Des mots-fenêtres

 

Chaque matin je cueille mes pas et les plante dans l’eau de la Vie qui Va !

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Il faut du courage au lever du soleil car vivre c’est accepter d’infiltrer la toile où l’humanité fixe sa monstruosité.

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J’avance, à pattes de mouche de lumière.

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Les poèmes sont des fenêtres, ils conduisent le temps vers une nouvelle dimension, insoupçonnée et pourtant inscrite dans l’espace. Nos sens limités nous en interdisent la perception.

Ecrire met en relation le réel, en tant que surface réfléchissante dépourvue de profondeur et  impuissante à révéler l’originalité de l’être, et le rêve – le plus puissant accélérateur de Vie.

Si notre sensibilité intérieure s’affine, nous percevons ces espaces, nous accédons à d’autres possibles. Alors,  les mots pour le dire nous transpercent.

Grandir, c’est éviter l’accumulation des papiers gras du réel en nous, ne pas prêter notre être intérieur à l’envahissement des lambeaux de tapisserie du monde extérieur, car la Vie ne se lève de terre que sous la houlette des rêves intérieurs et c’est la magie de cette beauté du dedans qui doit tapisser le dehors. Hélas, nous expérimentons, le plus souvent, l’inverse !

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À un moment, mes poèmes se sont mis à devenir de plus en plus minces. Maintenant, ils deviennent de plus en plus fluides. Bientôt, il ne restera plus d’eux qu’un son, fin comme un cheveu d’ange, sur lequel s’enfileront les cœurs. Le moment n’est pas venu. Je retourne à la prose !

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Carmen P.

photographie de Francesca Woodman

 

8 réflexions sur « Des mots-fenêtres »

  1. Je souris de voir comme tu te laisses entraîner par les mots – et les pensées… Au début, c’est clair et limpide ; puis ça s’emballe ! Jusqu’à la reconnaissance de l’impuissance… (des mots !)

    • Je souris parfois en me lisant, surtout le matin quand je lis les idées notées de nuit ! Là, j’ai ordonné différentes petits papiers gribouillés durant mon temps de vacances.
      Je trouve cela particulièrement décousu, comme des propos d’une personne qui semble absente et qui d’un coup sort une phrase complètement à côté de la plaque. La poésie suit son idée, offre des fragments et je colle les morceaux !

    • Je ne sais Françoise. Peut-être, si je parviens à rester dans cette tonalité. J’aimerais restaurer une mémoire qui se cherche, explorer les lieux qu’elle a déserté, tendre une ligne poétique comme un fil d’Ariane…. tout cela me paraît bien prétentieux ! Il serait plus juste de dire que j’essaie de ranimer la mémoire de ma mère dont il ne reste que des lambeaux qui surgissent quand cessent ses cris, ses pleurs, sa contemplation du vide. Il serait plus simple de dire que j’écris sur Alzheimer, la vieillesse, la fin de vie… mais non, décidément, j’en suis incapable, il me faut fouiller, et c’est la vie que je veux dénicher au plus sombre de maladie, afin que tout ce qui est mal dit, tout ce qui mine une vie et la fait tomber en poussière je puisse l’aspirer et exprimer la vie qui demeure quelque part autant à l’intérieur du corps, qu’à l’extérieur. Ouf ! Je suis dans les congères et je veux recréer un tapis de neige !

  2. Un constat en prose sur ce que sont devenus tes poèmes. Tes mots sont limpides et envoûtant , tantôt caustique, tantôt fluide.

    C’est fort beau, en plus tes vers fins comme des cheveux d’anges cela leur confèrent une mystérieuse beauté.
    Si ta prose te donne des ailes alors vole vers elle.

    Belle fin d’après-midi

    Bisous d’EvaJoe

    • Merci, EvaJoe. Je tiens à cet aspect « caustique », car la vie est rude, parfois ! Je ne sais, par contre où je vais avec de pareils écrits !

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