À toutes les Sidonie ou Eugénie ou Joséphine…
Sidonie aimait les enfants, elle ne se privait pas d’amants, pour autant.
Elle est parvenue à soustraire, des jours d’attente et des années d’enfermement,
quelques débris avec lesquels elle s’est bâti un paysage de tendresse
tout en lumières intérieures
Les falaises des médisances, repoussées, libéraient l’espace, et les ronces du désaveu
— broussailles noires dans sa chair — enfonçaient leurs échardes qu’elle retirait
de ses dents de louve. Seule elle a hissé, du marécage des malheurs, sa famille —
elle, l’orpheline.
La raison en bouclier était sa corne d’abondance, elle cherchait des mots onguents
et rêvait d’une plume fidèle capable de traduire, à cœur, les nœuds de sa vie calleuse.
Sans boussole elle a relié les amers de l’existence, espérant voir surgir la joie de sa vie
défaite, face à la haine, face à l’envie.
Où se cache l’amour quand il n’a plus de lit ?
Dans le filet de l’air qu’un rai de lumière traverse.
Sur une latitude, sidérale, où se croisent les esprits.
Erin (Carmen P.)