Présence et rythme

Vivre la présence pénétrée par l’instant
sans rigidité, sans précipitation
au rythme lent
d’une éclosion perpétuelle
Savourer l’osmose entre le corps
et le paysage – sa déliquescence

Entendre sa propre voix
éclaircie de silences
se mêler au chant
de la nature, en transe
volupté, qu’un ondoiement
de serpent ou d’anguille
viendra troubler à l’improviste
signant la perte définitive du droit
d’oisiveté au jardin de Pomone

Une amibe s’anime
sous l’ombre du phénix
elle est le cri
elle est l’envol
que sa condition parasite

L’ennui reconnaît
les modulations d’une langue
qui s’invente au cœur de la cellule
L’affinement de la sensibilité
ébruite la souffrance face à l’inatteignable
attise l’impatience devant l’imperceptible
mouvement qui ne cesse de se languir
derrière l’immobilisme apparent

Le geste semble arrêté
la pensée lobotomisée
la parole murée
la féminité voilée
la croissance contrariée
l’univers condamné
quand la mainmise de la réalité
nous rend sourds aux révélations
du corps de lumière qui nous étoffe

Au moment précis où la situation
devient insoutenable , bloque l’action
nous réalisons combien les apparences
nous ôtent la liberté qu’une simple
amibe approche

.
Carmen P.

Méditations face à la mer

Poing fermé / Main ouverte

Les mains, sur ce tableau de Dali sont remarquables. Souvent on ressent (de l’intérieur) tant de crispations dans nos mains, qu’elles soient ouvertes ou fermées !… à tel point que la position de relâchement paraît contre-nature – c’est dans cette position, pourtant, qu’elles se révèlent belles et apportent la détente autant au mental qu’au physique. Je me demande, si le fait de prendre conscience de cette relaxation ne permettrait pas, ensuite, de serrer les poings avant de passer à l’action plus efficacement ou d’ouvrir nos mains au monde plus généreusement.

***

C’est peut-être la mer
ou un cheval sans queue ni tête
un massacre en mouvement

***

sur le front de la dune
plus aucune mèche blonde
ne dévore le soleil ni ne court au vent
la vie a retiré toutes les promesses
qu’une marée d’amour avait dispersées
sur le sable en folie. Ne résonne plus – Entends !
la retombée des grains sur la conque du coeur
car toujours la mer s’obstine à embrasser la plage
et s’apprête à la blessure____que le temps remue
que le temps affine jusqu’à la brisure minuscule

***

si j’allais
sans me soucier de rien
pieds nus vers ce qui advient
donnant tout pouvoir à l’instant
les paupières en ailes de papillon
et le coeur à la pointe des orteils
si j’allais
suivant les caprices du temps
ou bien ceux de l’ennui
découper en mappemonde
la dentelle de mes jupons

 

***

Au fond de l’âme

l’esquisse d’une vague

interdite à déferler

sur la promesse de l’aube

 

Les baisers suspendus

au-dessus des reflets

de chair, le regard

derrière les paupières closes

tout concourt à  la solitude

quand la planète stupéfaite

semble suspendre sa course

face à l’index de granite

qui ne lève pas mot

 

elle se réveillera

douloureuse

ardente

 

danse sa géologie cosmique

 

 

***