Paysages de Noël

Ce n’est pas encore la fête
mais il y a comme un goût de miel
de vin chaud et d’épice accroché aux branches
de l’arbre Noël sous lequel seuls les peluches patientent.
La ville est une ruche où se piquent les envies aux pinçons de l’hiver.

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La patience est une graine
qui ne croît que si on la sème
en terre intermédiaire
à la lisière de l’être intime.
Sur champ de neige
elle se déploie, sereine,
et le vent en lève quelques bribes
quand le mental las de haute voltige
souhaite poser un sourire sur le monde.

*

Un peu de rêve.
La légèreté signant la grâce des espèces ailées,
suivons-les dans leur élément, l’air qui embrasse tout,
et laissons vibrer dans notre espace intime
la fibre joyeuse, elle sous-tend l’âme liberté.

*

Avec ton manteau vert
ton étreinte née de la mer
mon coeur tient en ce baiser
et mon corps danse sur un pied
tandis que vagues se brisent
aux côtes des Hespérides.

Carmen P.
Photo Georges Elbert Burr, « Winter morning »

Noël

noel
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Avant, c’était hier…
quand les Noëls de lumière éblouissaient nos cœurs d’enfants,
quand après la messe nous allions, la tête emplie de chants,
dans la belle nuit frissonnante rejoindre le sapin et les cadeaux
– cette part de rêve que nos parents accompagnaient avec une joie manifeste –
mon univers était complet.
Rien ne manquait en ces instants où la famille à l’unisson s’accordait à trouver la bûche et les marrons glacés bien meilleurs que ceux de l’année précédente.
C’était avant…
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Aujourd’hui, quels aïeux seront témoins des étoiles dans les yeux de leurs petits-enfants ?
Les cloches n’appellent plus personne, même si les cœurs prennent le risque de chanter, encore.
Sur l’autre continent, l’enfant que je n’ai pas nommé s’étonnera des lumières de fête, sans que sa famille ne puisse voir l’étoile du berger se lever dans son univers.
La vie nous donne parfois l’étrange sentiment de ne plus être « entière »,
elle ne nous accorde que des fragments…
et c’est aux bribes des rêves de ceux que nous aimons que nous accrochons nos vœux, tandis qu’aux branches du sapin, qui chez nous s’illumine, les guirlandes s’enlacent…
tout comme les vieux parents qui les contemplent.
Même si je tente de rassembler tous les fragments pour recréer l’unité de l’existence,
même quand les jours, refusant de marcher au pas du bonheur, viennent me bousculer,
tous ces espaces que je comble du liant de l’amour demeurent fragiles et zèbrent le corps sensible d’éclairs de douleurs…
Peu à peu, ils cicatrisent, cependant, car s’ils sont perméables à la douleur, ils permettent aussi aux pensées plus lumineuses de s’infiltrer.
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Nos cicatrices sont les portes par lesquelles la joie parvient à réchauffer le givre qui donne l’illusion de la fragmentation à l’image de l’éternel bonheur.
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Carmen P.

Absence

maurizio-vinanti

 

Ils ne viendront pas à Noël

six mois de séparation

me semblait supportable

mais de patience il faudra double dose

 

Ils ne viendront pas à Noël

la neige aura le temps de fondre

les fleurs de cerisiers seront envolées

pour moi, elles seront rouge d’émotion

 

Ils ne viendront pas à Noël

j’ai rêvé que je ne trouvais pas de cadeau

pour l’enfant qui me connaît si peu

entre nous l’Océan s’engouffre

 

Ils ne viendront pas à Noël

la voie du cœur depuis longtemps entretenue

s’écarte bien malgré moi de l’existence

et c’est mon âme qu’on écartèle

 

Ils ne viendront pas à Noël

l’enfant grandit loin de ceux qui l’aiment

ignorant l’affection qu’on lui retranche

sans vigilance la Vie s’évanouit sur la distance

 

Ailleurs, un jour béni elle s’épanouira, sans doute

mais l’aïeule ne sera plus

 

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