
Les humains les redoutent.
Ne les accusez-pas, enfants de la Terre !
Votre condition taille dans l’indifférence
des falaises votre conscience.
Pourtant l’oreille collée à la paroi
vous entendez pulser le flux de vie.
Rien n’est perdu !
Surprenez-vous, osez prononcer
des phrases dictées par les lois du coeur.
Inventez-vous des veines
qui se prolongent dans tous les états
de la création. Des chemins de reconnaissance
avec toutes les étincelles joyeuses qui pépient
comme hirondelles dans leurs nids accrochés
aux poutres de vos ignorances.
Ecorcez vos résistances et acceptez
que la vie se dénude à l’infini à vos yeux
de peintres visionnaires que le réel
a aveuglés. L’aspiration à la lumière
laisse présager l’heure d’un pacte.
(Le poète est bien piètre messager
qui court après les papillons des mots
et s’émerveille de leur légèreté
sans jamais en apprivoiser un seul,
mais le poète est coutumier
de ce regard qui transperce les apparences)
Surgies des clairières où elles se jouaient
de la lumière, elles ont devancé les enfants
dans leurs farandoles et jusqu’au bord
des falaises les ont conduits. Voyant
ces compagnes bondir légères
au-dessus du vide, ils ont oublié,
l’attraction de la terre, tout comme
les Néréides dans leurs élans oublièrent
que les enfants des hommes ne sont pas
des cabris, ni des elfes. Confondus dans le même jeu,
la chute des enfants les a entraînés vers la mort,
les blondes créatures se sont disséminées emportant,
en toute innocence, leurs rires.
Les jeunes gens attirés par d’autres jeux solaires
ont pu oublier toute prudence et rechercher
la présence de ces dames de lumière
mais on ne s’approche pas impunément
des soleils, fussent-ils de Terre.
Ils en ont, pour certains perdu
la vue et la raison… contre
un enchantement d’éternité.
Telles sont les légendes,
mais qu’en pense le poète ?
Il reconnaît l’insouciance
la légèreté de ces créatures
qui n’agissent que par nature
et jamais par intention
mauvaise. La lumière
est leur alliée que l’humanité
n’a pas encore maîtrisée
et elle en paie le prix
Les nymphes peuvent bien
bercer les rêves des hommes
d’un doux balancement
des frondaisons
mais humains et esprits
ne se joignent que dans
l’inconscient, au festin
des noisettes jamais
ils ne trinquent
pourtant la lumière
aime les hommes
autant que les fées
le poète a parfois
vu sa mère fêtée
par la lumière
subite
il a pris le chat
complice de
son secret
Il a pris
le chat
et l’a rendu
à l’ombre
.
Carmen P.
(tableau : Louis Emile Anquetin)