Vivre la présence pénétrée par l’instant
sans rigidité, sans précipitation
au rythme lent
d’une éclosion perpétuelle
Savourer l’osmose entre le corps
et le paysage – sa déliquescence
Entendre sa propre voix
éclaircie de silences
se mêler au chant
de la nature, en transe
volupté, qu’un ondoiement
de serpent ou d’anguille
viendra troubler à l’improviste
signant la perte définitive du droit
d’oisiveté au jardin de Pomone
Une amibe s’anime
sous l’ombre du phénix
elle est le cri
elle est l’envol
que sa condition parasite
L’ennui reconnaît
les modulations d’une langue
qui s’invente au cœur de la cellule
L’affinement de la sensibilité
ébruite la souffrance face à l’inatteignable
attise l’impatience devant l’imperceptible
mouvement qui ne cesse de se languir
derrière l’immobilisme apparent
Le geste semble arrêté
la pensée lobotomisée
la parole murée
la féminité voilée
la croissance contrariée
l’univers condamné
quand la mainmise de la réalité
nous rend sourds aux révélations
du corps de lumière qui nous étoffe
Au moment précis où la situation
devient insoutenable , bloque l’action
nous réalisons combien les apparences
nous ôtent la liberté qu’une simple
amibe approche
.
Carmen P.
(je change de casquette n’écrivant plus sur aucun)
Ton discours me « parle », et forcément interpelle mon mental qui cherche à interpréter et à commenter. Il te dira qu’il a ressenti la même chose et est parvenu au même blocage. Mais tu remarques avec justesse que l’amibe est plus proche du but et tu as bien raison, puisqu’il est nécessaire que le mental se taise. Or, pour qu’il se taise, il ne doit ni entendre, ni sentir, ni voir non plus (dans la mesure où ces perceptions sont « interprétations »). Il ne lui reste qu’à « s’abandonner » à un oubli bienheureux, une royale ignorance de tout centrée sur le simple sentiment d’être, et que je m’obstine pour ma part à enrober de gratitude et d’amour pour un (ou une ? c’est pareil) plus « grand » que moi. Tout ce qui se fait ou se perçoit se fait ou se perçoit sans moi, je n’en suis que le spectateur reconnaissant d’être ainsi porté à éclosion de vie (ce que ne peut ressentir l’amibe).
En ce moment, j’en suis loin, Aloysia. J’aimerais, mais parfois la vie nous provoque et laisser glisser quand on se doit d’agir n’est pas facile. J’ai laissé glissé durant quinze jours en Espagne et j’étais bien…. même s’il y a eu des appels me disant de revenir pour régler ceci ou cela (j’ai malgré tout écourté mes vacances d’une semaine et tout m’a assailli, dès mon retour, comme milliers de puces !)
Il y a des moments il est vrai où c’est très difficile… Tant pis, il faut laisser aller… Je t’embrasse.
(Chouette photo – comme toujours ! Où les trouves-tu ? Les fais-tu toi-même ?)
Sur Google. Sinon, je me suis offert un (gros) livre sur Francesca Woodman pour mon anniversaire. Sa recherche est intéressante même si certains clichés peuvent poser questions.
Et si tout n’était qu’apparence?… Que la réalité n’était pas réelle?…
Avec force méditation, l’on peut parvenir à de l’auto-hypnose qui elle-même offre de pouvoir pénétrer une part, certes infime, de la vérité intemporelle… mais ça n’est déjà pas si mal d’aboutissement.
La réalité n’est pas réelle, en effet, elle prend une apparence qui change instant après instant, seul notre mental s’accroche aux images passées ou anticipe des scénarios.
Je ne sais pas ce qu’est la Poésie. Observations passées au filtre du coeur, intuition…. Bon dimanche, Robert-Henri.
Merci pour cette belle définition de l’art des poètes… ceux qui te lisent apprécieront certainement…
À mon tour, Carmen, je te souhaite un excellent dimanche.
Je suis très touché par votre poème. Puis-je vous suggérer de lire un petit texte que j’ai écrit sur la fusion de l’homme avec son environnement ? Bien cordialement,
https://binh1an2.blogspot.com/2017/01/le-jardinier_15.html
(il faut peut être copier-coller ce URL dans Google)
La vie nous interroge et nous y répondons au mieux de la qualité de présence qui est la nôtre à un moment donné.
Votre conte parle de cette qualité de présence (si difficile à atteindre)
Merci pour votre lecture, Binh An.