Tristesse et joie

Nicolaï Titov

La tristesse s’installe
chaque jour je l’époussette
elle défie mes aspirations
invisible, sous panache « clean ».

La joie parfois improvise
un ballet d’étincelles sauvages
qui éclatent en mirages
puis se laissent choir, désordonnée.

C’est à prendre ou à laisser
tristesse et joie se succèdent
à moins que ne cohabitent
ces anges en nos ciels capricieux.

Carmen P.

(photo Nicolaï Titov)

Toiles étoiles

contre-jour Wilson Tan
(photo Wilson Tan)

.
des toiles en ton sombre intérieur – tais-toi !
des étoiles au printemps élèvent leur chant
leurs aigrettes avec le vent conversent
chaque fibre exerce son balayage
de tristesse et les capillaires lissés
jusqu’au détachement s’électrisent

l’aura se révèle capteur de lumière

.
Carmen P.

Le pot d’argile

pot d'argile

Un pot d’argile
jamais ne vaudra
la pleine terre
où fourmille l’envie

Reléguée au coin
– angle de contrition-
la fleur s’épanouit
au boîteux d’un espace
auquel son flétrissement
accordera sa grâce

.
Carmen P.

Sculpture sur bois

sculpture Debra Bernier

(Oeuvre : sculpture de Debra Bernier)

.
Le bois grave ses propres sillons
qu’il suffit à l’artiste d’appuyer
laissant aux figures encore sauvages
leur espace de discrétion

L’offrande d’une plume niche
le respect au sein du non-révélé

.
Carmen P.

Chronique de « Nuit celte, land mer »

Couverture Nuit celte, land mer - Copie

Voici le lien vers une chronique de L’Ecritoire des Muses. La note sur le recueil de poésie « Nuit celte, land mer  » a été réalisée par Annie Forest-Abou Mansour.
J’espère que ceux et celles qui ont lu ce recueil y retrouveront leurs impressions de lecture.

http://lecritoiredesmuses.hautetfort.com/archive/2016/05/07/nuit-celte-land-mer-5798931.html

(si le lien n’apparaît pas je le remettrai en commentaire)

Comme je ne parviens pas à mettre le lien, voici le copié-collé du texte :

Les côtes d’Armor, Brocéliande, l’Océan, l’œuvre de Dariusz Milinski, des univers oniriques, sources d’évasion, de bonheurs fugitifs ineffables, d’inspiration à travers lesquels tout un développement, à la fois symbolique féérique et réaliste, immédiatement sensible perle dans le recueil de poèmes Nuit celte, land mer. L’écriture ailée, vaporeuse de Carmen Pennarun fait vibrer les sensations les plus ténues, mêlant couleurs, fragrances et sons. L’intensité éclatante du silence (« dans un silence à briser / la confiance du cristal ») parfumé, (« silence camomille ») met en valeur les bruissements les plus ténus de la nature, « clapotis », « voix de la mer », qui « infuse le son / vert dans le silence ».

Les plaisirs et les bonheurs fugitifs nés dans la nature saisissent l’essence des choses, la cristallisent dans une contemplation permettant l’accès à l’éternité, déployant une transfiguration quasi mystique du monde. La nature, lieu de refuge, faune et flore liées, devient bijou fragile et léger : « Etoiles sur lande /perlées de gouttes de pluie / œuvres d’araignées ». Arbres et plantes, sources de vie, d’oxygène, vivifient « les hommes affaiblis par la vie ». L’arbre, végétal au cœur de vieux sage « offre ses ramures en prière ». C’est un solide ami, toujours grandiose et majestueux jusque dans la mort, « Alors nous verrons ce monument / accoudé au sol une saison ou plus / tel un grand phasme végétal / – sa vie en suspens refusant l’affalement – / tenir la pose, constant dans sa gravité ». Il apporte la paix : « Le safran d’un geste respectueux endigue la haine ». La nature constamment personnifiée avec délicatesse et élégance (« (…) dans la nudité d’une présence qui offre son espace à la robe nature d’une nébuleuse verte » ») permet à l’homme de retrouver son authenticité, son humanité : « Le nichoir est un don, une boîte à rêves humains, que l’oiseau accepte parfois pour ramener l’homme à son humanité (…) ». La nature fait surgir de chacun de ses coins les plus secrets des apparitions enchanteresses permettant d’oublier un instant « les gifles du temps », la nostalgie qui souffle dans le cœur de chacun.

Dans des poèmes qui ont abandonné les rimes et la ponctuation, les syllabes féminines introduisent les phrases dans une sorte de lenteur et de points d’orgue, les sons masculins créent des échos dans lesquels la vie s’épanouit à la faveur de synesthésies parfumées, colorées, vibrantes : « L’étamine d’un frisson / s’envole d’aiguillon / d’une effluve améthyste / où vrombit le bourdon / la glycine hausse le ton ». Les mots rares, pittoresques, la pureté des images sculptent le réel dans un refus de la pesanteur. Les poèmes de Carmen Pennarun, – poèmes en vers libres, poèmes en prose, haïkus, – sont tout en légèreté vaporeuse, délicate et élégante comme l’aquarelle de la couverture du recueil. Ils disent le plaisir d’écrire et invitent aux joies de la lecture.

Annie Forest-Abou Mansour

L’instant félin pour l’autre

chat et livre

 

L’image m’a interpellée. Quelques mots ont surgi qui se sont transformés en texte qui pourrait devenir chanson !

 

Je pose mon museau, mes pattes, sur les mots

tout imprégnés de l’attention de mon maître

J’incline mon regard sur ces minuscules

qui ne sont pas souris mais ont du caractère.

 

Parole de chat n’est pas mensonge

Parole de chat est à prendre à la lettre

Cet analphabète est d’un naturel zen

 

Je ne laisse pas les papillons des feuilles

taquiner mes moustaches, je les arrête

sous le velours de mes coussinets, griffes rentrées.

Je suis le portier des mots et je marque page.

 

Parole de chat n’est pas mensonge

Parole de chat est à prendre à la lettre

Cet analphabète est d’un naturel zen

 

Grâce à moi,  mon lecteur retrouvera  toujours

le fil de sa phrase quand l’envie  d’un instant

félin l’attirera vers son livre et  vers  moi.

L’ imaginaire ne me volera pas mes caresses !

 

Parole de chat n’est pas mensonge

Parole de chat est à prendre à la lettre

Cet analphabète est d’un naturel

 

Le chat a mille fois raison ; la priorité

est bien la tendresse et les ronronnements

valent tous les caractères, ils s’impriment

au cœur de notre être et libèrent l’esprit

 

Parole de femme n’est pas mensonge

Désir de femme est  tout velours et dentelle

quand de ses griffes elle attire le mot Amour

 

Carmen P.

 

.

Le nid

 

mariana kalacheva.

Peinture : Marina Kalachara

 

L’amour tissé d’osier se nidifie autour de la famille

mais c’est au coeur de la vie de chacun qu’il s’installe

et quand, un jour, les ailes – inévitablement – emportent

les fils et les filles vers les courants d’ailleurs auxquels

ils aspirent, c’est par le simple don de la confiance

qu’ils parviennent à essaimer – en retour – l’énergie

qui les habite… et le nid jamais ne se vide

tant que palpite encore un soupçon d’amour

car toute vie ne s’entretient que par le feu

dont chaque visage révèle le flambeau…

… laissons-nous bercer dans la coque de noix

que nous offre le vie, celle que nous rêvons

à chaque instant et que la Terre façonne

au gré des émotions qui nous traversent

 

Un penchant d’éternité tend à stabiliser

le curseur sur la terre vierge des possibles

le ground zero où se renouvelle sans cesse

l’assurance d’être enfant aimé par existence !

 

Carmen P.

Sensations

fleurs blanches

 

Si vous tenez l’oiseau, prêt à chanter, dans le creux de vos mains,   vous ressentirez un ondoiement  progresser le long de son corps familier de la joie du vol. Cette vibration  – même si une ombre bleue nous ligote – est un tremplin à notre propre envol.

Une note se réveille en nous et décolle.

*

Le silence parachève la création,

il ouvre l’espace du renoncement, c’est dans l’antichambre de l’imaginaire

que les mots du poète — pareils aux enfants des hommes —

se recueillent avant de partir arpenter le monde.

*

Le lever du soleil intime n’est pas un rendez-vous quotidien.

Pourtant, si notre corps est un monde  à lui seul – pareil à la Terre qui l’héberge – il est  évident que le soleil se lève en nous chaque jour et  les nuages de l’existence ne devraient pas nous inciter à renier ce mouvement, si naturel, qui rythme toute vie.

*

On s’invente des chemins, qu’on abandonne à un moment ou à un autre.

De toute éternité il n’y a jamais eu de chemin… On déboise et de nouvelles pousses viennent aussitôt fermer l’espace à peine ouvert. Un effacement de l’œuvre humaine semblable à la fluidité du sable…

Notre chemin nous le traçons au jour le jour, mais nous n’avançons pas dans la nuit, car – et je pense à Rilke qui dit dans les Eligies de Duino  » Etre ici est une splendeur » – nous n’avons à prendre conscience que de l’instant présent. Ce qui importe est ce que nous traversons ou ce qui nous traverse au moment où nous le vivons, sans tentative d’arrêt sur image… et je me demande  si, par l’écriture,  je n’arrête pas les sensations et les mots au lieu de les laisser filer !

Je me rassure en pensant qu’il est fort possible qu’en écrivant je déboise un chemin qui m’est nécessaire et que la végétation d’autres pensées rendra au foisonnement de la nature – à moins que le temps et le silence s’en chargent.

*

(en regardant passer un nuage)

– Quel étrange nuage !

– … comme un long vaisseau bleu

– Il n’est pas bleu il est blanc !

– Regarde mieux !

(et ces fleurs qui dansent dans le vent)

Quelle étrange floraison

la chlorophylle épanouit ses élytres

sur la délicatesse en pétales

au terminal de ces hampes

impatientes de lumière

qu’un désir de légèreté

soulève

 

L’évanescence des êtres

qu’ils soient d’air ou de terre

renvoie si peu la couleur

.

Carmen

L’enfant silence

Cette enfant silencieuse éveillera peut-être plus d’intérêt que la chanson précédemment partagée.

enfant et poule

elle est toujours aussi silencieuse
mais sa présence demeure grâce – aux cieux
elle témoigne d’un mouvement perpétuel
que l’amour sans cesse renoue d’elle
cette enfant qui nous veille portant un regard
de rêve comme doublure sur notre réel

elle est la vie à laquelle l’imaginaire
maternel refuse d’accorder son oubli

elle est le pardon qui se tend confiant
depuis l’outre-monde et enfante
nos évolutions familiales

.

Carmen P.

Ecoute-toi (musique)

IMG_8230-Copie

Un texte mis en musique par Michel Bonnassies,  à écouter

[*flash(200,20)]http://www.archive-host.com/dewplayer2.swf?mp3=http://www.aht.li/2850201/Ecoute-toi.mp3&autostart=0&autoreplay=0&showtime=1[/flash]

Apparemment le lien ne passe pas ici, mais il passe dans mon commentaire qui suit. Cliquez sur le lien du commentaire. Merci.

 

 

IMG_0001-10-