L’enfance dans la joie perchée

Trees falls
Bees balls
That’s how
the world
will be

Evan P. – 5 ans

*

Le vert est un son – tenu
de la terre, il prend corps
suit le souffle d’hiver
jusqu’à l’embaumée d’une faveur
fleurie. Croire aux cymes
du tilleul mi-juin

*

Derrière le front
l’énergie vert pomme
d’une terre à blé
où lentement poussent
les épis
_____ et les fougères
des pensées se plient
émiettent les mottes
où germe le grain
de demain
_____Rien ne s’oublie
du passé à l’avenir
quand la menthe
en soi savoure
mille désirs

la vie crée notre paysage
à partir d’un champ chromatique
celui d’une couleur  que les rayons
de notre soleil intérieur – traverse

*

Les hôtes dans ce bel arbre
se posent comme des oiseaux
L’ami aux bras noueux
accueille chacun comme
il porte les saisons
Les fruits sont gracieux
et sa voix de broussaille
se fait murmure que seuls
les enfants écoutent

*

Dans un monde tout autre, si l’enfant – vif et espiègle – était planté comme une jeune pousse,  il contemplerait avec envie, de son petit coeur palpitant  attaché à la terre,   l’arbre libéré de ses racines qui, en face de lui, gambaderait à s’en rompre le bois.

Je verrais bien cet arbre… et oui, je le vois ce grand pachyderme végétal, en génuflexion devant l’enfant, tendre sa branche comme une trompe et d’un geste plein de sève et de compassion, la poser sur la tête du petit être avec une infinie douceur. Que savons-nous de la tendresse entre les espèces ? Un élan traverse la nature qui prend soin d’elle-même et en quelque sorte  nous protège, en nous intégrant à son champ vibratoire.

Recevons la bénédiction de nos frères végétaux que rien de monstrueux n’anime. Leur délicatesse de géants calme les peurs liées à la fragilité de notre condition humaine.

*

Le héron perché

sur la cheminée

d’en face

est la sentinelle

de not’ p’tite forêt

.

Sur ce coin du monde

où les jours passent

il couronne hautain

la canopée où

les maisons se cachent

.

Il s’envole soudain

à l’appel de l’étang

portant haut et loin

le hauban de son cri

.

Carmen P.

Dans nos forêts

.
Vos troncs dressés comme les barreaux d’une cage
protectrice
arbres, robustes, au plus sombre du bois
arbres-refuges pour oiseaux innocents
j’éprouve votre liberté à ciel déployé

Oiseaux, couleurs données au souffle
léger
vos chants aux heures clémentes
augurent pour la nichée
un avenir fantastique
que seule la magie
saura exaucer

car rôde la barbarie

On entend son galop monstrueux
éperonné de haine en grand nombre
on l’entend enfler…

Oh, se contenter d’herbes folles
savourer l’odeur du foin
se confier au sommeil
laisser les lucioles tapisser
nos rêves de lumières !

Arbres, jardiniers de nos cœurs
remparts contre nos détresses
vous nous cachez vos tremblements
jusqu’au jour fatal de votre chute
oubliant vos propres tourments
pour nous élever à la hauteur
de notre Paix intérieure

Le poète tente de suivre
vos signes à la lettre
il les tisse en mots
qui toujours restent
de bois tendre
il ajuste sa voix
à celle du silence
son langage est de soie
il lisse les inquiétudes
dans le sens des veines !

Une question demeure
amis enracinés
et je lève les yeux
vers vos branches hautes
moi qui suis liée
aux sables mouvants
des heures et qui ne sais
projeter ma foi plus loin que
ce que mes sens me donnent à découvrir

Vous qui aimez l’homme fragile
d’une tendresse gracile et enveloppante
comment pouvez-vous laisser le loup
se cacher derrière vos troncs
au lieu d’accorder à l’agneau
la transparence. Le conte sur Terre
n’en deviendrait-il pas plus charmant ?

L’œil de l’agneau ignore les barreaux
tandis que l’homme, comme le loup,
suit toujours les lignes de ses ombres
que ses pupilles reflètent.
Il faut lever les grilles
et prendre le risque
d’être dévoré
avant d’espérer
entrer dans la forêt magique
où nous sera accordé
le don d’invisibilité

Les légendes qui courent à travers les bois
ne sont pas des histoires anciennes
le présent se suspend à la traîne
de la robe du temps et rejoint le passé

Seul compte le pas de la seconde en marche
son souffle gorgé du chant vivant du breuil
ouvre la sente où nous nous engageons nus
abandonnant la robe à l’orée de nos frousses

.
Carmen P.

Prince téméraire 5

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Le lendemain matin des exclamations le réveillèrent :

— Un vagabond ! Un pauvre hère dans le jardin du Roi ! Comment a-t-il pu pénétrer dans le domaine ? Allons, réveillez-vous et sortez de là !

Le garçon émergea de sa couchette de fortune. Devant lui se tenait un homme, une bêche à la main, il avait des allures de jardinier et il l’était en effet. Sa mission était d’entretenir le domaine. Il s’en acquittait fort bien, cela, Jovan l’avait remarqué alors qu’il survolait la ville… Lorsque ce brave homme vit le visage de l’individu qu’il avait pris pour un mendiant – un invité indésirable qu’il s’imaginait déjà devoir déloger avec l’aide des gardes – il ne put s’empêcher de rire. L’hilarité du jardinier Jovan la savait due à cette cagoule couleur chair qui lui moulait le crâne et que la terre humide avait maculée.

— Ha, ha, ha, une tête d’ange et des habits de gueux ! Ha, ha, ha… pas un poil sur le caillou ! En fait de tête d’ange tu as plutôt une tête d’œuf, aussi lisse que les  coquilles des œufs de mes poules et tu me parais bien inoffensif ! Mais Dieu, que tu es drôle !

— Excusez-moi si je vous ai effrayé. Ne vous fiez pas à mes vêtements, et surtout ne me chassez pas. J’ai besoin de votre aide car j’ai atterri ici par hasard et je ne connais personne. Comme vous semblez vous en être rendu compte vous n’avez rien à craindre de moi. Prenez moi à votre service en échange de nourriture… quelques morceaux de pain et des légumes du jardin me suffiront, je saurai me montrer frugale.

 Le jardinier était un homme bon, il consentit à garder le jeune homme, il le surnomma «  Tête d’ange », à cause de son crâne dénudé qui l’avait tant amusé. 

Tête d’ange devint donc l’apprenti du jardinier. Avec lui, toute la journée il bêchait, sarclait, émondait, arrosait… La nuit il dormait dans une cabane qu’il avait construite entre les branches d’un cèdre, il aimait le contact avec la nature, le parfum de la végétation endormie… il découvrit bientôt que la vue qu’il avait du château n’était pas dépourvue d’intérêt, non plus !

Le soir dans l’encadrement d’une fenêtre il apercevait une jeune fille, c’était la fille du Roi, elle admirait le parc et s’imprégnait de l’essence des arbres avant de s’endormir. De son  refuge Jovan  l’observait… et il se mettait à rêver.

Il la contemplait en silence, il respirait autant la nature environnante que l’aura de sa délicate présence. Il était  les yeux de la nuit. Mais bientôt rêver ne lui suffit plus ; il fallait que la princesse le voit, non pas comme un misérable mais tel qu’il était vraiment. Ils s’étaient déjà croisés au détour d’une allée, mais la jeune fille n’avait pas levé les yeux sur un jeune homme  à l’apparence aussi négligée. 

Un soir, Jovan alluma une lampe, il brûla à sa flamme un des poils du cheval, celui-ci se matérialisa aussitôt devant lui. Le jeune homme ôta ses habits de misère, sauta sur l’échine de son ami qui se mit à galoper sur la pelouse.

La princesse était à sa fenêtre, son étonnement fut grand de voir, sous les rayons lunaires, un bel homme resplendissant de puissance et chevauchant Pégase. Elle se demanda si la scène était bien réelle, mais elle vit le jeune homme se diriger vers la cabane du vagabond et se couvrir de la vieille pelisse rapiécée de l’apprenti jardinier. Elle comprit !

 

À suivre…

Nuit romantique

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Nuit romantique

deux arbres tricentenaires

veillent sur nos songes

 

Un lièvre — hautes pattes et grandes oreilles — prend le chemin…

son univers a du charme, il l’égaie par nature : il détale.

L’homme court plusieurs lièvres à la fois et en perd, souvent, le sentiment de la joie.

Une halte au Château du Pin nous délie des préoccupations qui ne sont pas essentielles.

 

Erin (Carmen P.)