Marilyn

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Marilyn

 

Des lignes nettes pour évoquer tes courbes belles

Les pastels ne devaient pas recouvrir ton visage,

qui dans nos mémoires ouvre un espace à l’idée

de l’Amour. Tu étais  l’image  de l’éternel féminin…

Le fard et les paillettes durant ta si courte vie

ont étouffé la joie, mais jamais terni ta pureté

voilà pourquoi

même les pigments sont restés discrets

laissant vierge le papier

 

(pour Stéphane)

Gwalenn et la boîte à rêves

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Gwalenn et la boîte à rêves

 

 

Le grand hêtre frissonne

dans le camaïeu du ciel,

et les feuilles s’agitent

sur leurs tiges de verre.

Les chevreuils s’impatientent

dans la neige tombée.

C’est un nouveau battle

où dansent des saisons.

 

La fée Gwalenn

a entendu l’appel

de la nature silencieuse.

Elle a mis sa robe de laine

mauve, et zinzolin

est son chapeau d’hiver.

Sous ses pas elle sème

la caresse d’une brise légère

qui enlève les peines.

Elle distribue des sourires-

fleurs, et valsent les couleurs,

les froides avec les chaudes !

 

Gwalenn apporte des étoiles

au goût de soleils jeunes.

 

Haut dans le ciel

les astres libèrent

des pensées-rêves

secrètement cachées

dans le panier de la fée.

Et quand d’un cœur vif,

sa main pioche un trésor plié,

ses doigts s’ouvrent sur une pensée-

-graine qui se réalise en s’épanouissant.

Pour les chevreuils germent, dans ses paumes,

des pieds de fraisiers et des pousses de chênes.

Pour l’enfant elle offre la pierre brute d’une pensée-rêve

qui par la puissance de l’amour se  transforme en réel bonheur.

 

 

.

(Ma contribution au projet « la boîte à rêves » proposé par Quichottine que je remercie vivement; Le dessin est de Dominique)

Comme un poing dans le ciel

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Comme un poing dans le ciel

 

Des enfants sont dans la rue, ils ne lancent pas de pavé.

Des enfants sont dans la rue, comme des chiens, abandonnés.

 

Le serpent de la révolte ne danse plus au rythme des mots ; Amour et Paix.

Les interdits, balayés depuis longtemps, gisent comme des balises mortes

dans les vergers qui fouettent le vent de l’impuissance humanisée.

 

Un coin de moquette pour poser son duvet, c’est sympa.,

durant quelques soirs, quand on a dix-huit ans,

mais quand les « potes » ne peuvent plus héberger

car ils n’ont plus de « tune » eux-mêmes,

où vont les enfants perdus dont les parents s’emmurent ?

– dont les parents s’emmurent –

 

Peter Pan s’appuie sur le temps impassible, ses ailes n’attendent qu’un signe.

L’horloge de la place compte les étincelles qui dans son cœur décrépitent,

et dans mon âme-zeppelin une déchirure témoigne

d’une impossible naissance.

Balbutiements

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Balbutiements

 

 

Une présence juste réveille l’espace

à l’instant même elle trouve sa place.

 

Les paroles brouillées sculptent les pensées folles

et les cris étouffés, sur la croix des mots,

clouent le mohair des ombres.

 

Les vents contraires sacrifient l’en Vie

mais à la fourche  du jour et de la nuit

une spirale s’anime dans un poudroiement de voyelles.

 

.

Un dimanche à Trémelin

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Un dimanche à Trémelin

 

 

Un dimanche de septembre, en pays de Brocéliande sur le domaine de Trémelin, quelques artistes désireux de s’exposer se sont donné
rendez-vous. Je les ai rejoints, et dès l’aube nous  avons  sorti toiles et chevalets pour aller à la
rencontre du public.

Du matin au soir le monde des humains s’est activé, chacun à sa façon, sur ce site où la roche

et la lande se partagent le terrain. Les jours ordinaires, l’appel de la nature  invite
le flâneur  à pousser la balade dans les bois environnants ou autour de l’étang, mais ce dimanche était mis sous le signe du sport. Je me suis
demandée si le petit monde parallèle des créatures de la lande allait parvenir à ignorer cette agitation diurne. Telles des  pierres tapies derrière
les ajoncs épineux, elles ont attendu la fin du jour pour s’emparer de ce coin de Bretagne, et  jouer leurs tours de lutins  aux derniers promeneurs.

En matinée la place était aux sportifs qui participaient au Trail des Légendes de Brocéliande. Le midi et l’après midi l’ambiance fut
joyeuse dans les restaurants du site ;  un esprit de guinguette et de bal musette imprégnait les lieux.

Il y a eu du passage, le temps s’est montré clément… quelques gouttes n’ont pas réussi à perturber l’ambiance festive.

Le vent a dispersé les nuages et le soir, après l’envol des danseurs et des dernières notes de musique, les lieux se sont enveloppés
d’un calme magique, teinté de douceur.

 

C’est à cette heure, entre chien et loups, qu’une jeune femme est venue promener son berger belge et son dogue. Ces animaux, vraiment
impressionnants, étaient fort contrariés d’être tenus en laisse. Ils étaient visiblement  habitués à courir sans entrave dans ce lieu habituellement
désert en cette heure tardive.

La jeune femme est passée plusieurs fois devant moi, elle a tourné autour du barnum, s’est éloignée  puis est revenue, elle a tourné encore tout en me regardant avec insistance.  Nous avons finalement engagé la
conversation et avons parlé couleurs, j’étais là pour ça…je la sentais en attente d’une question, une question qu’elle n’osait pas me poser ; étrange impression…

Tout à coup, au milieu d’une phrase, elle s’est interrompue. Elle est restée debout, pensive alors que ses chiens tiraient sauvagement
sur leur laisse. Elle a tourné les talons sans ajouter un mot et s’est dirigée vers son véhicule, où elle a enfermé ses chiens.

 

L’heure était venue d’emporter mes tableaux ; le public s’était volatilisé, le site pouvait retrouver son calme et
à s’ouvrir aux malicieux Korrigans.  Je suis passée devant une voiture où  les deux chiens aboyaient
furieusement à chacune de mes allées et venues. Leur maîtresse se promenait non loin. Elle semblait surveiller la manutention de mon équipement d’artiste.  

« Etonnant, ai-je pensé, d’habitudes les animaux ne montrent aucune agressivité à mon
égard ! »

Ceux-là n’aboyaient que sur moi et avec une bonne dose de fureur. Etaient-ils les cerbères des lieux ? En quoi ma présence
réveillait-elle leur agressivité et l’inquiétude de leur maîtresse ?

Au dernier de mes trajets la maîtresse des chiens s’est dirigée vers moi et a osé me poser la question qui la torturait :

– Avez vous retrouvé votre enfant ?

– Quel enfant ?

– Celui que vous cherchiez hier soir.

– Où ?

– Ici ! votre enfant avait disparu. Vous l’avez cherché et appelé toute la soirée.

– Mais je n’étais pas là hier soir. Mes enfants sont maintenant bien grands, ils ne m’accompagnent plus depuis longtemps !

– Pourtant c’est bien vous que j’ai vue hier soir. Je ne vous ai pas  
oubliée ; vous étiez bouleversée. J’ai pensé à vous toute la nuit.

– Je vous assure que je n’étais pas là… j’ai eu l’intention de venir repérer les lieux, mais je ne l’ai pas fait !

– Bizarre… j’aurais juré que c’était vous. La même silhouette, le même visage, la même coupe de cheveux, les mêmes lunettes.

– Alors vous avez rencontré mon sosie.

Elle ne m’a pas crue, visiblement elle ne m’a pas crue…elle est montée dans sa voiture

en emportant une fausse image de moi ; l’image d’une mère affreusement insensible, qui un jour perd son enfant,  ne le retrouve pas, et le lendemain poursuit ses activités comme si de rien n’était.

Sur le coup cette conversation m’a amusée, mais lorsque j’y pense et que j’imagine tous les

êtres qui hier, aujourd’hui, demain se sont croisés, se croisent  ou se croiseront sur ce
site, cet

enchevêtrement de destins dissemblables ou de superposition de périodes différentes de la vie d’une même personne, je me dis que par
l’esprit  des vies qui s’ignorent  peuvent se côtoyer, cohabiter …mystère du temps aboli.

 

Jeune maman, je venais à Trémelin avec mes enfants. Le domaine leur offrait un espace pour jouer sans une surveillance trop
rapprochée. Images du bonheur familial, images du passé, images de l’oubli…l’enfant que nous n’avons pas pu voir jouer et grandir, ni ici,

ni ailleurs ; cette enfant à laquelle je pense quand l’heure est au chagrin, quand la

pensée file vers l’absence et que seule l’imagination peut recréer la trame déchirée de la vie.

 

Je suis venue ici pour partager avec mes semblables ma passion des couleurs et ma sensibilité.

C’est ce que je croyais….j’avais en fait rendez-vous avec l’absence de mon enfant.

Alors, était-ce moi qui appelais mon enfant perdue ?

La  réponse  me brûlait les lèvres :

 

 » Non Madame, mon enfant ne  reviendra plus jamais. »

 

 

Carmen Pennarun

 

 

Le mont Fuji

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Le mont Fuji
 
J’ai admiré le mont Fuji dans la
mémoire de mes descendants

toi
tu voyages au Pays du soleil levant

J’ai parlé l’anglais telle une langue maternelle
toi
ta patrie est devenue l’Amérique

J’ai cuisiné les mots et éduqué des enfants
toi
tu es l’artiste des mets et tu dresses les plats

Oh mes garçons, mes amours
!

J’ai vu vos aimées
et je les ai reconnues
Je fais des rêves de papier
qui se consument en s’animant

Ombrelles et confettis
Danse du Dragon
et Galop de Cheval


La terre est un manège
où tous les soleils du monde
parfumeront la peau
de mes petits enfants
où toutes les langues
vibreront par leurs voix
et la vie chantera
dans mon corps au centre
et votre sœur absente
avec nous se réjouira
 
.

 

Migrations

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Migrations

 

 

toute entière à la tristesse
épuisée
par la coupe des saisons
elle s’arrime mon âme
au vol des oies sauvages

 

noire
la crinière flotte dans le pré
où les sabots martèlent
enfer

 

la fille de l’air
ne peut protéger ses enfants
des tourments de la terre
elle ne sait que voler
et invite à la voie haute

 

par l’amour elle vit
pour l’amour elle meurt

 

son cœur scande le vide
quand parole et confiance
se heurtent aux épreuves
et disloquent son ouvrage


*

 

les instants passent
sans laisser de trace
quand la pensée fuit
les courants d’âme

 

déjà
dans l’aquatinte du regard
défilent
les ombres

 

ohcomme ces rêves
nés des espérances mortes
ouvrent à la mélancolie
lorsqu’ils nous ramènent
sur nos chemins d’amour

 

amantsamisenfants
autant de blessures
que de tendresses – de vies – données

 

mères du passé
– cœur de familles nombreuses –
où cachiez-vous vos larmes ?


*

 

les enfants naissent des larmes
versées par toutes les mères

 

elles
irriguent la terre
ouvrent des chemins d’espérance
que d’autres mères pleureront
quand ils se refermeront

 

*

 

c’est l’automne

 

pour la première fois
j’ai vu un vol d’amour
migrer vers une terre d’enfance

 

il reviendra au printemps
d’instinct
je perçois son retour

 

.

 

Patchwork

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 Patchwork floral (un de mes pastels)
 
 
Pour vous un patchwork poétique de quelques poèmes courts ; des brins de pensées poétiques !
 
Contours
non pas deux mais un
sans début ni fin
vide et pleine
à la fois………………je suis
une larme de lumière
peu importe l’heure
en tout lieu s’apitoie
………………………..l’éternité
au bord d’une larme
……………………….retenue
*
 
 Si lent ce bonheur
 
le bonheur évite l’homme heureux
il a déjà le ciel dans la tête
le feu au fond du coeur
…………………………tout en dedans
 
il ne cherche pas au dehors    
les franges d’un monde meilleur
 
quand le soir arrive    
il sourit à l’avenir    
ses mots taisent    
la transparence frileuse
 
*
 
Pars, dessus !
 
Qui a coulé cette chape d’indifférence    
sur la symphonie qu’en silence    
la nuit magicienne compose    
à  l’heure des suprêmes dons    
quand l’esprit au cœur repose ?
   
L’adieu est un pardon    
qui détonne puis s’envole.
   
*
Petit Poucet
     
la lanterne bleue de l’amour    
éclaire en moi les terres    
si tu te perds    
dans l’ océan immense    
je deviendrai pour toi amer    
multiple    
vois   
ces paroles    
ces murmures    
ce souffle    
cette tendresse    
alignés
  
*
     
À  l’ombre
   
J’ai vu dans l’onde    
un poème froid    
frétiller comme un gardon    
Je n’ai pas voulu le pendre    
alors il a roulé
   
jusqu’à  ce qu’un ange    
le caresse de ses ailes noyées    
mon sang s’est glacé    
ma peau de pierre    
est tombée….ma plume    
d’eau s’est gorgée    
 
elle peint des mots qui s’évaporent    
lorsque passent les nuages
   
*
 
 
 

Mon chapeau

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L’homme au chapeau melon 

René Magritte 

 

 

Mon chapeau

 

a quatre bosses

 

quatre bosses

.

à mon chapeau

 

Cela ne se voit pas, mais moi je sais que mon chapeau a quatre bosses.

La première date de quand j’étais bébé ; un bébé intrépide qui a marché très tôt d’après ce que disent mes parents.

D’ailleurs, je ne marchais pas, je courais !

Hop, Hop, Hop !

Trois petits pas accélérés par-dessus mes voitures en circulation sur le tapis, et…

Pan !

Je me suis cogné dans l’angle de mon coffre à jouets et mon chapeau a atterri sur le nez de mon éléphant bleu. Quand du bout de sa
trompe mon ami m’a remis mon chapeau sur la tête, il a barri très fort, peut-être riait –il, en voyant que mon chapeau avait une bosse.

Mais chut…seul mon éléphant et moi savons que cette bosse existe !

La deuxième bosse ; mon chapeau l’a attrapée dans une descente, une descente de toboggan, ratée.

J’étais parvenu à grimper tout en haut du plus grand toboggan du parc.

« Accroche-toi bien, mon chéri ! » me disait maman que je voyais toute petite en bas du toboggan.

Je me suis accroché, plus d’un côté que de l’autre, et j’ai basculé…

J’avais une si grosse bosse que maman me l’a aussitôt cachée sous le chapeau.

Il faisait soleil ce jour là, et moi je pleurais parce que le soleil me chauffait la bosse.

La bosse sur ma tête est partie, mais celle sur mon chapeau est restée.

La troisième bosse mon chapeau l’a attrapée quand j’ai commencé à vouloir calculer.

Lors de mes promenades dans le parc, je ramassais des petits morceaux de bois que je mettais dans mon chapeau. Au retour j’en faisais
des petits tas de 10 que je comptais avec papa.

Un jour j’avais trouvé tant de brindilles, plus que mon chapeau pouvait en contenir, alors je les ai tassées si fort que mon chapeau
s’est déformé. C’est depuis ce jour que mon chapeau a une troisième bosse et que tout le monde dans la famille dit que j’ai la bosse des maths.

La quatrième bosse est un nid qui s’est installé à la va-vite au bord de mon chapeau. Je n’ai pas réussi à le cacher, il est doux et
agréable ce creux où je mets tous mes rêves qui suivent légers la vive linotte dès qu’elle part en voyage hors de son nid.

 

 

……………………..mon chapeau a quatre bosses

 

………..mais s’il n’avait pas

 

quatre
bosses

 

ce ne serait pas

 

mon
chapeau.

 

Tous les chapeaux ont une histoire. Je vous ai raconté celle de mon chapeau, mais le vôtre a lui- aussi  bien des secrets à dévoiler. Pour lire ses aventures il suffit de le poser sur sa tête.

Tu me prêtes ton chapeau, que je puisse te lire son histoire ?

Fin

 

(texte imaginé à partir d’une comptine mimée que je chantais à mes élèves)