Le voile déchiré

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Le voile déchiré

 

 

Elle avait déchiré le voile et elle souffrait,

infiniment. Ses maux griffés dans le silence

d’une chambre de jeune fille troublaient son âme

 

Elle ne possédait de la vie que mille voix

qui la  hantaient, la laissant là sur le carreau

brisée, parmi les tesselles de ses rêves.

 

Seule, elle écrivait :

 

« Citadelle enflammée au bout du mirage…

Et l’avenir se retourne

Sur les pas de l’homme qui marche… »

 

N’oubliez pas l’enfant que le lait maternel

n’a pas nourri. Sa vie était de famine

et sa mort certaine. Le corps fuit la citadelle.

 

N’emmenez pas l’enfant, il n’est pas oublié,

il dort dans la mémoire des vivants qui l’aiment,

son absence est un éveil que les pleurs trahissent.

 

Seule, elle dansait :

 

« Noé a brûlé son Arche

Et la jungle s’est faite reine

Au milieu des catacombes… »

 

Les songes qui l’habillent sont les labyrinthes

où l’homme se perd tandis que sa robe froisse

la sauvagerie d’un monde inaccessible.

 

Etrangère à la jungle elle se pare de grâce,

s’excuse de ne vouloir annoter, à l’encre

noire, les lignes que traverse un arc en ciel.

 

Seule, elle pense encore :

 

« Les ordures fleurissent par tous les temps

Et la dent arrache les pétales.

Pour manger l’âme hostie ! »

 

À la lisière de l’éternité je tends

des feutres de couleurs, afin que s’écrive

la fleur d’espoir, avant l’extinction du soleil.

 

Erin (Carmen P.)