Appeau matutinal

La maison garde, de jour comme de nuit,
les volets clos sur sa bouche muette.

Avec peine, un bégaiement édenté
remplace le chant de l’oiseau déprimé.

Cet escalier meurtrier grince sous les pas
du fantôme redevenu maître des lieux.

Du grenier il descend faire sa ronde
et compte les urnes qui s’alignent.

Seules, des envolées de mots imprégnés
de rosée sauraient désaccorder l’édifice
de défiance que les années apposent
redonnant au silence la sonorité
d’une nativité annoncée.

.
Carmen P.
illustration : Béatriz Martin Vida

Vite, un poème

AlvarNight

(illustration: Alvar Sunol, La nuit)

 

Mon chant déraisonne

qu’un oiseau ravive

d’un roucoulement intrusif

 

Vite, un poème !

 

une construction parfaite

qu’un ami de haute plume
 
par-delà la mort me tend
 
Je le mâcherai comme brioche
 
que la diète m’autorise pour tout aliment
 
je le mâcherai et je le restituerai autre
 
tout imprégné de mes saveurs
 

 

Oh, il ne sera pas meilleur

et n’aura aucun sens !

 

qu’importe le sens quand le goût suffit

à ranimer la joie et que la vie sur Terre

malgré ses deuils, ses terribles renoncements

ses immenses désenchantements

nous accorde l’ éveil à la pure beauté

par la vibration d’un chant

que la lecture d’un poème prolonge

 

Erin (Carmen P.)

Le chant de la pierre

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Un grondement m’interpelle. Est-il chant ?
Est-il eau ? Il dévale comme un torrent
sa voix cherche une berge plaisante,
je ne suis qu’attentive présence.

La parole aux rives trop fières
se mêle au chant d’une rivière.
 
Le bruit des mots est trompeur
désirable est la promesse des fleurs
que la graine garde en secret.
Le monde pense nos rêves, imparfaits.

De la colline des songes
un écho de couleurs s’effondre.

La certitude des pierres se disloque
jusqu’au chant. Pas une note qui ne se couche
sur le velours de lumière où s’étirent les voix,
elles créent, géométriques, les jardins du futur.

La parole recherche son ancre
au fond des cœurs dormants.

L’âge tendre savoure les heures bleues éphémères
sous l’ombrage confidentiel des arbres austères.
Plus tard il cheminera en pensées aériennes
rayonnant de bonheur auprès de sa belle.

Les mots de cristal tintent
ils renouvellent la joie, sans feintes.

La baguette du vent vient bercer le tableau,
la nature joue sa symphonie en diagonale.
Le passé délivre les hommes des dédales
où ils rêvaient d’une vie qui prenait l’eau.

La parole à la spontanéité d’enfance
garde nos mots collés à l’existence.

Ressentir la légèreté d’un accent sincère
Tressaillir à l’écoute de son mouvement
Le voir comme un premier printemps
Le vivre comme une étreinte dernière.

Les erreurs s’abandonnent en terre insensée
ne subsiste que l’amour accordé aux pensées.

Ce grondement est un chant, il  dissous les différences
et les jardins du présent gardent nos rêves parfaits.

 

Carmen P. (Erin)

Un pause

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Une pause
 
 
je viendrai moins
et c’est certain
une décision
au goût amer
du chant d’action
impose ornières…
 
Carmen P.
 
Un poème en cadeau, il est de Charles Le Quintrec :
 
Premier matin
—————–premier jardin
———————————–une lumière
Circule sur l’étang où s’ébattent des grues
Des enfants font des ricochets dans le soleil
Des femmes endormies – dormeuses demi-nues
Appellent des amours qui s’envolent joufflus
Vers les vignes
——————-le vin cette année sera clair
Allons les beaux enfants ! prenez votre musique
Et que danse la vie que nous aimons, la vie
Qui fait belle la femme au jardin que j’ai dit
Dans le premier matin où le mystère vibre.
 
 
Charles Le Qunintrec in La source et le secretAfficher la suite