Rose Garden

5963479107_f5ed5fd1e5.jpg

 

Rose Garden

 

 

 

Un jardin enclos au cœur flou de la ville
– écrin baigné de roses où le soleil s’incline –
épris de caresses un ange décline
comme vaguelettes ses plumes en élytres.

 

Le vitrail des couleurs pétale sa lumière
dans le bastion végétal où rien ne dérange
le calme solennel de l’instant naturel ;
un trouble se dépose au flanc de mes rêves.

Reflets

IMG_2724.JPG

 

 

Reflets

 

saillie des branches

dans la fente d’eau

les fronts bas percent l’onde

– noyade d’un regard

sur un ciel tombé –

 

dans l’ombre où ils se démêlent

les arbres trompent les éléments

 

ils tendent vers l’eau

la terre…. ..et le ciel

en une souveraine exploration

 

femme je cherche…. en aveugle

mon essence végétale

 

 

 

.

Recueil : L’oiseau ivre de vent

IMG_2675.JPG

 

 

 L’oiseau ivre de vent

 

 

Ils sont arrivés aujourd’hui. Quatre paquets emplis de mes trésors… et je suis fière d’eux !

 

Un lien où vous pourrez voir la photo en plus grand :

 

http://cercle.4rumer.com/t3002-l-oiseau-ivre-de-vent-le-recueil-de-garance

 

Un autre lien où vous pourrez voir trois croquis :

 

http://www.le-crayon-du-parolier.com/t5869-l-oiseau-ivre-de-vent#45971

 

Mon adresse e-mail : carmen.pennarun@wanadoo.fr

Marion et la fée du puits (suite 1)

images.jpg 

 

Marion et la fée du puits

 

 

Marion était bouleversée, désorientée ! Tout d’abord pétrifiée par cette avalanche inattendue de mots
incompréhensibles qui éveillèrent en elle des visions anachroniques, elle s’imagina perdre la vie. Puis, le choc s’atténuant, la frayeur la saisit, elle prit les jambes à son cou et s’enfuit en
courant
insensible aux ronces et aux ajoncs vêtus d’or qui lui griffaient méchamment les mollets.
Pour la première fois, elle passa devant les demoiselles de Cojoux sans y prêter attention et pourtant …. combien elle aimait se faire raconter ou se remémorer ce qui n’était qu’une légende,
fabuleuse certes, mais si délicieusement inquiétante, quand même !  Saint Just regorgeait de ces sortilèges et maléfices parsemés sur la lande
incrustée de schistes mauves et bleu, de grès et de poudingues de Montfort. Jugez plutôt, un dimanche après midi, Le Tout Puissant s’était fâché rouge, en une seconde, le ciel s’était obscurci et
avait fait place à un cul de chaudron strié d’éclairs et de coups de tonnerre monstrueux. Il y avait un moment qu’il réprouvait l’attitude de trois filles du Vieux Bourg qui chaque dimanche
préféraient aller danser à Saint Just plutôt qu’aller à vêpres. Cela suffisait, on ne pouvait défier son autorité plus longtemps. La colère divine les transforma en trois blocs de pierre fichés
là, dans la lande sur ce magnifique tapis de bruyères, dans des positions où l’équilibre semblait fort instable ! On appela ces mégalithes les demoiselles de Cojoux.

Marion n’était pas des plus obéissantes, elle avait le caractère bien trempé. Et voilà que l’incompréhensible surgissait
! Etait-ce son tour de subir un châtiment suprême ? Arrivée toute essoufflée dans la maison, elle se jeta à genoux sous le crucifix accroché près du lit-clos de ses parents. Après un rapide signe
de croix, elle marmonna les prières rituelles avant d’implorer le « tout puissant ».

« Que se passe-t-il ? Que fait maman dans le puits et pourquoi veut-elle que j’aille dire à la fille de la fille …… le pain dans
le four ? Maman ……Maman !… »

Kador s’approcha doucement de l’enfant, il avait sans doute compris la douleur et le désarroi de sa maîtresse. Il geignait lui aussi,
lui léchant le visage comme s’il voulait absorber la tempête de larmes qui venait d’éclater. Marion avait perdu pieds. Incapable de réfléchir.  Incapable de se souvenir du message entendu.
Insensible aux attentions de son fidèle compagnon. Elle n’était qu’une petite fille submergée par l’angoisse et ses pleurs incoercibles, seuls les bras de sa maman pourraient les calmer.

 

Le chien impuissant à calmer Marion se mit à hurler à la mort, il avait conscience de la gravité de ce qui se passait.
Ces chants de détresses, pleurs et hurlements mêlés, attirèrent une voisine qui s’en revenait du moulin de l’étang du Val par le sentier.

 

« Mais que se passe-t-il dans cette maison ! », dit la brave femme en posant sa panière.

 

Elle releva le menton de l’enfant et vit son visage inondé de larmes, elle  lut ainsi
dans ses yeux une panique qui sortait de l’ordinaire.

 

« Maman est dans le puits… elle veut qu’on lui porte du pain… », réussit à articuler Marion.

 

La paysanne comprit aussitôt ; elle avait tant de fois, lors des veillées, entendu cette histoire contée par la voix du barde, et
puis, ne disait-on pas qu’elle-même tenait ses pouvoirs de « guérisseuse » du petit peuple ? Elle connaissait bien des mystères.

 

« T’en fais pas ma toute petite, ta maman n’est pas au fond du puits, je l’ai vue partir aux champs ce matin avec les hommes. Ils
vont bientôt rentrer, et toi, ne te languis point.

Viens donc chez moi en attendant ! »

 

La femme prit l’enfant dans ses bras, car la pauvrette avait les jambes trop faibles pour tenir debout. Elle n’était pas bien lourde
la gamine, pour sûr ses parents ne lui donnaient pas assez à manger ! Il lui serait facile de la porter jusqu’à sa chaumière, de l’autre côté de la cour.

Elle se garda bien, d’inquiéter l’enfant en lui disant que c’était une Fée qu’elle avait entendu, et que celle-ci
sortait toujours dans le but de ravir une enfant. Oh, la dame du puits n’avait pas de méchante intention, car la vie qu’elle préparait à l’enfant lui 
épargnerait  bien des épreuves
la fée les avait devinées
dans le futur de l’enfant.  

 

Ah mais, cela n’était pas dans l’ordre des choses ! La Jeanne était là, et serait vigilante, elle saurait satisfaire les esprits
de la nature et renvoyer dans le monde des légendes ces créatures !

Il se préparait sûrement de grands malheurs pour que les esprits se réveillent et viennent ainsi perturber la vie des humains.

 

En passant la porte, Marion jeta  un coup d’œil méfiant à l’intérieur de la pièce ;
elle vit, assis sur une pierre plate, que sa mère laissait toujours près de l’âtre, un drôle de personnage.

C’était une espèce de nain, habillé comme un garçon de ferme, son gilet  était brodé de
motifs qui ressemblaient à des feuilles de lierre, et il portait avec élégance un feutre à larges bords. Quand il releva la tête pour regarder Marion, l’enfant  découvrit  une face fripée qui lui souriait malicieusement. Des yeux bridés du gnome filtrait une étrange lumière.
Marion lui trouva un visage de fouine, mais non… et elle se mit à  frissonner… le visage du garçon ressemblait à une face de rat ! Elle se serra
encore plus fort contre la poitrine de la Jeanne.

Marion avait vu Razunellou !

Platon — le chant —

 

 

 

220px-Plato-raphael.jpg

Platon : détail de L’Ecole d’Athènes par Raphaël

 

 

 

mon âme rêve harmonie

et ma voix se règle sur le rythme

d’un chant — comme l’aime Platon —

ce maître chant apaise la maison

quand par mauvais temps

s’attriste la raison

 

 

.

Des nouvelles du recueil

Le livre sortira cette semaine !

117 poèmes, 45 dessins originaux, et le tout en une cohérence hautement poétique (d’après l’éditeur).

 

 

CouvCarmen    

190 pages, broché, 19 €

 

 

Texte de quatrième de couverture :

 

Les graphies se promènent dans l’espace environnant et le poète les cueille avec une patience infinie. Les mots glissent, se tendent vers lui, portés par les murmures du vent et les ailes du
silence. Ces mots, l’auteure les a rassemblés ici en une collection de sensations où la beauté enlace la tristesse et la joie, où le rire panse le cri. L’oiseau plonge l’alchimie de son chant
jusqu’au noyau du vivre.

Ainsi soit-elle

IMG_2175--2-.JPG

 

 

Jour de fête

 

elle respire la joie des couleurs

portées en terre éphémère

 

elle noie les poisons de l’esprit

dans l’air du temps pacotille

 

elle broie l’assommoir

au puits des déboires absolus

 

Ainsi soit-elle !

 

 

*

 

juste un mot

qui colle à ta peau

un pos-it on your dreams

un accroche-rêve

 

un mot qui rassemble jamais et toujours

un mot qui rapproche hier et demain

un mot effervescent de joie certaine

 

un mot-papillon à cueillir à l’instant

d’un pincement de lèvres, d’un battement de cils

car le cri est en moi que j’essaie de contenir

 

qu’il devienne soupir sous l’insigne d’un mot

 

*

 

celui qui donne

la plénitude en parcelles

et pose des sourires

sur les murs de lassitude

 

malgré son dénuement

en dépit de ses tourments

 

porte encore  sa robe de baptême

et sa présence est une aurore

elle éclate au bord du jour

qui en oublie d’abdiquer

 

 

*

 

la tristesse-mère

n’est pas vague fluctuation

d’états d’âme…. elle signe

l’élan de la compassion

elle le précède et s’en va

cueillir la peine silencieuse

celle au qui-vive

dans son lit de renoncement

 

la passion d’équinoxe

soulève et s’indigne

car nulle-part elle ne tolère

le déni de la grandeur humaine

 

*

 

 

dire la présence

des mots échos

ces boutons d’encre

plus clairs que l’eau

 

drapés pastels

ils chantent couleur

tendent    aquatiles

sur l’air  veilleur

 

traits volubiles

ils plantent rhizomes

en terre nubile

valse la vie

 

les mots plus que pigments

sont
grains de peau

Route de nuit

IMG_2624---Copie.JPG

 

 

Route de nuit

 

 

 

c’est un poème

un petit rien écrit

dans la poussière de mes nuits

 

d’abord il y eut la route…

 

un play-humain fut placé là

il ne savait pas pourquoi

il lui fallait  avancer

 

t’as  toujours eu peur des
automates

t’as  toujours eu  peur de ta propre image

et pourtant c’est du sud que sont venues les pépites

sur lesquelles à l’ouest s’est bâtie ta vie — étrangère

 

la maison ferme son écrin sur les absences futures

dans le secret des murs elle accouche des mots

un goût de cendre  hurle en toi car se consument

les clichés où sourient encore les vieux bébés 

 

la maison flambe mais demeurent les pièces

inexplorées — dans la cire des  veilleuses coulent les possibles —

 

l’écran reflète le miracle de l’amour-sève

il caresse du  regard la vie de bohême

et laisse les visages  s’épanouir sur l’aire

des bas côtés que des sourires jalonnent

.

tu as lavé ton linge au lavoir du coin

tu as battu  tes draps de
peines 

là où le courant emporte toutes

les souillures 
confondues

 

et ces bruits sourds qui t’entendent

ne sont autres que ceux des cœurs

marathoniens……  ils  refusent

le rythme  automate   ils savent

 

la ligne d’arrivée était celle du départ

 

 

.

 

L’oiseau ivre de vent

CouvCarmen.jpg

 

 

L’OISEAU IVRE DE VENT

Carmen Pennarun

broché,  188 p. – 18 €

Encore un recueil de poésie, et pas des moindres !

Une artiste complète nous livre ici un savant mélange de poèmes et de dessins d’une belle cohérence, et surtout d’une
délicatesse digne de ses références, discrètement citées.

À noter la préface de Gérard Hocquet, auteur l’année dernière d’un livre dans le même esprit.

 

À PARAÎTRE BIENTÔT

 

(Eh oui, il arrivera dans une quinzaine de jours, ce deuxième recueil tant attendu !

Le texte qui précède figure dans le catalogue de l’éditeur)

La fille du puits

puits.jpg

 

 La fille du puits

 

 

Assise sur le banc de bois elle s’ennuie Marion qui attend ses parents ; ils  ne
sont pas encore revenus des champs. Ses pieds, si petits,  ont laissé tomber les sabots, ils ne touchent pas le sol de terre battue et s’agitent sous
la table. Peu de lumière dans la pièce où vit la famille, on devine une salle simplement meublée de lits de coin, d’un coffre et d’une armoire. Le feu anime les murs d’ombres mouvantes, dans la
marmite la mère a laissé mijoter le repas du soir. Seule l’odeur du lard emplit la maison, et l’enfant patiente alors que gargouille son estomac. Le chien laisse entendre des grondements ;
il ressent l’angoisse de l’enfant, il suit son  regard et tente de repousser l’obscurité qui s’installe.

Les doigts de la fillette s’aventurent sur la table et volent des  miettes à la croûte du
pain que les femmes du village ont cuit ce matin dans le four de la cour.

Rassurée  par la surveillance du chien elle se lève et décide de marcher. Une chanson lui
revient à l’esprit et elle l’accompagne de ses pas :

Trois pas du côté du banc

Et trois pas du côté du lit

Trois pas du côté du coffre,

Et trois pas. Revenez ici.

Sa chorégraphie la distrait quelques minutes, mais l’ombre grandit et papa et maman ne sont toujours pas là !

Marion regarde dans la cruche elle est vide, alors elle la prend et va vers le seau pour la remplir. Le seau lui aussi est
vide.

« Je suis assez grande pour le remplir, hein Kador, dit-elle à son chien, maman n’aura pas besoin de le faire, elle sera
contente ! »

Marion se glisse sous la partie basse de la porte et le vent d’hiver s’engouffre dans la pièce.  Le seau vide est déjà bien lourd pour elle et son bois frotte contre ses mollets. Arrivée au puits elle se penche par-dessus la margelle car il lui semble
entendre une voix, la voix de sa mère.

« Maman ! »

Le vent souffle plus fort et l’enfant se penche davantage. Elle entend distinctement :

« Va dire à la fille de ta fille, qu’elle aille dire à la fille de sa fille  qu’elle
apporte le pain au four ! »

En face d’elle sur la margelle, un lutin au visage de petit garçon la regarde, un nuage passe et l’instant d’après c’est un lièvre qui
détale et l’enfant a disparu.

 

(à suivre)