Le cercle enjeu

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Le cercle enjeu

 

 

Une main donne la main à la main

et forme la ronde des jeux enfantins

 

elle se forme — accélère — s’élargit

se déforme — décélère — s’amenuise

 

Gare à l’espiègle qui brisera la chaîne

il se verra banni du cercle magique

 

Les yeux fixent l’eau tranquille d’un lac

cerné de bras-lances et de transes criées

Les pas en musique suivent la cadence

 

Dans le vertige du centre

l’illusion d’un sourire

(une grimace-discipline)

Pas l’onde d’un faux-pli

sur la farce des jours

 

Il y a méprise

la transe n’est pas de joie

elle dérive l’attention

 

Le rire autour du miroir

se perpétue — arachnéen —

La vie flotte prisonnière

de ses circonvolutions

 

la fantaisie condamnée ronronne

— le ronron convenu façonne—

 

Rien ne doit déborder

Tourne la danse autour du lac tourmenté

Incantations d’enfants bringuebalés hilares

 

Alors tressaille l’envie de resserrer  l’étreinte

— comme un nœud coulant —

son centre réduit en un point non suturé

laisse passer l’eau vive en lames de lumière

et les enfants joyeux s’éparpillent  pillent  pillent…

 

Dans le miroir déformant

la réalité défaille

et la jeunesse de passage

survole d’autres étages

 

 

Anéantis

les murs de l’école-musée

qui dresse des archers

comme des pierres levées

de Bretagne ou d’ailleurs

 

Devant sa psyché celle qui a rompu la chaîne

conte le champ de la vie sur la roue des saisons

 

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Comme son corps — le monde

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Comme son corps — le monde

 

 

Elle se cache — se dissimule

puis disparaît — à moins qu’elle tombe

elle se relève… elle essaie de rester debout

maintenant une part d’elle s’éclipse

alors qu’elle tente de rassembler son corps

éparpillé en sharpnels

 

Son corps

plus tard elle en fera le tour

elle sait qu’il lui faudra dresser l’inventaire

tout passe par les sens et la vie s’efface

si on  ne les affûte pas

la peau – les articulations -les veines – les nerfs

tout ce qui réagit – vibre – pulse et se vrille

doit se détendre un jour

 

Elle s’est vue cette nuit

il était là alors qu’elle enlevait ses vêtements

son corps était mûr pour ce regard

sa pudeur pourtant ralentissait ses gestes

alors ses yeux d’aimant l’ont ignorée

il la savait belle /elle en doutait

comme un feuillu qui se dépouille

elle est allée au bout de son désir

et a accepté de se montrer nue

 

Au matin  ses yeux et ses pas enfin accordés 

ont donné raison à son  corps

et le monde s’est reconnu il  ne s’est pas couché

car pour tout homme tombé c’est un monde qui s’écroule

 

 

 

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(croquis rapide d’atelier – Carmen P. – mai 2012)

Instants

 

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    Le phare de « Two Lights » peint par Edward Hopper 

     

Instants

 

 

Two lights

 

l’oiseau rehausse………….…..ses plumes d’ambre

puis trace — du couchant vers l’Est — sa parabole

 

le bleu du ciel.. …de rose et mauve….. s’emmielle

 

ton phare……Hopper……garde sa couleur silence

un cri chaud de sirène —  au loin  — la
transperce

 

 


Croissance

l’homme est un rêve de silence
il vit en mode utopie
dans un monde de chimères

le brin d’herbe babille
fier de son manchon de lumière

 

 

 

L’élan

 

elle était l’élan

qui vers toi accourait

 

un geste — un soupçon

aurait brisé ses ailes

 

un signe — un sourire

et la courbe de ses bras

a bouclé l’étreinte

 

 

 

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(instants qui participent au sujet de la quinzaine proposé par mil et une) 

Mariage

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Mariage

 

C’est il y a trente quatre ans que notre enfant a vu le jour

Pour nous il était Prince dans la maison

Nous l’appelions notre petit loup

Tendrement, nous l’avons protégé. Lui, attendait un appel…

Non, pas l’appel de la forêt toute proche,

mais celui bien plus vaste à l’échelle de l’univers.

Etait-ce déjà l’Amour ?

Celui dont on ne mesure pas l’étendue,

même si on sait très bien où il a commencé ?

 

L’amour trace son chemin
dans le cœur de chacun.

Jeune, on s’y promène seul en rêvant à l’âme sœur.

Un jour, on s’aperçoit que deux sentiers fusionnent.

À nos côtés, une présence suit notre propre trajectoire.

Avec elle, c’est l’évidence, nos natures s’accordent

et la vie, enfin,  paraît plus souriante.

L’amour est cette présence espérée

qui comble l’absence ignorée.

En silence, il murmurait un nom : Kristin

 

L’amour ne choisit ni le
temps ni l’espace pour se poser

Il ne se cherche pas il se trouve dans le courant de la vie

 

Aimer, serait-ce déjà un
désir de partir ?

Ce désir d’aller de l’avant qui te poussait  enfant

à poser des Pourquoi, à imaginer les réponses

en attendant de pouvoir les vérifier par toi-même

Les difficultés des départs jamais n’ont découragé ta marche

vers des horizons nouveaux et des découvertes passionnantes.

Oui

Il a bien fallu que tu partes, et nos  bras, progressivement,

ont desserré leur étreinte, se sont ouverts à cette vie

que tu devais construire en l’imaginant, pas à pas.

Kingston t’attendait et rien ne pouvait arrêter cet envol

ni l’amour de la famille, ni les menaces de pandémie

car d’autres bras se levaient – les rameaux de ton futur.

 

Aimer c’est bâtir un avenir
à deux

un avenir qu’un simple  mot engage.

Oui

votre attachement s’est déjà forgé

au fil des années que vous avez vécues ensemble.

Le mariage est un refuge qui permet de voir plus loin.

Tel un phare, il  éclaire l’océan de la vie

et guide sûrement ceux qui s’en approchent.

De ce promontoire, les jours espèrent

des époux un cœur ouvert 

à la clémence et à l’amitié.

 

Oui

ce refuge est faisceau

il est flambeau

à l’avant de demain

et vos parents, à la lisière de ce serment,

vous abandonnent en confiance.

 

 

[lu à deux voix le 8 septembre 2012 à Emerson Inn – by the Sea – (Rockport, MA]

 

 

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Le prix des jours

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Le prix des jours

 

 

Je pars en chagrin

comme on part en voyage

sous les cris du soleil

que les coups de malus

déchirent.

Les déboires sont des vrilles

qui percent des trous noirs

dans la lumière qu’ils désirent

et la lumière…..vacille.

 

Je pars en chagrin

et toujours je reviens

— un rituel —

L’amour est dans le pardon

que les trahisons rendent lucide.

Les promesses n’enliessent que l’ordinaire

la fuite dans ce magma

engouffre les larmes

— en elle ce puits que je redoute —

 

La vie frissonne au bout de tous les chagrins

et la liberté est dans chaque illusion

que l’on effeuille.

 

 

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Prière à l’enfant

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Prière à l’enfant

 

 

Mon fils premier né,

Merveille dans un monde

trop vaste pour moi.

Viens !

Ne reste pas dans ce berceau,

mon lit est un nuage bien plus doux

où je pourrai m’abreuver à la lumière de ton visage.

Mon corps affaibli par l’hémorragie trouve la force

de te porter là où tu seras tout proche de ma voix.

Tu ne dors pas ?

Tes yeux sont grand ouverts. Ecoute.

Ma chair ne t’enveloppe plus

mais je peux te voir mon amour.

Auprès de toi ma conscience veille,

je ne dormirai pas en cette nuit unique.

Sans doute ne te le dirai-je pas souvent,

il se pourrait même que tu l’oublies :

Tu es la plus belle chose qui soit venue dans ma vie.

 

Le coton maintenant nous recouvre

Peut-être est-il rude sur ta peau ?

Mais la vie, mon enfant, imprime sa marque sur la matière,

on ne peut que suivre son mouvement qui a ses raisons,

savourer le bon et laisser glisser ce qui nous contrarie

en  retenant ses leçons si nos émotions le permettent.

Ce monde est tout ce que mon corps de femme peut t’offrir.

Il est à prendre comme il est, il sera différent par ton sillage.

Oh oui, il y a un avant toi et un après, ainsi le perçoit une mère.

Tu es le visage divin dans toute sa vulnérabilité.

Je te baptise en mon cœur, mon fils :

au nom de l’Amour

au nom de la Vie

au nom de l’Esprit de l’Air, de l’Eau et de la Terre.

Je te présente en cette nuit à la vie sur Terre.

Puisse cette pureté des premiers instants

traverser des décennies.

Puisses-tu faire œuvre utile.

Tant de possibilités s’offrent à toi que mon esprit ne peut imaginer

En toi le secret de ton avenir et la liberté de le réaliser.

 

Je te l’ai dit, le monde est vaste, mon enfant.

T’accueillir me comble de joie.

Ton père demain nous rejoindra, tu as déjà senti sa présence.

Notre confiance est sans limite et notre amour éternel.

Un jour, tu trouveras ton Amérique et cela aussi nous réjouira.

 

 

Carmen P.

 

 

(Poème écrit pour le blog mil et une qui a proposé ce tableau comme thème de la quinzaine)

http://miletune.over-blog.com/article-priere-a-l-enfant-carmen-109731976.html

Costa Brava

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Costa Brava

 

La côte s’ensauvage

et sa beauté lascive

offre ses arches d’ombre

aux coulées de lumière

 

Souffle en creux et caresses

cristallines s’infiltrent

dans ces miroitements

goutte à goutte…

 

Vibrantes sur la toile

les couleurs dorent — me charment

tandis que la mer dodeline

ses coquilles — âge ruisselant de la vie

 

Entre le pinceau des cils

derrière la peau-pierre

l’azur du regard chavire

dans l’aime-robe turquoise

 

Rien n’abîme le paysage

où les pastilles d’essences

aériennes valsent sur terre

dans une feinte perpétuelle de nuances

 

La vie est une outre pleine de bleu

qui migre entre ciel et indigo

je bois son eau à l’écume du roc

je vague à l’or de la ligne d’horizon

 

 

 

Carmen P. S’Agaro le 6 août 2012

Le diamant noir

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Le diamant noir

 

 

Dans l’immobilité transparente
le silence déploie l’éventail
de ses lames d’air envoûtantes.

 

Tout de noir nacré
il module la couleur
aux tentations de lumière.

Gemme crépusculaire
en lui se cristallise
la part vibrante de l’ombre
autour d’une pépite de misère.

 

Une ponction de son inflorescence
révèle   oh microcosmique analyse
que la joie trafique

les reliques         de la douleur.

 

Obscure beauté
qu’une danse de lumière
réveille !

 

Le vivant est manifeste
né d’un flirt aux reflets
mordorés que le blanc
habille de sa parure
nuptiale.

 

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La nature en piste

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La nature en piste

 

 

Tendez la main

aux petits pas fins

qui élisent silence

dans le bruissement

des espaces zélés

 

Ecoutez…

la cigale ne chante pas

elle rompt le calme

et la fourmi

en est toute désorientée

 

L’une stridule, l’autre mandibule

 

La nature offre à la cigale la blancheur

tactile d’un chemin de son, elle abandonne

la fourmi à l’encodage de ses pistes

aléatoires

 

L’enfant regarde, il est l’œil dans le bec de la vie

et rêve à la grande personne qu’il sera

 

Mais homme…. il ne se retrouve

que dans l’effondrement

de ses tours d’orgueil

quand les illusions se retirent

et que demeure

l’œuvre du silence

à faire naître

dans un mouvement

de petits pas fins

qu’un chant de cigale

accompagne

 

 

 

 

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Iris de Terre

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Iris de Terre

 

 

 

L’œil était de marbre

fendu jusqu’à l’os

dans un nid de paille

ouvert à tous vents

 

 

Du silex des mots

jaillit l’étincelle

cueillie au plus fort

de l’humain

 

 

Terre affaissée ivre

sous un ciel de pluie

courbe 

la vie et dessine

ses rêves

sur un tapis de vaches

maigres

 

 

Taire la nuit

où respire encore

un soleil fantôme

et couvrir le silence

d’un chant de neige

nomade

 

 

 

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