Archives de catégorie : Poésies
Installation éphémère
Installation éphémère
Ils avaient construit un bateau de sable…
Ils avaient essayé d’occuper le temps en attendant la marée. La mer n’allait pas tarder à envahir leur plage et quand les flots arriveraient ils n’auraient pas les pieds dans l’eau, ils ne seraient pas obligés de nager…ils rameraient… à deux, ce serait facile.
Les vagues, ils les attendaient avec impatience, de sable ferme, bien tassé autour d’eux ; ils étaient prêts.
Au loin la mer semblait plus impétueuse que jamais, la nécessité de voguer plus impérieuse aussi… Les deux navigateurs s’emparèrent alors de leur bateau ; ils partirent à l’assaut de l’océan.
Deux baigneurs dans une même bouée !
C’est alors que la construction leur glissa des mains ; une multitude de grains en un lent écoulement le long de leurs doigts resserrés rejoignit l’étendue sablonneuse…inexorablement.
Voilà les marins debout, consternés au milieu d’un tas de sable, regardant à leurs pieds leur rêve anéanti qu’ils n’osaient piétiner.
Ils tournèrent le dos à la mer et, vers la terre et ses gratte-ciels, emportèrent leurs illusions. À deux ça pourrait être facile !
Erin
Terre de femme
Terre de femme
elle ravit aux fruits l’éclat
qu’ils envoient et gorge
d’une caresse de zibeline
son regard — un faisceau mor-
-doré le peint sur la toile
infinie de ses rêves
à fleur de peau ces spirales
des origines débobinent
au creux de l’intime l’arbre
où veille l’enfant sublime
mâle est l’oubli aux étreintes
dérobé un équilibre
transfuse entre deux natures
défaites
Douces heures de vivre sur le granit des jours
Je ne vois aucune douceur
à l’heure de l’embrasement
quand l’or du soleil couchant
disperse son auréole
dans le tulle bleu
des nuages — l’été
un pétale de lumière —
l’éphémère d’un papillon —
se détache du sol
profile un envol
et zigzague sans suite
…
les pierres levées méditent
sur la faiblesse des hommes
les gifles du temps
la fièvre en rafales
grêlent sur nos ardeurs
(la défiance s’installe)
notre nature ébranlée
s’écroule de l’intérieur
hautes sont les saisons
elles ignorent l’humain
et hissent les pierres
dans le mystère sans fin
…
le voyageur égaré
cherche des réponses
quelques lignes sympathiques
calquées sur le cercle chromatique
des destins qui n’ont plus cours
Le vol du papillon laisse la rémanence de son image sur la rétine de toute vie
Carmen P.
Eden Blue
Eden blue
minuscules sons….. les vers suspendus aux feuillées que l’été ensoleille
des fils invisibles laissent le non-végétal tendre vers le sol où il s’anime
rampe le serpent sur l’écorce terrestre et la clarté – électrique – danse sur ta peau
couleur denim pour ma jupe et corsage lavande
pieds nus sur tapis de pâquerettes
l’ombre naturelle efface le péché originel
et nos mois s’oublient sur l’herbe folle de nous
la ligne bleue sur mes paupières est artifice — tente-t-elle d’imiter la lumière des fées-
-fleurs des champs : la verge d’or, la campanule et la dentelle de la carotte sauvage ?
la bruyère un peu plus loin sur la roche se dore auprès du sorbier des oiseleurs
les ailes d’érable et le pollen jaune du tilleul dans l’air
tu m’offres une rose largement ouverte et deux pétales rouge-corail se déposent sur ton
sexe
papillon jaune, papillon blanc et ces deux pétales que mon souffle disperse
le serpent joue sa partition sur nos chemins, à la fantaisie de l’amour il est
soumis
nous
resterions bien, là, depuis le matin bleu azur de brume jusqu’au bleu de minuit
Carmen
P.
Loin des lagunes
Loin des lagunes
la stabilité dans l’instant
tangue souple au moment présent
qu’il soit léger ou bien pesant
on vibre en couleurs consenties
quelles que soient les nuances
on voyage sur un cercle…………. chromatique
— une stéréo — mais qui choisit les balances ?
le nord de l’ existence
montre une ligne….on s’en écarte
les chemins buissonniers
s’en volent…………égarements
ils conduisent à des impasses
quelque chose en nous rugit
l’amour a d’empathiques complaintes
au passif de nos vies…..qui se
lassent !
la stabilité dans l’instant
a ses jardins…..a ses torrents
au zénith des jours insipides
l’eau des rêves….. stagne
tente……………….. le trouble
c’est vers la mer
que voguent nos barques
vers la pleine mer
tangue souple au moment présent
et les lagunes de charme
où d’amicales ondines
nous retiennent coupables
ne sauront plus longtemps
régler nos vies à leur désir
qu’il soit léger ou bien pesant
la stabilité dans l’instant
tangue souple au moment présent
qu’il soit léger ou bien pesant
.
Contre vents et marées
Bon…. il faut tout de même que j’envoie quelque chose. Quelques mots qu’une amie m’a inspirés, quelques mots que je peux me permettre d’écrire maintenant qu’elle a dépassé ce vécu et est
plus sereine.
Contre vents et marées
quelques mois
avaient suffi pour emporter
fils père époux
partis plus vite qu’on ne peut
compter sa peine
tournée vers son ombre
elle contemplait l’abîme
qui l’aspirait
tout mouvement contraire
était violence
même la tendresse
devenait maladroite
et le baume de la poésie
brûlait comme huile
sur la flamme de sa tristesse
seule la souffrance
pouvait la distraire
alors est arrivé son tortionnaire
bien venu
il l’a guidée vers la passion mortifère
elle prenait l’amour
elle prenait les coups
elle oubliait ses amis
elle fuyait sa famille
avant qu’on ne la quitte
encore
mais quand dans sa folie
il a voulu prendre sa vie
— l’écart de trop —
elle a ouvert les yeux
et la vision de ses petites-
-filles a déterré le feu
que son cœur reflouait
exit l’amant !
un poisson en cage
Un poisson en cage
Shell….je suis….jaune canari
échappé de l’océan
et mes branchies sont d’argent
comme lames de prison
dans ma cage dansent
des volubilis en bulles
un charme les soulève
là où poussent des ailes
aux chaînes des arabesques
se délient les sortilèges
un poisson-ange furète
au chat des apparences
et son œil tout rond
file en migration
il sonde le bleu
d’une latitude haute
une voltige daguée
Carmen Pennarun
(à partir d’une sculpture d’un « ami » artiste)
Oiseau bleu
oeuvre de « L’atelier du vitrail »
oiseau
bleu
ciel
avait mis en éveil
ma curiosité en fleur
bluebird
s’appelait le nid
au printemps de ma vie
bleue
sa lumière oscille
entre cyan et magenta
j’aime son onde
qu’elle soit saphir
ou comme la nuit
sombre
elle colore l’ardoise
sol
et s’effiloche en gris
ciel
Carmen P.
Sous le vent
tableau d’Ivan Aïvaszovski
Sous le vent
entre les maîtres du pouvoir
le pouvoir de l’argent
et la gente d’artifices
quelle place reste-t-il
au vivant qui aspire
à naviguer libre
dans l’amplitude
d’un cœur simple ?
quand l’amour est en soi
il se pose sur la drisse
d’une voix dans l’écoute
du souffle il arpège
le long des voilures
et précède le changement
d’amure — les pensées
le ramènent à lov’ allure
la vie suit son cours
nous
sommes son estuaire
C.
P.