mère — terre — glace

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mère — terre — glace

 

 

 

elle est Igloo tapissée de neige fondue

elle est maison et ferme son vestibule

elle est tanière pour qui ignore

les pierres déposées sur les braises

chaudes et son corps supplie au centre

d’une vaste nuit, supplie de croire

qu’elle est lumière sous le boisseau

 

elle voulait juste protéger les siens des intempéries

elle voulait juste être matrice par sa demeure

mais ils  suffoquaient—par manque d’air

et quand une dernière contraction

 les a propulsés hors d’elle….la lumière
les a saisis

 

l’amour ne se substitue pas au soleil

les continents dérivent dans la tiédeur  des eaux

la déraison fond d’innocence

sous l’embûche des saisons

et la partie hier immergée de l’iceberg

chante sa lamantine détresse

 

 

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du langage potinier à la langue potière

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 du langage potinier à la langue potière

 

entre les mots un filet d’air passe et capture

les soupirs

l’ébauche d’un songe inflige fissures

au vase d’argile

glisse invisible son butin dans la nuit

des errances rassemblées

jusqu’au jour de l’épreuve du feu

 

dans un éclat sonore le flot du silence

jamais déluté

sera rendu à la langue potière

 

j’entends comme un vibrato venu de l’enfance

 

 

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Le psylle

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Le psylle

 

les paroles ont perdu musique

et les pas se suivent sans rythme

tout se disloque

dans un monde oublieux des cadences

 

les rendez-vous filent en lièvre

rien n’est en phase

chaque jour laisse échapper

un peu plus d’harmonie

 

dès le matin on s’active

« Vite, j’ai pris du retard ! »

on se coule mal dans sa propre vie

plus mal que dans la foule à  New-York

qui nous porte

 

Stop !

 

l’homme aux arrêts

devient roc…..autour de lui

le monde poursuit sa folle

course et lui…..laisse courir

tout à l’écoute d’un repli  intime

qui faiblement se détortille

 

c’est un cobra….il attendait

le réveil du charmeur

 

 

Amour

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Amour

 

Le véritable amour se lit dans le respect que tu portes à l’aimée

dans chacun de tes gestes involontaires,

dans la tendresse qui jusque dans tes rêves se prolonge.

 

Je me cherche dans ta nuit, dans le sillage de l’amour que tu me portes.

Je me cherche au plus profond de ton regard.

 

J’ai pris l’arbre par les années et tendrement je l’ai implanté dans mon cœur

et si mes larmes devaient le sauver de la sécheresse, je l’inonderais chaque jour des racines à son faite, et toutes ses douleurs, en creux, je les comblerais du nectar des souvenirs et du parfum
de demain,

à l’instant même de l’éveil du vide.

 

Mais je t’en supplie, bouge… et que ton mouvement garde l’empreinte de nos nuits d’amour.

 



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Miroirs

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Miroirs

 

 

 

Le regard se projette
sur l’horizon qui l’ouvre
— un champ où la vision
peint l’accordé — on est
pareil au vent d’ailleurs
comme une poignée de caresses
esséminant des paysages

 

et dire cette tension
tout en nivellements
cet équilibre que tend
le paysage au fil regard

 

la vie tire l’épreuve
et l’image crée la vie
sur la pupille où elle reflète
la création toujours fidèle.

 

dans la géographie du mirage
pérégrine le destin

 

.

Les corbeaux

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Les corbeaux

 

Les gouttes d’eau

sur les ailes des corbeaux

sont autant de boules de crystal

que la flèche des regrets amène

depuis nos nuits cataleptiques

 

On laboure le ciel

et s’envole l’âme des arbres

                           
en paradis

On déracine le calvaire

ainsi se plantent les maisons

dans l’immobile

d’un espace bétonné d’ennui

 

et les vieilles routes s’oublient

au bout d’une impasse

tandis que la vie…….. cherche

sa voie autour des ronds points

 

Les gouttes d’eau labourent le ciel

et du miroir de son granit

le calvaire reflète un champ

que les corbeaux colonisent

 

 

.

 

Vidéo « Costa Brava »

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Je ne vous avais pas mis la vidéo réalisée par une amie. Cette même amie qui m’avait demandé d’écrire un poème sur la Costa Brava où elle vit.

Les images sont de mon amie, la voix est la mienne (elle m’avait demandé de parler lentement).

 

Je remets le lien avec le poème :

 

http://parmotsetparcouleurs.over-blog.com/article-costa-brava-109201830-comments.html#anchorComment

 

et voici la vidéo :

 

http://youtu.be/Ojm9-aCkqXU 

Quand se soulève la brume de samain

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Art de Galya Popova – Russie –

 

 

 

(deux poèmes mûris en ce mois de novembre où l’été semble si loin et l’enfance aussi… alors pour faire passer cette ambiance de
samain un tableau plein de fraîcheur)

 

 

 

C’est la saison où les yeux se ferment de fatigue

 

 

la saison s’avance comme bannière d’effroi

doudoune et jambières sortent des placards

qu’elles y restent et que ma mère au coin du feu

ne se consume pas cet  hiver en  pleurs et
plus

 

arbres amis murmurez tendresse

qu’un nom s’immisce dans vos ramures

demain en main et feuilles soupirs

en recueillement où transfuse la joie

 

 

*

 

tours et détours en trompe-ennui

les bosses des jours ratiocinés

le poids de la vie  trottin-menu

et la fatigue sans insomnie

tirent les paupières-rideau

sur
la jeunesse des femmes

 

 

 

 

 

 

Broderie de nuit sur icône nourricière

 

 

 

Je brode la mort du ciel

sur la chair de ma vie

que la peau du silence habille

 

 

seules

des paroles meurent d’ombre

de trop plein d’absence

murées dans le vivant de l’esprit  

leurs ronces me paraissaient belles

hier

 

 

l’âme cherche un chemin de mémoire

dans l’obscur d’un cœur résigné

il se fait si tard  

le temps de l’amour s’est étouffé

sous le poids du labeur des jours

 

sa raison épuisée s’incline

elle tombe

elle ne sait pas pourquoi elle

tombe

 

 

Je plonge avec elle dans cette nuit vertigineuse

et mot à mot je rêve les fruits de tendresse

que je brode sur l’amer de ma vie

 

 

 

*

 

 

 

 

Dire sans brûler

l’amour trop sensible

 

 

Dire l’informe d’une pensée

qui suit son cours

abandonnant sur la rive

l’amer de l’enfant-sourire

 

 

Dérive à perpétuité

d’une tendresse clonée

oublieuse des Je vous salue Marie

murmurés aux portes du sommeil

comme autant de tentatives

pieuses de fusion






Carmen P. 

 

Le cercle enjeu

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Le cercle enjeu

 

 

Une main donne la main à la main

et forme la ronde des jeux enfantins

 

elle se forme — accélère — s’élargit

se déforme — décélère — s’amenuise

 

Gare à l’espiègle qui brisera la chaîne

il se verra banni du cercle magique

 

Les yeux fixent l’eau tranquille d’un lac

cerné de bras-lances et de transes criées

Les pas en musique suivent la cadence

 

Dans le vertige du centre

l’illusion d’un sourire

(une grimace-discipline)

Pas l’onde d’un faux-pli

sur la farce des jours

 

Il y a méprise

la transe n’est pas de joie

elle dérive l’attention

 

Le rire autour du miroir

se perpétue — arachnéen —

La vie flotte prisonnière

de ses circonvolutions

 

la fantaisie condamnée ronronne

— le ronron convenu façonne—

 

Rien ne doit déborder

Tourne la danse autour du lac tourmenté

Incantations d’enfants bringuebalés hilares

 

Alors tressaille l’envie de resserrer  l’étreinte

— comme un nœud coulant —

son centre réduit en un point non suturé

laisse passer l’eau vive en lames de lumière

et les enfants joyeux s’éparpillent  pillent  pillent…

 

Dans le miroir déformant

la réalité défaille

et la jeunesse de passage

survole d’autres étages

 

 

Anéantis

les murs de l’école-musée

qui dresse des archers

comme des pierres levées

de Bretagne ou d’ailleurs

 

Devant sa psyché celle qui a rompu la chaîne

conte le champ de la vie sur la roue des saisons

 

.

Comme son corps — le monde

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Comme son corps — le monde

 

 

Elle se cache — se dissimule

puis disparaît — à moins qu’elle tombe

elle se relève… elle essaie de rester debout

maintenant une part d’elle s’éclipse

alors qu’elle tente de rassembler son corps

éparpillé en sharpnels

 

Son corps

plus tard elle en fera le tour

elle sait qu’il lui faudra dresser l’inventaire

tout passe par les sens et la vie s’efface

si on  ne les affûte pas

la peau – les articulations -les veines – les nerfs

tout ce qui réagit – vibre – pulse et se vrille

doit se détendre un jour

 

Elle s’est vue cette nuit

il était là alors qu’elle enlevait ses vêtements

son corps était mûr pour ce regard

sa pudeur pourtant ralentissait ses gestes

alors ses yeux d’aimant l’ont ignorée

il la savait belle /elle en doutait

comme un feuillu qui se dépouille

elle est allée au bout de son désir

et a accepté de se montrer nue

 

Au matin  ses yeux et ses pas enfin accordés 

ont donné raison à son  corps

et le monde s’est reconnu il  ne s’est pas couché

car pour tout homme tombé c’est un monde qui s’écroule

 

 

 

.

 

(croquis rapide d’atelier – Carmen P. – mai 2012)