perçois ces traces qui toutes semblent dire : « Tu vois combien je t’aime ! » Combien de messages franchement visibles, discrets, ou presque invisibles, laissons-nous passer sans parvenir à « lire » la charge d’amour qu’ils contiennent.
Est-ce éprouvant de se laisser atteindre ?

Quand je visite une exposition je me laisse happer. Je n’ai pas besoin de film, je ressens la création à l’œuvre, je pénètre dans la peinture, dans la sculpture qui me renvoient le visage de l’artiste avec ses attentes, sa recherche, sa vulnérabilité… je tombe d’une certaine façon dans une autre dimension, je laisse mon être, je m’oublie et alors se dévoile le sensible d’une quête qui fut un temps et se poursuit hors du temps pour m’atteindre maintenant.

Je pourrais écrire longuement sur ce sujet, mais je veux revenir à ce qui m’a conduit à vous en parler. Parmi les œuvres exposées à Landerneau, il y avait une série de croquis d’ Alberto Giacometti, des bouquets de fleurs de petit format, vivement crayonnés sur papier, ces croquis ont été réalisés le 22 novembre 1952, quatre jours après la mort de P. Eluard, son ami. Sur chaque croquis l’artiste a écrit la date et ces mots : « En pensant à Paul Eluard. » Et cela suffit !

 

Carmen P. (Erin)