Balbutiements

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Balbutiements

 

 

Une présence juste réveille l’espace

à l’instant même elle trouve sa place.

 

Les paroles brouillées sculptent les pensées folles

et les cris étouffés, sur la croix des mots,

clouent le mohair des ombres.

 

Les vents contraires sacrifient l’en Vie

mais à la fourche  du jour et de la nuit

une spirale s’anime dans un poudroiement de voyelles.

 

.

Le mont Fuji

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Le mont Fuji
 
J’ai admiré le mont Fuji dans la
mémoire de mes descendants

toi
tu voyages au Pays du soleil levant

J’ai parlé l’anglais telle une langue maternelle
toi
ta patrie est devenue l’Amérique

J’ai cuisiné les mots et éduqué des enfants
toi
tu es l’artiste des mets et tu dresses les plats

Oh mes garçons, mes amours
!

J’ai vu vos aimées
et je les ai reconnues
Je fais des rêves de papier
qui se consument en s’animant

Ombrelles et confettis
Danse du Dragon
et Galop de Cheval


La terre est un manège
où tous les soleils du monde
parfumeront la peau
de mes petits enfants
où toutes les langues
vibreront par leurs voix
et la vie chantera
dans mon corps au centre
et votre sœur absente
avec nous se réjouira
 
.

 

Migrations

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Migrations

 

 

toute entière à la tristesse
épuisée
par la coupe des saisons
elle s’arrime mon âme
au vol des oies sauvages

 

noire
la crinière flotte dans le pré
où les sabots martèlent
enfer

 

la fille de l’air
ne peut protéger ses enfants
des tourments de la terre
elle ne sait que voler
et invite à la voie haute

 

par l’amour elle vit
pour l’amour elle meurt

 

son cœur scande le vide
quand parole et confiance
se heurtent aux épreuves
et disloquent son ouvrage


*

 

les instants passent
sans laisser de trace
quand la pensée fuit
les courants d’âme

 

déjà
dans l’aquatinte du regard
défilent
les ombres

 

ohcomme ces rêves
nés des espérances mortes
ouvrent à la mélancolie
lorsqu’ils nous ramènent
sur nos chemins d’amour

 

amantsamisenfants
autant de blessures
que de tendresses – de vies – données

 

mères du passé
– cœur de familles nombreuses –
où cachiez-vous vos larmes ?


*

 

les enfants naissent des larmes
versées par toutes les mères

 

elles
irriguent la terre
ouvrent des chemins d’espérance
que d’autres mères pleureront
quand ils se refermeront

 

*

 

c’est l’automne

 

pour la première fois
j’ai vu un vol d’amour
migrer vers une terre d’enfance

 

il reviendra au printemps
d’instinct
je perçois son retour

 

.

 

Patchwork

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 Patchwork floral (un de mes pastels)
 
 
Pour vous un patchwork poétique de quelques poèmes courts ; des brins de pensées poétiques !
 
Contours
non pas deux mais un
sans début ni fin
vide et pleine
à la fois………………je suis
une larme de lumière
peu importe l’heure
en tout lieu s’apitoie
………………………..l’éternité
au bord d’une larme
……………………….retenue
*
 
 Si lent ce bonheur
 
le bonheur évite l’homme heureux
il a déjà le ciel dans la tête
le feu au fond du coeur
…………………………tout en dedans
 
il ne cherche pas au dehors    
les franges d’un monde meilleur
 
quand le soir arrive    
il sourit à l’avenir    
ses mots taisent    
la transparence frileuse
 
*
 
Pars, dessus !
 
Qui a coulé cette chape d’indifférence    
sur la symphonie qu’en silence    
la nuit magicienne compose    
à  l’heure des suprêmes dons    
quand l’esprit au cœur repose ?
   
L’adieu est un pardon    
qui détonne puis s’envole.
   
*
Petit Poucet
     
la lanterne bleue de l’amour    
éclaire en moi les terres    
si tu te perds    
dans l’ océan immense    
je deviendrai pour toi amer    
multiple    
vois   
ces paroles    
ces murmures    
ce souffle    
cette tendresse    
alignés
  
*
     
À  l’ombre
   
J’ai vu dans l’onde    
un poème froid    
frétiller comme un gardon    
Je n’ai pas voulu le pendre    
alors il a roulé
   
jusqu’à  ce qu’un ange    
le caresse de ses ailes noyées    
mon sang s’est glacé    
ma peau de pierre    
est tombée….ma plume    
d’eau s’est gorgée    
 
elle peint des mots qui s’évaporent    
lorsque passent les nuages
   
*
 
 
 

De terre et d’oubli

 

 

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De terre et d’oubli

 

 

le manège des siècles
tourné par dizaines
a effrité l’argile
de l’armée enterrée

 

sous le tumulus amendé
du fond de l’opacité sans âge
des milliers de soldats
veillaient sur le sommeil
éternel de leur empereur
tandis que pleuraient
les âmes des concubines
sacrifiées à  l’inépuisable
folie
des grandeurs destructrices

 

les sculptures doucement
à la terre retombaient
quand puissantce magma d’art brut

a éventré la montagne
– temple de l’armée dormante –

 

l’homme s’agenouille
et œuvre à la reconstruction du passé
il se glisse dans l’élan créateur
le ravive – l’offre aux regards –

 

et passe le souffle de l’Histoire
dans le grand corps de l’humanité

 

inaudibles
se libèrent les plaintes
des épouses oubliées

 

Au jardin présent

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Au jardin présent
 
Il est une source
dont l’eau serpente
souterraine
vers ce jardin d’elle
enclos de haies vives
– un écrin de cristal où l’âme végétale
baille aux étoiles et frissonne des racines –
 
 
L’eau trace son sillon
en long ruban de Lune
elle enlace ce bout de terre
 
 
Au présent de lui
sous la candeur du temps
chaviré
……….d’algues douces
 
 
il est un jardin d’elle
.
 

Les coquelicots

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Les coquelicots

Les
coquelicots vibrent de leur présence

sur le tableau achevé…

Un jour
j’accrocherai aux cimaises
des soleils à brûler l’impossible
je punaiserai au plafond
des mots couleur de sang
et mes bannières criardes
danseront au vent de ma fantaisie
j’écartèlerai l’espérance
je dilaterai l’espace
repoussant ainsi les murs
de la matrice créatrice
Délire

La fleur de pastel de terre et de pétales
mêlée

pénètre ma peau…Sanguine

Maintenant
A l’heure de la marée
il pleut des larmes pourpres
sur mes plages imaginaires
et la houle chavire la grève
où je me suis échouée
les brisants emportent mes rêves
ils roulent, s’entrechoquent, éclatent
Déchaînement
J’attends le reflux
là de mes mains écorchées
je rassemble mes brisures
mes doigts n’effleurent
que pierres polies
Etonnement

Je regarde le ciel d’hiver, matin
frileux

horizon ouaté…pureté

Aspiration
Du faîte de mes passions
vivre à ciel ouvert
ma Vie à corps d’arbre
et bien enracinée dans mes certitudes
insuffler l’Amour dans ma sève
Simplement…

Le blanc sur mes tableaux aura le dernier mot.

Horta

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Horta

 

 

Le cri est au cœur

ce que le geste est au corps

un mouvement qui trace

dans l’espace et transporte

notre essence au-delà

des limites convenues

des silences corrompus

 

Grâce, j’appelle la grâce

– l’harmonie naturelle –

pour des gestes et des voix

torturées

 

On baptisait l’homme en l’immergeant dans l’eau

Aujourd’hui, il doit se baptiser lui-même

en émergeant de la roche

L’être se construit et se déconstruit

Il se façonne et conquiert son espace

Il érige les parois qui le protègent

Il les fragmente ensuite pour renaître fragile

 

Horta de Ebro face à ta montagne

se devinent les visages

leurs facettes s’animent

– des tableaux cubistes –

ils deviennent bas-reliefs

et sortent péniblement

leurs traits des parois

expression tendue – un rictus –

illusion d’un sourire de chair

qui redevient grimace

dans la souffrance de l’effort

 

Un instant je recule

devant la monstruosité

de ce corps qui émerge

articule des sons inaudibles

 

Crainte que ce colosse

parvienne à s’extirper totalement de la masse

 

Crainte que cette sculpture s’écroule

 

Crainte qu’elle s’empare de moi

 

Ne redoute pas l’homme qui brise les remparts

qu’il a érigés autour de sa personne

l’ isolant du bonheur

 

Ôte ce masque

dont tu sens

l’inévitable délabrement

 

Libère-toi !

 

Une larme blanche

 

éclatée de la roche

 

tombe à mes pieds

.

.

.

 

du sang

 

 

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 (la photo de Horta est de Gilles P., le tableau de Picasso)

La grande vague

 

La grande vague

 

La vague déploie sa ligne
que le vent contre les brisants pulvérise
que le mouvement de l’eau
sur le moindre coquillage émoustille


Où est la limite
entre le sable et la moiteur qui fuse
entre la raison et la folie
entre la rage qui sculpte l’onyx
et la matière qui se prête ?

 

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– Camille fait voler son burin –

 

Où est la limite
entre la puissance de la vague
et la vulnérabilité humaine
quand jaillissent les tentacules d’écume
devant le Mont Fuji impassible ?

 

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– Hokusaï  dompte les forces obscures –

 

Horizontalement
la silice du sable-buvard absorbe
l’humidité de la vie

 

Verticalement
le bleu de Prusse se jette à l’assaut
de l’espace-feuille si pur

 

et
la vague
comme un grand pétale élance ses arcanes

 

Des baigneuses insouciantes dansent
dans la main verte d’une somptueuse vague
Des pêcheurs dans leur embarcation
suivent le rythme d’une symphonie marine
Ce qui vibre dans le cœur de l’artiste
joue sa partition sur l’échiquier de l’univers

 

Tandis que le sol rampe sous la mer
les ailes de l’albatros l’élèvent
loin de l’épicentre de la douleur.

 

Eau, écorce, feu !

 

Soleil caché au noyau de l’orange
où sommeille la puissance…… à la périphérie
se cherche la limite  entre toi et moi

 

Je porte terre en mon âme 

L’épreuve de mon visage révèle le souvenir
de l’empreinte de tant de sourires
mais  la ligne a déchiré de ses griffes
toutes les présences
ne laissant que lambeaux éparpillés
et des parfums
que les années ne parviennent pas à dissoudre

 

Ces dilutions infinitésimales concentrent la joie
sans jamais atteindre l’extrême pointe
de la vibration du rien absolu

 

Une ligne de sel sur mes joues dessine les résilles des jours évanouis

Quand viendra-t-il  le temps qui jamais ne se refermera ?

 

À  jamais  l’instant  reste suspendu à la crête d’une vague que l’artiste a figée

 

Why, et puis…

 

 

Un peu de couleurs pour aujourd’hui.

Je vais commencer par Emily Dickinson, à qui je dédie ce poème que je vois rouge.

Le dessin est de mon fils Killian.

 

 

 

 

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Emily, as-tu su à la fin du temps

quand tu as cessé de demander pourquoi 

Dieu a-t-il éclairé chacune de tes angoisses

dans la belle école du ciel ? 

 

Confondue pas sa souffrance

en as-tu muselé ta goutte d’angoisse

Qui pourtant te brûlait

Qui pourtant te brûlait

 

Cette douleur ne s’est-elle pas fondue dans l’amour

et apaisée retombe en larmes sur terre

irriguant la glaise de ceux qui survivent

les mains sur leurs peines et l’âme en veilleuse 

 

 

 

*

 

 

 

La terre n’est-elle pas bleue comme une orange ?

 

Je vous fais un dessin.

 

 

 

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Ecorce et puits

 

 

Sous la finesse de la peau

qui enchâsse les rêves

une chair parfumée et juteuse

gorgée de toutes nos aspirations

lavée de toutes nos craintes

attend la percée d’une fêlure

pour féconder nos rivages

 

Carmen P.

 

 

*