Les sourires d’eau

Gabriel Moreno

 

L’instant est à l’émerveillement

pour peu qu’on s’y arrête

Ne laissons pas le charme s’épuiser

entre nos doigts tentons de saisir

– comme l’enfant joue d’un filet d’eau –

le fluant…

Laissons la caresse du moment

feindre la paresse

et le feu ludique du sentiment d’être

déposer du rose sur nos joues

parfaites

.

Le bonheur jamais ne dure

le malheur pas davantage

quand passe la tristesse

nous remplissons notre coupe

pour y noyer notre amertume

dans la boue de sa céramique

poreuse

parfois nous prêtons l’émail

d’une porcelaine fine

à la pureté d’une eau vive

la lumière (alors)  paillette notre coupe

jusqu’à la glaçure

.

La légèreté est une broderie

qui transfigure le jour

elle est illusion

regardons du même œil

l’eau claire et l’opaque de la vie

qui coule…

Gardons la voix cristalline

pour chanter la joie

quelle que soit l’instant symphonique

qu’il nous plaise ou non

 

D’un filet comme l’enfant

laissons nos sourires d’eau

émoustiller nos papilles

.

Erin (Carmen P.)

 .

Carmen P.

(illustration : Gabriel Moreno)

Little man in Stowe

DSC01730 - Copie

 

mon petit bonhomme si cher

en balade dans le Vermont

tu suis des yeux et du cœur

tes  parents en randonnée

 

mon infiniment trésor

que ne suis-je pour toi

une grand-mère vraiment

prête à t’enlever de ce banc

 

où tu penches mon enfant

avec ton sourire absent

ce sourire que j’aimais tant

voir  le matin à ton réveil

 

ce n’est pas encore demain

que tu exploreras les hauteurs

du Mont Mansfield, pourtant ce jour

arrivera  plus vite que nos retrouvailles

 

quand tu marcheras fièrement

je ne serai pas loin de toi

par les pensées que je t’accorde

car ma présence est trop long voyage

 

Erin (Carmen P.)