Eden Blue

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Eden blue

 

 

minuscules sons….. les vers suspendus aux feuillées que l’été ensoleille

 

des fils invisibles laissent le non-végétal tendre vers le sol où il s’anime

 

rampe le serpent sur l’écorce terrestre et la clarté – électrique – danse sur ta peau

 

couleur denim pour ma jupe et corsage lavande

pieds nus sur tapis de pâquerettes

 

l’ombre naturelle efface le péché originel

et nos mois s’oublient sur l’herbe folle de nous

 

la ligne bleue sur mes paupières est artifice — tente-t-elle d’imiter la lumière des fées-

-fleurs des champs : la verge d’or, la campanule et la dentelle de la carotte sauvage ?

 

la bruyère un peu plus loin sur la roche se dore auprès du sorbier des oiseleurs

 

les ailes d’érable et le pollen jaune du tilleul dans l’air

 

tu m’offres une rose largement ouverte  et deux pétales rouge-corail se déposent sur ton
sexe

 

papillon jaune, papillon blanc et ces deux pétales que mon souffle disperse

 

le serpent joue sa partition sur nos chemins, à la fantaisie  de l’amour il est
soumis

 

nous
resterions bien, là, depuis le matin bleu azur de brume jusqu’au bleu de minuit

 

 

Carmen
P.

L’oeil de l’ange (suite 2)

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L’œil de l’ange (suite)

 

 

 

 

 

[Estelle après une journée de peinture dans le jardin de Prévert à Omonville la Petite — où l’ange qu’elle a représenté sur la toile semble
intriguer les visiteurs — quitte les lieux avec son mari. Ils ont l’intention de se rendre à St Germain des Vaux.]

 

 

 

 

 

………Les choses ne se passèrent pas exactement comme prévu. Ils prirent bien la direction de St Germain des Vaux, mais au lieu de tourner à
gauche et de prendre la petite route qui montait vers le paisible jardin de Gérard Fusberti, l’ami de Prévert, ils furent attirés par une musique dont le tempo les ravit de leur propre chemin
pour les conduire au-delà du réel. C’était une musique où la joie, démesurée, explosait dans un débordement de lamentations. La détresse et l’exaltation parlaient  par les notes venues des violons, de l’accordéon, de la clarinette, du cymbalum. Tous les instruments s’accordaient à faire vibrer les émotions humaines en les
menant  à leurs paroxysmes. Cet enchantement  émanait de la place où un cirque avait dressé son
chapiteau.

 

Estelle et Michel se regardèrent amusés. Comme ce cadre, habituellement si calme, se trouvait transformé par cette ambiance ! Le plus
petit port de France, où quelques bateaux ancrés paraissaient de loin n’être que miniatures  destinées à renforcer une ambiance  marine, devenait le théâtre d’un foisonnement de sons, de mouvements !

 

Leur journée, depuis le matin, vécue sur le mode détente consacrée à l’ ouverture aux joies simples de la nature et de l’art, semblait
visiblement être prise en otage par un tourbillon… Quel contraste !

 

Flonflons, boniments, cris et courses d’enfants joyeux… une belle agitation les entourait et les conduisit jusqu’aux camions peints de vives
couleurs. Ils purent lire le nom du cirque et n’en furent pas surpris ; c’était le cirque « Reinhardt ». Un détail, cependant, les frappa de stupeur ; une ribambelle de
petites fleurs et d’étoiles mêlées entourait ce nom et cette ribambelle provenait d’une guirlande qu’un angelot tenait entre ses mains. C’était le portrait craché de l’ange sis dans l’ atelier de
Prévert !

 

—Puisque nous sommes là, allons donc voir le spectacle ! proposa Estelle, quelque chose
m’intrigue et me retient… comme s’il était vital pour moi de m’immerger dans ce capharnaüm.

 

Ce cirque tzigane se caractérisait par l’absence de faune venue d’Afrique ou d’Asie. Tous les numéros ne
devaient leur beauté, et leur poésie, qu’à la dextérité des gens et de quelques animaux savants, qui n’étaient autres que des chiens, des chats ou des chèvres domestiques. Un jeu de miroirs
grossissants permettait aux spectateurs, assis sur  les gradins, de voir les scènes avec un volume et un effet multiplié, ils en appréciaient les
moindres détails

Vint le tour de Luana, la trapéziste, elle était aussi
équilibriste et voltigeuse. À la voir si souriante, ravie, épanouie, volant ainsi au-dessus de la piste, on s’attendait à tout moment à admirer  un
saut de l’ange — la foule espérait  la cueillir dans ses bras. À trop lever les yeux vers le ciel du chapiteau, on s’égare toujours un peu  en
 rêvant récolter quelques paillettes !

Il y eut des jongleurs, il y eut des clowns, mais jamais le
spectacle ne donna dans la farce, Estelle et Michel ne regrettèrent pas cet intermède dans leur journée, tout ici était poésie !

Après le spectacle des clowns, une musique d’errance et de
rédemption, les plongea dans  l’illusion d’une angoisse… Ils reconnurent Luana, mais cette fois-ci elle avait perdu ses ailes. Elle avait revêtu une
longue robe-fourreau noire, très ajustée et fendue jusqu’en haut de ses-cuisses. Elle était ligotée à une cible géante. En face d’elle Enzo se tenait, immense et impressionnant. Quelques cris
éclatèrent quand sortit le premier couteau de l’ombre de sa manche. L’effet de surprise passé, on demanda à plusieurs personnes dans l’assistance de donner, à tour de rôle, chacun trois chiffres
inscrits sur la cible. À peine les chiffres nommés les dagues fusaient, tantôt de la manche gauche, tantôt de la droite.

Un trouble palpable s’installait parmi le public qui devenait
acteur du jeu, flirtant avec la belle  et l’instant possible de  sa mort –  mais du côté bourreau ! Il n’y avait aucune trace d’ empathie pour la victime. Heureusement, il n’y eut pas de mort non plus — seule l’angoisse de l’une et
le voyeurisme sadique des autres firent des estafilades dans les bonnes consciences  et se trouvèrent, au final, poignardés sur la cible
assassine.

À la fin du numéro, la musique cessa, faisant place à un lourd
silence. Le noir de la pression meurtrière qui avait été partagée par tous, resta perceptible durant quelques minutes avant de se dissiper. Sur la piste, le rouge n’était pas entré en scène et on
délivra Luana de ses liens,  seul un léger tremblement sur ses lèvres persistait. Une révérence et la musique, joyeuse, vint effacer l’intensité
dramatique des instants précédents.

Une  phrase de
John Lennon s’imposa alors à Michel : « Un rêve que l’on vit seul reste un rêve. Un rêve que l’on partage est une réalité.» Un frisson le parcourut, il ne se savait pas aussi
cruel !

Lui parvint, comme un flash, l’image d’un homme qu’il avait vu
passer durant le spectacle. Il avait tenté, alors,  d’attirer l’attention de sa femme, mais elle était trop absorbée et lui-même s’était bien vite
laissé envoûter par la fascination du spectacle.

 

Sorti du chapiteau, délivré des effluves musicales et voyageuses de cet
univers tzigane, la mémoire lui revenait.

—As-tu remarqué cet homme étrange, long et maigre qui a
traversé la piste, il est passé derrière la cible ? demanda-t-il à Estelle

— Je n’ai vu que la cible et la pluie de couteaux
!

—Je me suis demandé si, sous sa gabardine grise, ne se cachaient pas des échasses. Il portait
un paquet emballé dans du papier journal et il semblait vouloir le dissimuler  sous un pan de son vêtement.

— Un exhibitionniste ? voulut plaisanter Estelle.

— Non, ce n’est pas une blague, il avait un air fautif, mais peut-être est-ce l’angoisse du
spectacle qui me fait lui prêter de tels sentiments.

— Allons, oublions tout cela mon chéri, répondit Estelle d’un ton rassurant, une bonne nuit de
sommeil dans notre charmante auberge et tu auras oublié ce personnage !

 

 

Arrivés à leur voiture, ils virent, sur leur pare-brise,  un flyer où était représenté le visage
de la belle Luana, tout auréolé  d’étoiles.

—Tu le gardes en souvenir ! ne put s’empêcher de suggérer Estelle. Mais son regard malicieux s’éclipsa bien vite quand elle eut retourné
le flyer. Quelqu’un y avait laissé un message !

 

« Je fais parti de la troupe d’artistes itinérants. Je possède un objet que je souhaiterais vous confier. Je viendrai vous rejoindre à
votre hôtel demain matin. Ne partez pas sans que nous nous soyons rencontrés. » Signé : Lucenzo

 

 

(à suivre)

 

 

 

Une musique :

 

http://www.youtube.com/watch?v=kq8HQQ0qUeI

 

L’oeil de l’ange (suite)

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L’oeil de l’ange (suite)

 

 

 

Pour peu qu’un visiteur se montrait intéressé par son travail, Estelle expliquait, avec les mots qui semblaient adaptés à la sensibilité de son
interlocuteur, sa technique et sa vision poétique des choses… Ce jour là, elle parla davantage qu’elle n’avança son tableau.

 

En fin d’après-midi, Michel, son mari, vint la rejoindre. Il lui montra les photos qu’il avait prises de la mer depuis les prés et les champs
du littoral. Les portails, sur ses prises de vues, devenaient balcons ouverts sur l’océan. Il sortit aussi son carnet où il avait noté les plantes croisées sur son chemin. Il avait scotché un
brin de thym et, à côté, on pouvait lire cet haïku :

 

le thym sauvage

un dimanche de septembre

seul un brin d’amour

 

Estelle sourit, elle savait combien son mari aimait partager ses randonnées en sa compagnie et ce haïku elle percevait toute la tendresse qu’il
contenait…

Michel jeta un regard sur sa peinture. Elle avait osé représenter l’ange qui les
avait tant intrigués lors de leur visite.

— Ah, je vois que tu n’as pas oublié les attributs de l’ange. Ils sont, à mon avis,  la seule
et  unique raison de la présence  de cette statuette dans le salon du poète. Cela devait l’amuser de
penser que le sculpteur ne pouvait se détacher d’une vision charnelle. Il ne le voyait  pas comme un ange céleste mais bien comme le fruit de la
créativité humaine.

— Et s’il avait été pour lui un avatar, un simple avatar d’Eros, le protecteur du couple Prévert en quelque sorte ? suggéra
Estelle.

— C’est beaucoup trop superstitieux comme vision des choses. Je ne vois pas Prévert attendant une quelconque protection divine. Le miracle, il
le vivait au quotidien aux côtés de celle qu’il aimait.

— Tout en peignant j’ai imaginé plusieurs scénarios, continua Estelle  Cet ange a pu été volé dans
une chapelle ?  Mais j’avoue que je n’aime pas cette hypothèse. Que dirais-tu de ce film : « Le couple Prévert flâne un jour de marché.
Il s’arrête devant un étal où, parmi toutes sortes d’ objets hétéroclites, un ange semble leur faire un clin d’œil…»

— Attends, laisse moi poursuivre, l’interrompit Michel. « Le  prix du Putti est  excessif, et madame Prévert — Janine — tente de dissuader son mari, mais Jacques est  résolu et quand une idée
surgit dans son esprit, il ne la renie jamais. Alors, il paie la somme demandée et glisse même dans la main de la petite fille du ferrailleur un billet supplémentaire. Cette acquisition le
réjouit ! »

 

Estelle regarda son mari avec affection  il lui plaisait de le suivre lorsque son imagination lui donnait à voir les choses et les êtres
sous un angle inhabituel, il lui plaisait de l’attendre lorsque subitement il  s’arrêtait  pour noter une
idée — sous forme d’un court poème ou d’un haïku — avant qu’elle ne s’enfuie. L’inspiration n’est-elle pas comme l’ange ?  Avec les années et la
passion croissante de son mari pour l’écriture, elle vivait elle aussi avec un ange dans sa maison, elle le réalisait aujourd’hui. Tout comme Janine auprès de Jacques, sa vie  auprès de Michel était avec la poésie une succession de pirouettes, de voltiges qui pulvérisaient le sérieux de 
l’existence. Les poètes comme les anges planent, ils volent au-dessus des êtres et des choses.

L’homme a des ailes que la vie atrophie, la poésie allège le poids de la condition humaine. L’objet le plus banal devient trésor et l’esprit
s’aventure sur d’autres pistes. La poésie est le soupçon de légèreté qui transforme le regard, modifie les relations, fait naître la confiance chez l’autre. Combien précieux est ce lyrisme qu’il
insuffle dans le quotidien !

Janine avait  dû constater, une fois de plus, le grand cœur de son époux et devant son sourire —
au moment où  il  avait troqué un billet contre un ange — ses réticences s’étaient
volatilisées  …… Le couple aurait pu passer son chemin, mais l’ange avait attiré leurs regards, il avait provoqué  la relation  entre Prévert et la jeune sauvageonne. Liberté d’un
instant, riche de regards échangés et l’objet joufflu à la mine joyeuse demeura durant des années dans le salon des Prévert comme un symbole de légèreté, le signe d’une joie simple
retrouvée.

                                                      

                                                        
La vie est une cerise

                                         
               La mort est un noyau

                                                        
L’amour est un cerisier*

 

… et l’ange est ce rien, comme l’idée d’un sourire sur un viage « soleil de chiffon noir ». *

 

Estelle haussa les épaules pour sortir de sa rêverie.

 

— Allons, dit-elle, je pourrais encore peindre, mais ça suffit pour aujourd’hui, que dirais-tu d’une promenade dans le  jardin de St Germain des Vaux ?

Ils partirent, espérant, malgré la pluie et l’heure tardive, flâner en amoureux dans le jardin que Janine avait paysagé avec ses amis artistes.
Un hommage à Jacques, son poète.

 

à suivre…

Rose Garden

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Rose Garden

 

 

 

Un jardin enclos au cœur flou de la ville

écrin baigné de roses où le soleil s’incline

Épris de caresses un ange décline

en vaguelettes ses plumes en élytres.

 

Le vitrail des couleurs pétale sa lumière

dans le bastion végétal où rien ne dérange

le calme solennel de l’instant naturel ;

un trouble se dépose au flanc de mes rêves.

 

…..………………………………………Carmen
Pennarun

 

 

 

Chapitre 1

 

 

Le rat de Boston

 

 

« Y aurait-il un Bon Dieu ? Même pour les rats ? » Cette question  traversa un instant l’esprit de
Gérald, mais bien vite il se ressaisit, la tension qu’il devait maintenir pour maîtriser son chien ne permettait pas de telles divagations mentales.

« Ma foi, non, les rats n’ont pas besoin de Bon Dieu, ils se sortent de toutes les situations.

C’est ahurissant. Quel flegme ! Quelle intelligence ! »

Gérald pensait revenir  tranquillement vers Down Town où il habitait en empruntant l’avenue du
Commonwealth.  Il avait couru le long de  Charles River et était satisfait de sa performance ; il avait
tenu un bon rythme et ce, malgré son chien qui parfois freinait des quatre coussinets et qu’il devait alors traîner sur plusieurs foulées. L’animal n’était peut-être pas un bon compagnon de
course, mais d’instinct il savait identifier une présence indésirable.

Le croisement de Commonwealth Avenue et d’Exeter Street  faillit être fatal pour Gérald.

En même temps qu’il perçut le cri : « Oh, My God! », il entendit un bruit de freinage terrible et réalisa qu’une voiture arrivait sur
lui.

Mon Dieu se pouvait-il que ce soit sa fin ?!

Non, la voiture s’était arrêtée juste devant lui et  le chien de Gérald tirait sur sa laisse en
aboyant. D’ailleurs son chien n’était pas seul à aboyer, d’autres aboiements et  des cris de stupeur, de dégoût, se propageaient autour de
lui.  Mais ce n’était pas lui qui était à l’épicentre de ce mouvement de panique, non, ce n’était pas vers lui que les regards convergeaient ; un peu
plus loin, sur la chaussée, un rat immobile les regardait.

Gérald retourna sur le trottoir où les piétons s’étaient tous arrêtés pour regarder le spectacle incongru d’un rat qui s’était  matérialisé au milieu de la chaussée.

Durant quelques minutes la circulation était devenue un véritable capharnaüm.  Le rat, figé,
attendait que la vie urbaine s’organise autour de sa personne ; chaque véhicule devait contourner l’obstacle, et les cyclistes l’éviter. Il attendit jusqu’à ce que tous reprennent leur rythme.
Les voitures, les vélos, leur trajectoire, droite. Les piétons, leurs déambulations bavardes, celui-ci avec son voisin, celui-là avec son i Phone.

Dès qu’un premier véhicule ignora sa présence, le rat se mit en mouvement, il partit d’abord en diagonale rapide, et s’arrêta – s’il avait
poursuivi dans cette direction et à la même allure, il aurait fini sous les roues d’une Dodge qui passait. Elle ne réussit pas à mordre dans sa vie car le rat  s’arrêta, juste à temps, puis il bifurqua.

Il allait et venait sur la chaussée, sans jamais s’approcher du caniveau qui devait pourtant être son objectif. En marchant ainsi par avancées,
arrêts, retours,  en  lignes droites ou en diagonales, l’animal cherchait sa route dans un labyrinthe
mental connu de lui seul. Pour Gérald qui l’observait, ce n’était qu’une progression hasardeuse dont l’issue fatale était prévisible.

Si l’on avait dessiné le trajet du rongeur à la craie sur le bitume, une spirale sénestrogyre serait apparue, une spirale au tracé certes
tremblotant, mais qui se rapprochait à coup sûr de la bouche d’égout.

À aucun moment l’animal n’était passé sous une voiture. Comme pourvu d’un radar, il créait son parcours entre les véhicules en mouvement. Sa
démarche saccadée, faite d’arrêts brusques et de reprises spontanées, ressemblait à une danse bien orchestrée avec les monstres de la technologie montés sur roues, une danse dont la chorégraphie
tenait compte de l’obstacle  juste avant  qu’il surgisse. Le rat montrait à Gérald, qui l’observait, une
improvisation ingénieuse et impeccable face au danger.

 

C’est ainsi que le guerrier-rongeur sut maîtriser cette périlleuse situation, dans l’apparente indifférence générale. Le joggeur, lui, n’avait
rien perdu de la scène et son chien en grognait d’indignation.

 

Gérald fasciné par l’étonnante démonstration du rongeur restait figé sur place…  Il dut bien
admettre que le proverbe : « Il y a un bon dieu pour les ivrognes ! » était en train de devenir une vérité absolue devant ses yeux. Sauf, qu’il ne savait pas si l’animal était groggy ou si cette
providentielle « immunité » contre les accidents avait pour cause la nature même de ce Buster !

Buster, le nom qui s’était imposé  à son esprit alors qu’il observait le rongeur et qu’il pouvait
constater à quel point les animaux de cette espèce sont intelligents. Oh, il avait bien entendu parler de l’intelligence des rats, mais franchement, ce sujet était le cadet de ses soucis, jusqu’à
ce jour !

 

La circulation s’était maintenant stabilisée au carrefour de Commonwealth Avenue et d’Exeter Street. Gérald était le seul passant à ne pas avoir repris le rythme de sa propre marche. Son chien, que la scène n’amusait plus — il avait compris que
son maître ne lui permettrait pas de courser le rongeur —  s’était  couché, résigné, à ses pieds, en
attendant le bon vouloir de celui-ci.  Il jetait  de temps en temps  vers lui un regard perplexe.

Le rat, contre toute attente, ne s’était pas faufilé dans la bouche d’égout. D’un bond, il s’était retrouvé sur le trottoir opposé, d’où
il  regardait maintenant Gérald avec insistance et… sans la moindre hésitation, il fonça tout à coup dans sa direction à une vitesse déconcertante.
Gérald n’eut pas le temps de réagir. S’il resta de marbre, ce n’était pas, chez lui signe de self-control, son corps réagissait par une tétanie
émotionnelle  à  la peur causée par l’animal — appréhension doublée  par la crainte de paraître ridicule aux yeux des passants s’il s’était laissé gagner par la panique.

Le rat le contourna par trois fois puis, passant entre ses jambes, il vint se planter juste en face de Gérald. Le rat regardait l’homme, comme
il le faisait avant, mais cette fois-ci ils étaient tous deux sur le même trottoir !

Gérald, debout, rigidifié dans un aplomb théâtral, et comme hypnotisé,  ne tenait plus que par la
puissance du regard de l’animal.

 

Coup de foudre à  Commonwealth Avenue ! Coup de
foudre par rat prémonitoire !

 

 

Gérald était dans une confusion extrême. Cet état il le devait sans doute, à une quelconque phobie héréditaire des rongeurs ou à une déficience
visuelle qui  lui faisait prendre un écureuil pour un rat ! À moins que… Oui. Voilà l’explication : il était en plein rêve ! Il aurait
suffi d’une  sensation physique – un pincement – pour sortir de ce cauchemar dont il ne voyait pas l’issue.

Sensation physique… passer en revue le corps… crispation à droite… d’une poigne de fer, sa main serrait la laisse du chien, au plus près de son
collier.

Sensation physique… trois impacts sur sa jambe gauche ; petits bonds du rat qui tentait de s’agripper à la jambe de son jogging.

 

« Putain de rongeur ! »

 

Là, malgré sa tétanie, Gérald réagit, il attrapa l’animal par la peau du cou — comme il l’aurait fait d’un chaton — et l’amena face à son visage
pour le foudroyer de son regard d’homme. Envolée la peur, yeux dans les yeux, à trois pouces de distance, l’homme et le rat se comprirent.

 

 OK, dit Gérald, allons à la maison ! Et il mit le rat, qui ne broncha pas, dans
son sac à dos.

 

C’est alors qu’une jeune femme, que Gérald n’avait pas remarquée auparavant, s’approcha de lui et souffla à son oreille.

 

« Thanks! » et elle lui glissa dans la main une carte de visite avant de traverser au
feu en courant.

 

Gérald ouvrit sa main et lut :

 

Kathleen Singer

Harvard Museum of Natural History

Department of Organismic and Evolutionary Biology

Boston, MA

 

Gérald glissa le bristol dans la poche de son jogging et s’empressa de rentrer chez lui. La présence du rat dans son dos lui fit monter les
étages quatre à quatre. Qui sait s’il n’allait pas lui prendre l’envie, à cet animal, de ronger son sac de  sport, un Eastpak, super pratique mais pas
prévu pour le transport animalier !

 

Il trouva dans son cagibi, derrière les boîtes à chaussures, la  cage de son défunt cochon d’Inde.
Il se félicita de ne pas l’avoir jetée et y déposa  le rat sur un lit de journaux rapidement froissés.

« Ce n’est que provisoire, sieur Buster. Ne t’attends pas à plus de confort.  Demain
j’aviserai, pour l’heure je décompresse et crois moi, c’est avec plaisir que je vais t’ignorer à partir de maintenant et pour le restant de la soirée ! »

 

Gérald gratifia  son chien de quelques caresses, il 
lui offrit sa ration de croquettes et comme pris  de remords en balança quelques unes dans la cage de l’indésirable rongeur, puis il s’affala sur son
canapé. Devant lui, sur la table basse, un verre de bière et, à côté de lui, un sachet , bien mérité, de ses Dunkin’s Donuts préférés.

 

Il alluma la télé, la chaîne où les infos passent en continu, ce qui lui permettait de laisser errer ses pensées tout en  ayant une chance de mémoriser l’ensemble de l’actualité. Les émotions de cette soirée ayant grandement affecté son aptitude au raisonnement, il se laissa
bientôt gagner par un doux engourdissement… la trêve fut de courte durée, il sortit de sa torpeur quand il crut reconnaître, en gros plan sur l’écran, un visage qui ne lui était pas inconnu. Et
pour cause c’était lui !

Les yeux écarquillés, il lut les sous-titres… Non, on ne parlait pas de lui aux infos.  Aussi
incroyable que cela puisse paraître, cet homme était son sosie — Bradley Anderson, un éminent directeur de recherche, Le spécialiste des rongeurs au Musée d’Histoire Naturelle  de Harvard.

 

Cette ressemblance, quelle coïncidence !

 

« Mais… Oh, My God, dit-il en se levant précipitamment, le bristol de la  jeune femme ! Qu’en ai-je fait ? »

 

Il alla chercher dans la corbeille à linge la carte qu’il avait oubliée dans sa poche.

Cette K. Singer l’avait manifestement confondu avec M. Anderson ! Qu’attendait-elle de lui ? Quelle histoire ! My God quelle histoire !

 

Son chien que l’agitation de son maître inquiétait, sauta sur le canapé. Gérald, rassuré par cette présence dépourvue d’ambiguïté, finit par
s’endormir.

 

Le lendemain il se réveilla en catastrophe ; il n’avait pas de temps à perdre. Avant de se rendre à son poste de travail, à dix heures, il
avait l’intention d’éclaircir cette affaire de rat qui décidément prenait une drôle de tournure.

Avant de partir, Gérald enferma l’animal dans le cagibi. Il se méfiait des instincts de son compagnon canin et il avait comme le sentiment qu’il
lui fallait  veiller sur la sécurité du rongeur, même si pour l’instant il en ignorait les raisons.

 

 

Il prendrait le bus pour aller à Cambridge. Il pesta car il ne retrouvait plus sa Charlie Card. Il chercha de la monnaie ; il lui faudrait payer cash le trajet.

Arrivé à Cambridge, il traversa le site de l’université de Harvard et eut bien du mal à se frayer un chemin devant l’imposante statue de John
Harvard qu’une délégation d’étudiants japonais mitraillait avec force exclamations. Gérald sourit ; que d’honneurs pour une statue qui de notoriété publique est le symbole d’une triple
imposture*… il leva les yeux vers le visage de bronze impassible du pasteur  qu’il ne s’était
jamais donné la peine de regarder et, quelle ne fut pas sa surprise, d’y découvrir ses propres traits ! Statue des trois mensonges*,
ok, mais statue apte à provoquer la confusion dans un esprit jusqu’à ce jour sain, c’était une autre affaire ! Non, c’en était trop, dans quel
univers évoluait-il depuis sa rencontre avec le rat ?

Gérald se ressaisit, il avait une première énigme à résoudre. « Harvard, on règlera ce problème plus tard ! »

Il arriva au Musée d’Histoire naturelle et demanda à l’accueil un entretien avec K. Singer.

« Mais Monsieur Anderson vous pouvez aller dans son bureau ! » répondit la secrétaire.

Gérald allait s’empêtrer dans des explications quand il vit arriver la jeune femme.

 

« Ah, dit-elle, vous êtes l’inconnu à qui j’ai remis ma carte hier. Je vous avais tout d’abord pris pour M. Anderson ; vous lui
ressemblez tellement ! Même Z. one vous a confondus !  Mais en repensant,  après coup, à votre attitude face à lui, j’ai compris ma
méprise.» 

 

Kathleen était une femme à l’allure sportive. Sa démarche décidée, la souplesse qui accompagnait le moindre de ses mouvements renforçaient sa
féminité et Gérald était littéralement foudroyé par ses charmes. Tandis qu’elle lui expliquait le parcours de Z. one, lui,  n’avait d’yeux que pour ce
chemisier de soie qui s’animait sous la respiration de la jeune femme. Gérald, emporté par ce souffle, voguait en pleine mer où il admirait à loisir des voiles à la couleur de ce chemisier, des
voiles gonflées par l’alizé de ses désirs. Dans le flot des paroles qui lui échappaient,  il parvint tout de même à comprendre que Z .one et Buster,
son nouveau colocataire, n’étaient qu’un seul et même individu.

 Il se ressaisit et releva son regard ; du corsage, il passa aux yeux de Miss Singer, là où il
lui était permis de plonger.

La jeune femme qui n’ignorait pas l’impression qu’elle suscitait généralement chez les hommes, lui fit remarquer.

– Vous semblez distrait, M. Hoar. Si je vous importune, dites-le moi ?

Gérald piqué dans son orgueil tenta de se justifier en évitant de sombrer dans le ridicule. Mieux valait jouer la carte de la sincérité.

– Veuillez m’excuser Miss Singer, j’étais parti dans des égarements esthétiques, mais je les préfère, je vous assure, à ceux déclenchés par ma
rencontre avec ce rongeur qui, d’après ce que j’ai compris,  ignore les  égouts de notre ville !

Ce compliment à mi-mots sembla embarrasser l’admirable  sibylle. Elle en rougit mais sut rapidement se ressaisir. La femme, en elle,
éprouvait le besoin de prolonger la rencontre,  la scientifique, quant à elle, souhaitait clarifier les pensées du jeune homme que les évènements
rocambolesques de ces dernières heures avait rendu confuses. Des explications s’imposaient.

– Venez, dit-elle, je vous offre un café, ce sera plus agréable pour discuter.

Face à face à la cafétéria, Gérald se montra particulièrement attentif à la scientifique, il n’avait pas besoin de se forcer pour la suivre, il
lisait sur ses lèvres, il buvait ses propos, il se savait incapable de résister à toute demande par cette bouche annoncée…

-« Z.one est un très vieux rat de laboratoire issu d’un clonage involontaire. Vous pourrez voir dans notre musée un spécimen de Rattus norvegicus qui n’est autre que notre Z.one naturalisé.

– Vraiment !

– Eh oui !  Les rats sont, pour nous scientifiques, des organismes modèles dont nous étudions la longévité.  Nous répertorions les facteurs qui favorisent le rallongement de leur espérance de vie. Z.  s’est révélé être un individu particulièrement intéressant, il
nous a étonnés par son intelligence qui dépassait largement celle des autres individus. Le groupe est très hiérarchisé, vous savez,  et Z avait pris
un tel ascendant sur les autres rats, que ceux-ci en étaient arrivés à ne plus prendre aucune initiative. Ils se laissaient vivre, et ils vivaient bien. Ils abandonnaient à  Z toutes les prises de risques ! La situation au labo devenait critique ;  les rats se multipliaient et
le fait même d’avoir des descendants prolongeait la vie des vieux rongeurs qui continuaient de plus belle  à procréer.

Vous souriez, mais nous avons dû euthanasier des rats en nombre ! C’est là que le stress s’est installé chez les rongeurs, à un  point tel que le travail de plusieurs années allait être anéanti. Nous avons décidé de nous séparer de Z. en le remettant en liberté dans les rues de Boston,
une liberté surveillée. Nous savons la formidable capacité d’adaptation de ce rat, son ascendant sur ses congénères, avec lui nous allons prolonger nos expériences de labo sur le terrain.

J’ai un service à vous demander, dit-elle, avec un sourire à faire déborder la mer par-dessus les digues de ses dernières réserves,
pourriez-vous garder Z. quelque temps ? Il reviendra vers vous puisqu’il sait où vous habitez et qu’il ne fait pas de différence entre vous et M. Anderson. Nous vous demanderons juste de le
laisser sortir durant la nuit et de noter vos observations quotidiennement. Vous verrez combien il est facile de communiquer avec Z.

          Mais vous oubliez  que j’ai un chien ! protesta-t-il mollement.

          Votre chien n’a rien à craindre de Z.

          Ce n’est pas ce que je voulais dire !

          Je sais ! Affaire conclue ?! dit Kathleen en se levant et en déroulant sa longue silhouette. »

 

Gérald se leva comme hypnotisé, il suivit la vague de la silhouette et à la sortie  du fast casual, « Le bon pain » où la consommation d’un café avait suffi à le faire chavirer, il se surprit à promettre, tout en serrant la main de
Kathleen, de prendre bien soin de Buster-Z. one.

 

La jeune femme s’éloigna, elle traversa en courant Harvard square puis disparut…et Gérald se retrouva avec un rat sur les bras et cet espoir fou
de la revoir…

 

* Statue des trois
mensonges
 :

Ce n’est pas J. Harvard qui a posé mais un étudiant, 250 ans après la mort du
pasteur.

– erreur sur la plaque : la date de la fondation est 1636 et non 1638.

– deuxième erreur sur la plaque : J. Harvard n’est pas le fondateur mais un donateur.

L’oeil de l’ange

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Voici le début d’une nouvelle que j’ai reprise hier. Le texte, est écrit depuis un an, je l’ai laissé dormir….

Que le travail de relecture est exigeant quand on modifie de longs passages !

Je vous livre le travail d’hier (mais il se peut que je l’améliore encore)

 

 

 

L’œil de l’ange

 

 

La matinée avait été calme pour Estelle et ses amis peintres. Ils avaient élu résidence, le temps d’un week-end, dans le jardin du poète à
Omonville la Petite.

Chacun avait trouvé sa place, celui-ci à l’ombre d’un prunus, celui-là sous un parasol, quelques uns s’étaient offerts le luxe d’un barnum où
desserte et boissons fraîches avoisinaient chevalets et couteaux à peindre. Le soleil, qui s’était montré si timide durant  tout l’été, tentait une
sortie, inespérée, en ce début de mois de septembre. Un accord parfait s’installait entre la  poésie des lieux  et les artistes, fin prêts à recevoir les visiteurs, même s’ils se laissaient désirer…

Avant la pause repas, seuls les organisateurs de cette manifestation étaient venus encourager les peintres du site. Ces bénévoles de la
bibliothèque intercommunale proposaient aux amoureux de la nature et des arts une balade poétique entre Omonville et St Germain des Vaux. Ils avaient prévu tout un parcours jalonné de
démonstrations de peinture in situ  et entrecoupé de moments de lecture des poèmes de Jacques Prévert. Pour l’occasion, la maison-Musée était fermée.
Mus’Art Diz, l’évènement ainsi nommé,  se donnait pour mission  de rendre vivants les  mots du poète et de les fondre dans  l’univers coloré des artistes présents. Jacques, d’après ce qu’on dit, était
sensible à la peinture – son amitié avec Picasso en témoignait

Bastien, le plus jeune des artistes, un blondinet aux allures de gavroche avait planté son chevalet non loin du portail. D’où il était, il
pouvait observer des gallinacés qui déambulaient en liberté  sur la chaussée. Le coq   perché sur la
pente d’un fossé était l’objet de toute son attention, il effaça plusieurs fois à l’aide d’un chiffon imprégné d’essence de térébenthine ses couleurs qu’il ne trouvait pas assez fidèles
au  flamboiement du plumage. Marine, quant à elle, aimait les ambiances florales. Les massifs d’hibiscus, les hortensias, les plantations au pied des
arbres où le jaune des soucis se mêlait au fuchsia des balsamines trouvaient dans ses pastels matière à rivaliser avec la nature. Estelle, on se demandait si elle peignait ou si elle rêvait, car
son regard ne se détournait pas de la fenêtre du premier étage de la maison. Espérait-elle apercevoir Prévert lui adressant un petit signe d’amitié depuis la fenêtre de son salon-atelier ?
Elle peignait pourtant, sans donner l’impression de regarder sa toile, elle savait d’instinct où trouver les couleurs qu’elle avait ordonnées sur sa palette !

 Un couple s’était fait remarquer en arrivant car ils n’admettaient pas que la maison,
habituellement ouverte aux visites, leur soit interdite pour cause de manifestation artistique. « Vous comprenez, dirent–ils, espérant qu’on leur accorde un passe-droit, c’était
le  clou de notre séjour en Normandie, nous nous réservions ce plaisir pour le dernier jour de nos vacances ! » Quand ils regardèrent la
toile d’Estelle et y découvrirent l’ange qu’elle avait peint, leur indignation trouva une nouvelle raison de se manifester. Un ange — oui — qui du salon semblait regarder vers le parc, et le
jardin prenait couleur à partir de ce regard ! « Un ange sexué planant au plafond de la maison de Prévert, s’exclamèrent-ils ! Est-ce de la provocation  à l’égard de la
mémoire du poète qui, comme tout le monde le sait, était un  iconoclaste notoire ? Ce ne pouvait être que pure imagination ! »

 

« Ma perspective vous étonne à ce point ? répondit Estelle avec complaisance. J’ai voulu peindre le décor en faisant passer le point
de vue par le regard de l’ange.

Quand vous visiterez la maison — car vous reviendrez n’est-ce pas ? — vous verrez cet ange en bois polychrome suspendu à  sa poutre, de là, il veille sur la paix studieuse du salon.

Sa présence peut paraître étrange, mais les chemins de la réceptivité passent par l’acceptation de la présence insolite d’un objet, quel qu’il
soit et où qu’il soit.

L’ange dans cette maison détone, il rompt quelque chose, il dérange, quand on sait les prises de positions anticléricales du poète. Voyez-le
comme un clin d’œil malicieux à la vie, aux idées des hommes… comme un paradoxe. Mettez cet ange dans une chapelle ou imaginez-le en figure de proue, il devient banal, mais là ; c’est de
l’Art, du Grand Art !

Ce n’est pas le putto qui est important, mais sa symbolique. Si vous enlevez l’ange, il aura toujours sa place dans l’espace où il était
auparavant, il ne la quittera plus. Vous lui avez accordé le droit d’être, il ne l’oubliera jamais, que ce soit dans la clarté du jour ou dans l’obscurité. Et sur ma toile ce sera pareil. Vous
avez remarqué cet ange, mais je vais le recouvrir de peinture, il sera toujours là, on devinera juste sa présence. C’est lui qui m’a permis de construire le tableau, mais il s’effacera et son
absence deviendra espace de liberté. Une absence, comme un silence dans un environnement bruyant, comme un vide dans la profusion des choses, un vide qui accrochera le regard, provoquera la
question, je l’espère.

Bon, je vais cesser de débloquer à plein au sujet de cet être « ange » !

Avez-vous remarqué combien cette petite route de campagne, devant la maison,  est étonnante ?
Voyez cet âne qui passe sans être accompagné ! » 

Ses interlocuteurs eurent à peine le temps de se retourner que l’âne s’était déjà envolé et qu’on entendit braire un coq.

 

C’est Pré Vert ici, et langue de poète ; rien ne doit surprendre…

Loin des lagunes

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Loin des lagunes

 

 

la stabilité dans l’instant

tangue souple au moment présent

qu’il soit léger ou bien pesant

 

on vibre en couleurs consenties

quelles que soient les nuances

on voyage sur un cercle…………. chromatique

— une stéréo — mais qui choisit les balances ?

 

le nord de l’ existence

montre une ligne….on s’en écarte

les chemins buissonniers

s’en volent…………égarements

ils conduisent à des impasses

 

quelque chose en nous rugit

l’amour a d’empathiques complaintes

au passif de nos vies…..qui se 
lassent !

 

la stabilité dans l’instant

a ses jardins…..a ses torrents

au zénith des jours insipides

l’eau des rêves….. stagne 

tente……………….. le trouble 

 

c’est vers la mer

que voguent nos barques

vers la pleine mer

tangue souple au moment présent

et les lagunes de charme

où d’amicales ondines

nous retiennent coupables

ne sauront plus longtemps

régler nos vies à leur désir

qu’il soit léger ou bien pesant

 

la stabilité dans l’instant

tangue souple au moment présent

qu’il soit léger ou bien pesant

 

 

Contre vents et marées

Bon…. il faut tout de même que j’envoie quelque chose. Quelques mots qu’une amie m’a inspirés, quelques mots que je peux me permettre d’écrire maintenant qu’elle a dépassé ce vécu et est
plus sereine.

 

 

1869 345580668893802 709367088 n

 

 

 

Contre vents et marées

 

 

quelques mois

avaient suffi  pour emporter

fils   père   époux

partis plus vite qu’on ne peut

compter sa peine

 

tournée vers son ombre

elle contemplait l’abîme

qui l’aspirait

 

tout mouvement contraire

était violence

même la tendresse

devenait maladroite

et le baume de la poésie

brûlait comme huile

sur la flamme de sa tristesse

seule la souffrance

pouvait la distraire

 

alors est arrivé son tortionnaire

bien venu

il l’a guidée vers la passion mortifère

 

elle prenait l’amour

elle prenait les coups

elle oubliait ses amis

elle fuyait sa famille

avant qu’on ne la quitte

encore

 

mais quand dans sa folie

il a voulu prendre sa vie

— l’écart de trop —

 

elle a ouvert les yeux

et la vision de ses petites-

-filles a déterré le feu

que son cœur reflouait

 

 

exit l’amant !

Salon des Arts

Le Salon des Arts de Guichen s’est tenu du 17 au 26 mai. J’y participe depuis plusieurs années. Je montre mes créations qui évoluent au fil des salons.

 

 Mon univers :

 

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 IMG_0897.JPGEn attendant les visiteurs, lecture !

 

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