Femmes à la source

Tableau : Paul Sérusier

.

J’étais peu présente sur mon blog, ces derniers temps, car je finalisais un nouveau recueil de poésie.

Je vous en parlerai et vous préciserai le titre !

Voici quelques poèmes extraits du manuscrit.

***

Les montagnes de la vie
un jour deviendront-elles rose ?
Quand cesseront-elles
de jouer aux montagnes Russes
semant pagaille dans nos ardeurs ?

Rose, la couleur préférée des petites filles
du plus près au plus loin du berceau.

Les petites filles ont-elles le choix ?

Elles en ont l’illusion quand elles réinventent
le monde au travers d’un objectif
quand elles ouvrent le diaphragme
à leur guise. Tout
devient simple.

Rose
(comme muni d’œillères)

À la regarder de près
la voie du photographe
n’est pas toujours la plus

radieuse

*

Bien avant que la lumière ne la défroisse
elle s’était emmêlé les pétales
sous le bleu immense du ciel

de tout son jaune terrestre
elle orchestrait la fuite

*

À peine ébauchée
la passion juvénile
s’évanouit
dans un effarouchement soudain

Plus rien
ne s’accrocherait à ce regard
qui détroussait les présences
de stratagèmes audacieux

Sous la coupe vide de la lune
(il eût mieux valu qu’elle fût pleine)
peinaient les étoiles
elles offrirent cortège à celle
qu’elles reconnurent soeur

*

Vivre pour l’hélianthème
et ses petits cœurs dorés
Vivre pour ce qui sème
fragilité au bord des vanités,
quand jaune genêt on respire
et que la nature ouvre le jour
au parfum de muguet,
du moi, de mai.

.
Carmen P.

Camille Claudel

Le visage se dégage du marbre

son expression – pensive –

pénètre la structure de la matière

Conscience vive saisie par une minéralité

dont elle ne parviendra jamais à émerger

entièrement.

.
Cela lui serre le cœur

cela ne sert à rien

tout cet amour

toute cette passion

et ce carcan

impossible à pulvériser !

.
Si elle pouvait du bloc

où repose sa tête

creuser ses formes…

elle n’a même pas de buste

elle n’est même pas femme

tous ses attributs sont violés

par une loi du silence qui l’empêche

d’être

.
Si elle pouvait de ce bloc

se mouvoir et créer

Mon Dieu :

Modeler

Dégrossir

Tailler !

.
Prendre à plein corps

ces images mentales

qui la hantent

ces images mentales

qui existent

déjà

en esprit

ces images mentales

qui n’attendent

que ses mains

et la liberté

d’agir

pour naître

au monde

.
Naître au monde

duquel on l’a soustraite !

.
Elle aurait tant voulu laisser parler ses mains

consacrées au tourbillon de la création

.
Peut-on créer par les vides de son existence

une œuvre perceptible au monde qui l’attend ?

 
Carmen P.

photo de G. Pennarun, prise en juillet  2016 au Peabody Essex Museum de Salem, où se tenait une exposition : Métamorphoses, dans le secret de l’atelier de Rodin.

Le messager d’amour

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Le messager d’amour

 

Je suis celui qui année après année frappe à la porte de ta vie.

Je suis le soleil… pour toi, je courbe ma lumière afin qu’elle vienne frôler les creux et les pleins  de ta silhouette que j’ai dessinée et  autour de laquelle  je gravite. Peu m’importent les lois du cosmos, plus je réfléchis et plus je pose sur ta peau mes éclats de tendresse. Quel est l’astre et quelle est la planète ?  Tout se confond dans l’instant amoureusement, et nos vies s’articulent dans un espace que rien n’offense.  

Je suis l’aimant, moi, le non créé, celui qui  n’existera pas tant que tu ne l’auras pas reconnu.

Je suis le prince des certitudes, celui devant qui personne ne peut rester de glace.

Pourtant tu continues de  m’ignorer.

Non, ne t’effarouche pas, je  laisserai au temps le soin de dissoudre tes appréhensions. 

Tu pleures ? Je suis avec toi, car je suis la larme qui dans ta bouche a le goût du sel.

Tu interroges le ciel, mais je ne peux te répondre car je ne connais pas le mode d’emploi de  l’amour sur terre. Je ne suis pas dans ton périmètre de vie, je ne suis pas de ton époque. Je suis de toujours et de maintenant, mais comment te le dire ? Je ne suis pas un expert  du vocabulaire du cœur. Les mots, si souvent, riment avec tromperie, alors, je garde ma déclaration pour un avenir dédié à la sensorialité que nous éprouvons déjà, d’une silencieuse étreinte.

Je garde espoir que tu me reconnaisses, ne dit-on pas qu’un mendiant d’amour, un jour, se hasarda dans la vallée des cœurs perdus où les soupirs donnaient récital et qu’il y trouva l’âme sœur !

Le rêve est le refuge où je dépose ma flamme. J’espère qu’une nuit, dans ton sommeil, tu entrouvriras la porte, ainsi tu libèreras les caresses qui n’attendent que le moment de parcourir le velours de ton corps autant que la sensibilité de ton âme.

Tu frémis déjà car je suis ton promis. La sensation de l’amour vibre comme une force tellurique bien avant que l’amour ne se manifeste. Sois attentive à son courant d’ondes, il est mon messager. 

 

Carmen P.

 

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