Passible d’être

Caras Ionut

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J’ai le cœur si vaste
qu’on m’oublie dans le décor
un jour de sons monocordes
révélera l’indifférence

La peau de l’âme transpirera
il n’y aura plus rien à aimer
le vide se gorgera de baume
à cueillir avec des antennes

À tous les âges face à la solitude
surgie par hasard ou par nécessité
j’acclimate l’en phase et la self attitude

J’ai la peine aussi légère
que ma présence sur Terre
le temps frivole se libère
je le dilate à ma fantaisie

Mon rythme se plie à la lenteur
puisque personne ne me presse
les fenêtres s’ouvrent sur la vie
le vent m’en apporte la pruinescence

À tous les âges face à la solitude
surgie par hasard ou par nécessité
j’acclimate l’en phase et la self attitude

.
Carmen P.

(photo : Caras Ionut)

Ce poème a été mis en musique par Michel Bonnassies. Il peut être écouté ici :

http://www.le-crayon-du-parolier.com/t11823-passible-d-etre-garance-michel-bonnassies

Juillet

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Les frissons légers des instants volés à la torpeur de juillet accrochent sur les pièges à rêves des  prises détonantes. Quand on libère ces souvenirs de leurs papillotes, ils pétillent et remplissent l’esprit de leurs bulles qui appellent le frisson d’une nouvelle vague.

Les éclairs de cœur annoncent plus de lumière que les aubes les plus lumineuses d’une quelconque île paradisiaque. 

Rien ne s’arrête vraiment derrière le rideau des apparences figées.

Non, rien ne s’arrête. Les évènements dans les coulisses se préparent à entrer en scène.

Le front sur la vitre, l’enfant regarde à l’intérieur. Il ne joue pas encore son rôle.

Le verre s’efface sous la pression du bleu, insistant. C’est maintenant à l’intérieur, tout à l’intérieur du cœur de la mère que la tige de son iris plonge et dans l’eau d’un  regard puise la force de l’épanouissement. Il est inflorescence, un tournesol, peut-être, qui cherche son soleil.

L’enfant reconnaît sa mère avant la conception. La mère accompagne ses pas bien au-delà des chemins de poussière car l’eau de l’amour transpire au travers des parois temporelles.

L’amour est un  jardin d’acclimatation.

L’indifférence est un leurre qui prend pour excuse la vitre et lui donne les pouvoirs d’une frontière. Ces limites ne sont qu’extérieures. La joie d’être coule à l’intérieur, elle ignore les limites.

Terre. Le champ de notre vision ne perçoit pas la nature illimitée des lendemains.

L’œil ne suit pas la ligne qui relie l’ombre, à peine marquée, à l’autre, feuillue, mais trop lointaine d’un ciel impassible.

Derrière la vitre l’enfant perce l’avenir en interrogeant ses racines. Ouvrons pour lui une fenêtre sur la clairière du présent où court l’impulsion d’une eau vive.

 

Erin (Carmen P.)

le 6 juillet 2015

photo : Elena Shumilova

Turbulences

Les mots cognent en caisse de résonance, ils s’entrechoquent  jusqu’à l’éclatement

de la conscience. La plèvre comme un voile se soulève, et les idées décollent

courent au-delà des zones d’intelligence. Elles trompent mon indifférence —

le calme olympien où je me réfugie. Ma terre est trop basse, elle offre les berges

de sa ville d’eau. Même si je ligature tous les canaux, les points serrés deviennent 

les piliers des ponts où s’enlacent les muses. Leurs facéties ont la turbulence des enfants.

Est-ce que je les aime autant qu’eux ?

 

Carmen P. (Erin)

 

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