Femme caméléon,
elle essaie de soustraire son art aux lois de la physique.
Insoumise,
elle disparaît en elle-même quand elle ne s’éclipse pas du cliché d’un pas chassé.
Elle passe par ici. Elle repasse par là.
Jamais la même mais toujours présente, aucun regard ne parvient
à l’identifier vraiment.
Illusionniste,
elle crée des papillons qu’elle épingle aussitôt
comme autant d’âmes sororales qui s’échappent par des marges – inexistantes.
Cherchez-la, vous ne la trouverez pas !
Elle est toujours ailleurs car elle ne sait pas où vous fixer.
L’espace est une scène où les acteurs n’ont aucune marque.
De leurs textes ils ne brandissent que des graphies grignotées.
De leur présence on ne saisit que l’énigme.
La pensée, tel un tsunami, a balayé les planches avant qu’on ne soit installé.
La dispersion brouille toute lisibilité, mais c’est de ce trouble
que surgit l’évidence quand la patience s’en mêle.
La conscience au sein de chaque cellule, elle vit une existence cosmique
qu’elle tente de retracer en certains lieux délabrés
où le temps s’est abîmé.
Elle s’imagine entière mais elle se pulvérise à chaque tentative,
elle se dissémine en une multitude d’objets et demeure disloquée.
La profondeur du cliché naît de cet effet « poupées russes », où le message
ne se découvre qu’avec application, pour peu qu’on sache « déboîter » son regard.
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Carmen P.
Photographie : Francesca Woodman
Un texte profond et éminemment poétique… sans que je puisse l’appeler « poème » à cause de son aspect « recherche de définition ». Une belle esquisse pleine de mystère qui cerne à merveille la femme, et notamment la femme que tu es. Ou plutôt, cherche à l’évoquer, car il faudra pour comprendre comme tu le dis associer par le regard les différentes pièces du « puzzle »…
C’est de la prose poétique. Je n’ai pas pensé à moi en écrivant ce texte mais à Francesca Woodman. Toujours cette volonté de cerner qui elle était… mais il est vrai que ce portrait pourrait correspondre à celui de la plupart des jeunes filles;