elle, si légère
comme une feuille
détachée
comme une rivière
sortie de son lit
avec des gestes doux
à reconduire
conversation lente
de petits cailloux
des petits riens
en plain appel
tout va bien
malgré ce mal qu’elle ne parvient
à endormir
tout va bien
et l’air est une rivière
où dansent ses robes
fleuries
la vie
.
lui, dans le réel
égaré
il n’a pas appris
à relever
les petits cailloux
à faire le chemin
qui remonte le temps
il était bâtisseur
mais la profondeur
des fondations
et la hauteur des murs
ne résistent pas
aux assauts des jours
au-dessus desquels elle cherche étoile
.
Les petits cailloux comme les gestes
ne sont plus. Tout est figé, solidifié
et moi je la vois debout à côté
de ce corps qui ne répond plus
regardant venir les bateaux
de l’enfance chargés des
rires des ses sœurs.
Il demeure du bleu
le ciel le dit
il ne saurait
mentir
d’ailleurs
la lumière
attise des braises
pour quel enjeu ?
.
un point d’enfance
dans l’aride
vieillesse
.
en vérité
les ocelles bleus
d’une âme que l’océan
attire vers l’ultime
camouflage
.
et l’on voudrait que je sourie
alors que je retiens
au-dessus du vide
mes cris d’appels
mes yeux sont secs
pourtant je tangue
j’affirme que tout cela
est mirage -ralentissons !
.
la vie est éclaboussure
d’infini, un nectar
un temps, un venin
au final
.
Eve n’y est pour rien
et ma mère non plus
.
Carmen P.
illustration : Léon Spilliaert