Photographie

L’inertie
était son ennemie
pourtant les objets
dans son mental s’animaient
d’un glissement imperceptible
d’une légère lévitation

Elle aurait pu manipuler le verbe
utiliser le rythme, s’ouvrir à la musique
elle a choisi le huitième art, la photographie
Elle ordonnait son énergie kinésique
sur des tableaux dont elle était le modèle
chaque construction était une tentative
de réunification, un réajustement de son corps
à la conscience morcelée. L’harmonisation était
le but du jeu – sa quête perpétuelle.

.
C.P.
photographie : Francesca Woodman

Méditations face à la mer

Poing fermé / Main ouverte

Les mains, sur ce tableau de Dali sont remarquables. Souvent on ressent (de l’intérieur) tant de crispations dans nos mains, qu’elles soient ouvertes ou fermées !… à tel point que la position de relâchement paraît contre-nature – c’est dans cette position, pourtant, qu’elles se révèlent belles et apportent la détente autant au mental qu’au physique. Je me demande, si le fait de prendre conscience de cette relaxation ne permettrait pas, ensuite, de serrer les poings avant de passer à l’action plus efficacement ou d’ouvrir nos mains au monde plus généreusement.

***

C’est peut-être la mer
ou un cheval sans queue ni tête
un massacre en mouvement

***

sur le front de la dune
plus aucune mèche blonde
ne dévore le soleil ni ne court au vent
la vie a retiré toutes les promesses
qu’une marée d’amour avait dispersées
sur le sable en folie. Ne résonne plus – Entends !
la retombée des grains sur la conque du coeur
car toujours la mer s’obstine à embrasser la plage
et s’apprête à la blessure____que le temps remue
que le temps affine jusqu’à la brisure minuscule

***

si j’allais
sans me soucier de rien
pieds nus vers ce qui advient
donnant tout pouvoir à l’instant
les paupières en ailes de papillon
et le coeur à la pointe des orteils
si j’allais
suivant les caprices du temps
ou bien ceux de l’ennui
découper en mappemonde
la dentelle de mes jupons

 

***

Au fond de l’âme

l’esquisse d’une vague

interdite à déferler

sur la promesse de l’aube

 

Les baisers suspendus

au-dessus des reflets

de chair, le regard

derrière les paupières closes

tout concourt à  la solitude

quand la planète stupéfaite

semble suspendre sa course

face à l’index de granite

qui ne lève pas mot

 

elle se réveillera

douloureuse

ardente

 

danse sa géologie cosmique

 

 

***

sur Madison Avenue

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La foule vous englobe dans son mouvement

dès le premier pas dans la lumière de la rue

ambiance sonore et senteurs culinaires

la déco est en place pour le bain quotidien

.

le rythme s’accélère, rétracte l’horloge

un jour de pomme ordinaire pour mégalopole

.

sous les pales des hélicoptères

la liberté dresse son flambeau

elle veille sur la chair et sur l’Art

fulgurant du modernisme déjanté

.

vrombissements et précipitation

.

les passants marchent sur l’ombre

de ceux qui les précèdent

dans l’urgence d’une foulée rapide

dont l’amplitude signe l’efficacité

.

la ville est si ronde qu’elle en paraît vide

.

la ville où le flux se fait, se défait

la ville où le silence se glisse

parmi les clameurs des tours d’ivoire

une arche qui incube sa marées humaine

.

Ground zero des êtres en effervescence

le corps à l’écoute de la musique

des autres aiguilleurs de la terre

le même ballet pour une seule âme

.

seuls les amoureux oublient le tempo

ils prennent la ville, la parcourent, interdits

puis s’évanouissent dans les vapeurs urbaines

leur joie jaillit en touches successives

.

la note haute du matin descend

les octaves au cours du jour, devient

basse le soir venu – ou l’inverse –

ainsi va l’ascenseur du top of the rock

.

La vie est une fourmilière

qu’on traverse à pas pressés

en suivant le décompte des secondes

quand clignote la main au passage piéton

.

sur Madison Avenue

.

Go! Go! Go!

.

Erin (Carmen P.)

site web pour l’image : stodomen.ru