De nuit, deux amies sur une route

(texte onirique)
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Elle rêvait
plongée dans le vivant du sommeil
que la pluie sur le toit figurait en débordements
Ainsi vécut-elle
au bord du lac où par le passé son père avait été englouti
heureuse

Elle rêvait
d’une direction à prendre
entre l’Est et l’Ouest
(je crois qu’elles prirent la route vers l’Ouest)
vers une ville au nom latin
oublié depuis mais elles ne perdirent
pas le goût de vivre qui résonnait
sous leurs peurs – tendu

même lorsqu’elles traversèrent
le cimetière où le prêtre
seul vivant rencontré dans la nuit
leur dit qu’elles étaient sur la bonne voie
elles ne pouvaient se tromper
en suivant la route des cent arbres
Ces arbres avaient été torturés
ils avaient subi un greffage
sur leur bois, jeunes – transfigurés
ils seraient reconnaissables
et jalonneraient leur route

L’amie était partie en auto-stop
sans voir les arbres, mais sait-on
ce que voient ceux
qui ne sont pas à nos côtés ?

Je demeurai fière d’elle
à l’arrivée je constatai qu’elle avait écrit de nombreux livres
ignorés de tous. Je les reconnus aussitôt même si son visage
ne figurait pas sur la quatrième de couverture
Elle était blonde, vive, et combien aimable
contrairement à ce qu’affirmait le chauffeur
qui décrivit la route en sa compagnie pénible
On ne porte pas le fardeau de l’imaginaire
sans qu’il paraisse « encombrant » pour ceux qui voyagent en notre compagnie

Peu importe
les livres demeurent
ils ouvrent aux lecteurs
un sens en retour
Peut-être même pourraient-ils voir
les cent arbres martyrs
et par la magie des mots parvenir
à dégrafer leurs carcans – les ramenant
à leur propre nature

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Carmen P.
Illustration : Balthus – Étude pour le Rêve I ,1935

Salon du livre de Vitré 2014

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Comme vous me demandez des nouvelles de ce Salon de Vitré, voici quelques mots et une photo.

Pluie et vent étaient au menu météo de ce Salon de Vitré. Rien d’étonnant, le temps reste fidèle à lui-même et tient à marquer de ses caprices cette manifestation annuelle.
Chacun compense et n’oublie pas le parapluie de sa bonne humeur ! Les échanges entre les organisateurs, les bénévoles et les auteurs ou éditeurs invités sont toujours chaleureux.
Lors du repas, au coude à coude, circulent joyeusement les plats, le vin, et la parole bruyante – quand la pluie couvre les voix en tambourinant sur la toile du  chapiteau.
 
Un lien vers le site des éditions Lunatique où Pascale Goze, l’éditrice, qui était ma voisine de stand, a réalisé  un bon compte-rendu de ce week-end.