Installation éphémère

imm009_27--3-.jpg

 

 

 

Installation éphémère

 

 

 

Ils avaient construit un bateau de sable…

 

 

Ils avaient essayé d’occuper le temps en attendant la marée. La mer n’allait pas tarder à envahir leur plage et quand les flots
arriveraient ils n’auraient pas les pieds dans l’eau, ils ne seraient pas obligés de nager…ils rameraient…à deux, ce serait facile.

 

 

Les vagues ils les attendaient avec impatience, de sable ferme, bien tassé autour d’eux ; ils étaient prêts.

 

 

Au loin la mer semblait plus impétueuse que jamais, la nécessité de voguer plus impérieuse aussi… Les deux navigateurs s’emparèrent
alors de leur bateau ; ils partirent à l’assaut de l’océan.

 

 

Deux baigneurs dans une même bouée !

 

 

C’est alors que la construction leur glissa des mains ; une multitude de grains en un lent écoulement le long de leurs doigts
resserrés rejoignit l’étendue sablonneuse…inexorablement.

 

 

Voilà les marins debout, consternés au milieu d’un tas de sable, regardant à leurs pieds leur rêve anéanti qu’ils n’osaient
piétiner.

 

 

Ils tournèrent le dos à la mer et vers la terre et ses gratte-ciels emportèrent leurs illusions ; à deux ça pourrait être facile
!

 

La plage des Sables d’Or

imm008_27A.jpg
 
 La plage des Sables-d’Or
    .
Sables-d’Or-les-Pins est une magnifique plage des Côtes d’Armor, située entre Plurien et Fréhel..
Selon la légende la couleur de son sable serait due à un trésor englouti par les flots ; le ressac ayant rongé les pièces en fines particules.
 
Voici les impressions que j’ai recueillies sur cette plage en deux périodes différentes de l’année (hors saison touristique) :
 
Soir de novembre aux Sables-d’Or
.
Glacial le vent giflant sur la plage d’o r
et le sable grinçait sous l’ivoire des dents
Souffle coupé et chardons bleus
au fond des gorges ouvertes
 
La lune allumait les vagues déferlantes 
– une ligne de démarcation frétillante –
entre la mollesse de la grève et la mer létale
Dans la turbulence la feinte de l’air -dure –
 
L’homme plus fragile qu’un oyat de la dune
en terre noire ne peut aligner ses pas
ni choisir la voie qui résiste au vent
Il marche dos offert à la pression de la bise
 
On entendait la plainte des amants naufragés
Vent et chant funèbre hurlaient leur tristesse
 
 
*
 
 
Matin de mai aux Sables-d’Or
 
 
Le bleu joue, harmonique, avec la mer et l’azur ;
écume sur ciel limpide, transparence en glacis.
Un lent clapotis éveille la poudre d’or du sable
que le soleil cajole de ses tendresses matinales.
 
 
Ligne d’horizon floue ; 
l’eau de la mer fuse dans le ciel aquarelle.
Au-dessus,
une farandole de nuages en un joyeux désordre
se penche.
 
 
Nuage menu, nuage cossu.
Nuage cossu, nuage menu.
 
 
Leur blancheur se pose et flotte sur l’océan
puis doucement dans l’onde se déroule,
au rythme des  vagues.
 
 
Lumière et eau animent le paysage.
 
 
Le son vient de la terre ; 
sur la place ronde de la rose des vents,
des brocanteurs déballent leurs trésors d’antan.
 
 
Ainsi se dévoile  la vie,
de vagues en objets réanimés ; 
éclatement
du souffle glaneur de beauté
dans la profondeur marine
qu’un nuage au passage
 
enlace.

*

 
 
Qu’on danse les jours !
 
 
La vapeur fière d’aujourd’hui
s’évapore dans l’air – la pluie.
 
 
Il y a de l’hier dans cette pluie.
 
 
L’air chante en eau ourdie.
L’eau danse un air étourdi.
 
 
Larmes suspendues au bord du fil.
Bulles coincées entre les cils.
Roulez !
 
 
Tu as lié l’air et l’eau pour moi,
en moi, autour de moi.
J’ai pas l’air aujourd’hui,
mais je suis triste.
Me prends l’envie de libérer
les vapeurs espiègles.
 
 
Ce jour l’a dit :
il y a des lames de rires
sur les montagnes de la vie.


 
 

 

Le Petit Prince

397493P6160009.jpg

 

 

Le Petit
Prince

   

 

Les hommesle vent les promène. Ils
manquent de racines.

Voilà pourquoi le désert enfanta d’un prince

Il apparut  dans un décor de dunes

aux yeux d’un poète

voué à la solitude

par accident

 

 

Le soleil…..le sable et le vent

n’en finissent plus de caresser les traces

de ses pas

et au Printemps des servitudes épuisés

frémissent les saisons lentes à l’éveil

 

 

Etonné

le terrien sentit des millions de grelots

sonner crescendo au fourreau de son cœur

absorbé

et toutes les fontaines invisibles

de la septième planète se mirent à chanter

 

 

Les oies sauvages guidèrent la silhouette

légère jusqu’à ce que l’enfant-météore

choisisse de suivre une trajectoire

au destin aléatoire

De boucles en spirales

de mondes surréalistes en oasis

des plus exotiques…..il fouilla

questionna l’univers ami

Ce n’est pas l’amitié pourtant merveilleuse

qu’il connut qui étancha sa soif

 

 

L’amour le plus doux déjà en lui bourgeonnait

 

 

L’amipour
lui
il fut arbre diffusant

l’ombrage de sa lumière

et l’art de croitre

de se libérer d’une écorce qui trop 
enserre

 

 

L’amour…..avait
l’attrait d’une rose

et l’impatience du peu

– un parfum fleuri en son esprit –

traça une couleur jusqu’au ruisseau aimant

 

 

Sur le sable quelques aquarelles blanches de soleil

peignent des mirages….. l’âme des poètes s’ouvre

au prodige de la nuit

………………………..…fuse le rire d’une
étoile

 

 

L’enfant au corps de jade s’est laissé couler sans
bruit sur la page blonde

tandis qu’à grands cris se déployaient ses
ailes

Tout mensongemême faux est œuvre de l’esprit

tel un ruban d’or il rampe dans le
désert

 

 

Carmen P. le 27 juillet 2011

Dessin original de Sophie V.

 

 

 

Tanabata

IMG 0005 (2)   

 Tanabata
 
 
Entend le bruit de l’ouverture du jour
À l’Est serpente la lumière
Un soleil de Terre flatte le ventre
des branches accroupies
L’ombre étend son velours
sur les épaules nues
des ramures engourdies
 
Vague à l’âme sur le bassin de Rennes
Vague aveugle sur la ville jumelle
Blanche plainte du sol
Et la chair reste sourde
 
Ecartèlement de l’écorce terrestre
Chute aveugle de la vague
Tombent les hommes
Et vogue la ville dans le matin décomposé
 
L’arbre ivre de fleurs ne chantera plus la montée de la sève
Le septième jour du septième mois lunaire 
à Sendaï
les étoiles n’auront plus leur Fête
 
Des quatre coins du monde
S’élèveront les vœux d’espoir et de fortune
C’est prière que j’envoie vers le futur
quand le silence devient cri où se ranime l’oubli
 

 Carmen P.
IMG 0005 (2)
 

Le mont Fuji

 

 

J’ai admiré le mont Fuji
dans la mémoire de mes descendants
toi
tu voyages au Pays du soleil levant

J’ai parlé l’anglais
telle une langue maternelle
toi

ta patrie est devenue l’Amérique

J’ai cuisiné les mots
et éduqué des enfants
toi
tu es l’artiste des mets
et tu dresses les plats

Oh mes garçons, mes amours !

J’ai vu vos aimées
et je les ai reconnues
Je fais des rêves de papier
qui se consument en s’animant

Ombrelles et confettis
Danse du Dragon
et Galop de Cheval

La terre est un manège
où tous les soleils du monde
parfumeront la peau
de mes petits enfants
où toutes les langues
vibreront par leurs voix
et la vie chantera
dans mon corps au centre
et votre sœur absente
avec nous se réjouira.

 
.Carmen P.
 
IMG_0005--2-.jpg

Printemps

Pour ne pas rester sur un sombre ambiance. Retour sur le Printemps !

IMG_0004--2-.jpg

 

Printemps

 

 

Parlez poète, vous réveillerez l’écho.

Ouvrez fenêtres, avril cette année est si beau.

Les fées blanches d’orties tapissent les fossés

La cardamine enliesse les prés.

Le pourpre, le jaune, l’indigo

poudrent nature de tons enchanteurs

Le nuageux prunelier anime avec l’or des ajoncs

le bal du Printemps où danse le papillon citron

La cressonnette, la tendre violette, les pâquerettes

et les fraises des bois s’empressent de fleurir

tant que bourgeonne-blanc la capiteuse aubépine

C’est fête sur Terre, du sol au chant des feuillus

et plus haut vers le ciel filent des houppiers d’écume

dans la profondeur de l’air

amoureusement…….bleu

que d’un  regard j’absorbe

Carmen P.

La tombe de la fille

 

La tombe de la fille

 

Les forêts, parfois, ouvrent des sentiers qui conduisent à des tombes,

et les jardins des suppliciés deviennent lieux de pèlerinages.

 

Lénard, bandit des grands chemins pourtant converti,

périt violemment tué par le charretier qu’il voulut aider.

Marie, torturée par les chouans, reçoit fleurs et messages,

autour de sa tombe flottent des tissus de prières.

 

Mystère de la souffrance ; déchirure sublime entre deux mondes…

 

Là où la douleur terrestre rejoint les vibrations célestes,

l’infortuné dépose ses offrandes, et l’impensable explose dans le réel.

Homme aux abois, si vulnérable, tu t’abandonnes  à cœur perdu….

La  nécessité d’avancer sur les chemins durcis sous les pas des anciens,

en écoutant le rire du vent vert  qui brouille les nuageuses futaies,

te guide jusqu’à la fontaine des yeux du silence, où tu t’abreuves,

immergeant ton âme dans les noirs desseins d’un avenir incertain.

Vide, tu accroches tes doutes aux bras stratifiés de l’oubli,

tu graves tes dolentes suppliques dans le creuset des douleurs,

et tu déposes tes larmes sur  « la tombe de la fille ».

 

Dans ce temple de verdure à ciel ouvert, une prière païenne…

 

La lune, visage d’opale dans la nuit obsidienne, bouleverse les destins ;

elle signe  alors avec les croix des chemins un acte d’allégeance.

 

 

Carmen P.

(la photo est de Steven L.) 

Tombe de la fille

La dame de la falaise

 

La dame de la falaise

 

 

Droite sur son rocher elle sonde l’obscurité

 

En langues voilières flotte sa chevelure.

 

Présence vigilante elle a vu l’équipage

 

sombrer dans la folie,

 

abandonnant navire, les âmes tournoyer

 

par-dessus la fureur des vagues – du sang noir –

 

 

Les masses sombres des nuages d’onyx

 

habillent son corps de vaporeuse noirceur

 

Sa présence fumivore dans ce décor

 

ouvre une brèche de lumière

 

Sur la mer apaisée danse le navire

 

où reposent les corps

 

 

Son regard clos crève les flots

 

Vague sur vague elle remonte le courant

 

À rebours de la nuit, de ses souffrances,

 

de la panique, elle  redessine les rides

 

sur les visages livides – à l’encre du varech –

 

et, du pinceau de ses cils elle laboure les fronts

 

Sous sa caresse salée frémit l’ombre d’un frisson

 

 

Elle souffle une bulle où s’engouffre la rage

 

des éléments

 

Son corps est passage,  là meurent les soupirs

 

et l’avenir se crée à l’aube de son sourire

 

 

Carmen P.

 

0120-1.gif

Encorbellements

04 05 NOEL 037

 

 

 

Encorbellements 

 

 

Encorbellement 1

 

Une pluie d’ombre légère

effleure de gris mes pas

La pendule en secondes

familières

m’aiguille et je passe

muraille

 

Les chemins à l’envers

convergent

ils plongent mes rêves

dans un puits fauve

où se noie l’un fini

 

Je puise goutte à goutte

l’eau claire d’autres fois

bleue sous la tonnelle

de la coquille solaire

 

Chaque temps vide

son sens

sur l’enclume des jours

Le marteau se lève

métronome impeccable

– il brise les habitudes –

 

Dans le sillage du cri

le verbe plie ses cailloux

– pépites ouvertes

sur les lambeaux du vent –

 

Derrière les crêtes roses

le souffle aspire la brume

et sculpte des sourires

sur les buissons ardents

de la vie en corpsbelle

 

 

 

*

 

Encorbellement 2 

 

les regards d’azur aux balcons suspendus

piègent l’ombre que l’horizon accroche

aux lignes de fuite du triangle de la rue

Les écailles en relief sur les façades nues

tendent les bras d’une étoile virtuelle

où filent les souvenirs des âmes vagabondes

qui scrutent les signes d’une vie encore belle 

 

 

Encorbellement 3

 

les balcons sur le ciel ouverts

ne sont que coquilles vides

……………….…………….d’espérance

ces bénitiers qu’emplit l’azur

échafaudent la vie

…………………..en lieu sûr

et contemplent le théâtre

du malheur consacré

aux mains……………..des plus avides

 

vide

 

sous les corbeaux

où filipendulent mes avances

…………………………………….lentes

 

sauter

………………….ou

………………………………………..attendre ?

 

 

couchée sous le plancher d’éden

……….une conque pour tipi

…………….s’encorbelle

……………….l’en vie

 

*

 

La voix des roseaux

 

Les roseaux musiciens rêvent près du rivage

de fines feuilles – papier froissé – glissent sur l’eau

L’onde lave les mots – s’imprègne de leur chant –

Tout est sans voix – réunifié dans le silence –

 

Les rameaux en miroir pêchent les secrets

Au son des  flûtiaux ils atteignent l’ombre

des chênes célestes où pierre sur pierre

les nuages posent  corbeilles de berceaux

 

 

Carmen Pennarun

 

 

Les faiseurs de rêves

 

IMG_3762.JPG

 

 

 

 

Les faiseurs de pluie

 

Elle voudrait dire des mots d’amour

dont elle s’éloigne

 

Il aimerait rire au petit jour

mais il s’attriste….. ses rêves

déraillent….car il s’en nuit

 

Ils voudraient sentir les gouttes de pluie

sur la cambrure de leurs reins nus

en lentes coulures.froides….les saisir

 

Ils aimeraient….. hors des murs

sur les jupes du vent

peindre leur fantaisie et se nourrir

des riens effilochés du souffle réinventé

 

Leur maison est un voyage qu’ils construisent pas à page au cœur d’une vie

trop sage

 

Le corps ne suit pas – lourd il reste à la
traîne de l’esprit

On le devine comme une ombre alourdir la marche – silencieuse

 

 

La nature s’emmêle dans une course vertigineuse

elle  précipite  l’être vers le repaire de l’âme

face à face….. elle et lui

le désir découvre son portrait

 

Sain et sauf

tout près du cratère de l’oubli

ils célèbrent  l’éphémère allégresse

 

Avril s’étend devant l’âtre qu’automne allume

l’aurore s’abreuve du nectar de la nuit

au ruissellement pur de l’air de la lune 

 

Carmen Pennarun le 13 juillet 2011

Eve des Alpes

 

 

http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcSblr7b18rtJQev1qdvsIrHi2_7bmpjNEJ5i2PebrosFIH24nLb

 

La vanité, 1897, huile sur toile de Giovanni Segantini 

 

Eve des Alpes

 

L’éclat de la couleur

en touches cristallines

dans le miroir de l’œil

recrée le paysage

d’Engadine

 

Illusion d’une technique

que le maître domine

du haut de sa solitude

fière qui lui prendra la vie

 

Tout vibre dans ces montagnes

où la nature s’incline

devant la jeune fille

qu’elle a créée – Eve

participe de cette beauté –

 

Elle dépose sa tunique blanche

et du murmure de la source s’approche

Pieds libres sur la roche elle contemple

une masse fauve qui serpente

 

Est-ce sa chevelure qu’un souffle agite

ou une ligne mouvante et mystérieuse

venue troubler le miroir de l’onde ?

 

Elle soulève ses mèches et ne voit que son visage dans l’eau vive.

 

Serait-ce elle si blanche et svelte ?

Seuleune plante croît qui s’ignorait

L’énergie-sève monte de ses racines

Jusqu’à la coupole de ses blondes lianes

Par quelle bouche d’ombre surgit cet hydre

persifleur d’illusoires angoisses ?

 

La vérité ne peut trahir l’étoile d’un visage

Que l’eau en sa surface a révélée

Dans cet Eden des hauteurs

où fleurissent entre les pierres

des rhododendrons sauvages

Rêve découvre son corps

 

Fleur-miroir de la nature vierge

Audace de pureté nue sur la toile

Dans la rudesse d’une vallée sauvage

l’artiste s’abandonne au rythme lumineux

de sa passion créatrice – La Vanité naît –

 

 

Carmen
P. le 7 juillet 2011