Nounours

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Nounours, si j’avais pu choisir comment te perdre, j’aurais aimé t’oublier dans le lit du bois où un soir je t’aurais couché en te recommandant de dormir sagement. Mais ce n’est pas ainsi que tu es sorti de ma vie.

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Nounours, on t’a enlevé à la petite fille blonde que j’étais, ou, plus exactement, on t’a jeté, comme une vieille guenille, salie par trop d’embrassades. Tes accrocs n’étaient que les cicatrices de l’amour  passionné que je te portais.

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Nounours, la passion est mauvaise conseillère et je sais bien, qu’en réalité, c’était pour me punir de t’avoir sauvé des roues d’une voiture qu’on nous a séparés. Ce n’était pas toi que j’aurais dû saisir, non, ce n’était pas toi, mai mon petit frère.

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Nounours, si tu t’es retrouvé dans une décharge, j’imagine que tu  as pris tes jambes à ton cou et que même si tu n’es pas parvenu à me rejoindre tu as certainement rencontré Sylvain et Sylvette…  avec eux tu n’as plus rien eu à craindre.

Tu as appris à déjouer les tours des compères de la forêt, pendant que moi j’essayais de comprendre la vie avec mon coeur d’enfant perdue dans la jungle humaine…  mon petit frère ne s’est souvenu de rien. De cette histoire je garde en mémoire la colère de mon père et une peur grosse comme un grognement d’ours qui monte dans ma poitrine les nuits de cauchemar.

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Erin

Bras dessus, bras dessous

Cor Willems - Copie

 

Ils s’en vont

négligeant leur apparence

sous les nippes depuis longtemps

leurs deux corps se sont effruités

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Ils s’en vont

marchant comme ils l’ont toujours fait

côte à côte sur les sentes de traverse

que leur sueur a balisées de fretins bonheurs

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Ils s’en vont

la mémoire emplie de terre

et le coeur gonflé d’amour

déposer le poids de l’une, libérer les ficelles de l’autre

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Ils s’en vont

et ne se retourneront pas

la jeunesse prodigue passe de la mort à la vie

la vieillesse déterminée s’abandonne au néant

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Erin

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tableau de Cor Willems

Little man in Stowe

DSC01730 - Copie

 

mon petit bonhomme si cher

en balade dans le Vermont

tu suis des yeux et du cœur

tes  parents en randonnée

 

mon infiniment trésor

que ne suis-je pour toi

une grand-mère vraiment

prête à t’enlever de ce banc

 

où tu penches mon enfant

avec ton sourire absent

ce sourire que j’aimais tant

voir  le matin à ton réveil

 

ce n’est pas encore demain

que tu exploreras les hauteurs

du Mont Mansfield, pourtant ce jour

arrivera  plus vite que nos retrouvailles

 

quand tu marcheras fièrement

je ne serai pas loin de toi

par les pensées que je t’accorde

car ma présence est trop long voyage

 

Erin (Carmen P.)

Vite, un poème

AlvarNight

(illustration: Alvar Sunol, La nuit)

 

Mon chant déraisonne

qu’un oiseau ravive

d’un roucoulement intrusif

 

Vite, un poème !

 

une construction parfaite

qu’un ami de haute plume
 
par-delà la mort me tend
 
Je le mâcherai comme brioche
 
que la diète m’autorise pour tout aliment
 
je le mâcherai et je le restituerai autre
 
tout imprégné de mes saveurs
 

 

Oh, il ne sera pas meilleur

et n’aura aucun sens !

 

qu’importe le sens quand le goût suffit

à ranimer la joie et que la vie sur Terre

malgré ses deuils, ses terribles renoncements

ses immenses désenchantements

nous accorde l’ éveil à la pure beauté

par la vibration d’un chant

que la lecture d’un poème prolonge

 

Erin (Carmen P.)

sur Madison Avenue

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La foule vous englobe dans son mouvement

dès le premier pas dans la lumière de la rue

ambiance sonore et senteurs culinaires

la déco est en place pour le bain quotidien

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le rythme s’accélère, rétracte l’horloge

un jour de pomme ordinaire pour mégalopole

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sous les pales des hélicoptères

la liberté dresse son flambeau

elle veille sur la chair et sur l’Art

fulgurant du modernisme déjanté

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vrombissements et précipitation

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les passants marchent sur l’ombre

de ceux qui les précèdent

dans l’urgence d’une foulée rapide

dont l’amplitude signe l’efficacité

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la ville est si ronde qu’elle en paraît vide

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la ville où le flux se fait, se défait

la ville où le silence se glisse

parmi les clameurs des tours d’ivoire

une arche qui incube sa marées humaine

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Ground zero des êtres en effervescence

le corps à l’écoute de la musique

des autres aiguilleurs de la terre

le même ballet pour une seule âme

.

seuls les amoureux oublient le tempo

ils prennent la ville, la parcourent, interdits

puis s’évanouissent dans les vapeurs urbaines

leur joie jaillit en touches successives

.

la note haute du matin descend

les octaves au cours du jour, devient

basse le soir venu – ou l’inverse –

ainsi va l’ascenseur du top of the rock

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La vie est une fourmilière

qu’on traverse à pas pressés

en suivant le décompte des secondes

quand clignote la main au passage piéton

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sur Madison Avenue

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Go! Go! Go!

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Erin (Carmen P.)

site web pour l’image : stodomen.ru

Mé… moi… re

Beatriz Martin Vidal

 

(moi… maman, je te re dessinerai une île où ton histoire sera sauve)

 

Du jour au lendemain la mémoire s’est verrouillée, le jour replié sur les souvenirs s’est fermé aux lendemains sans désir, et dans le vide d’un présent confiné la lente dessiccation des souvenirs, eux-mêmes, dépossède la victime de toute son histoire.

Oh, donnons-lui une histoire, n’importe laquelle, l’essentiel est qu’elle s’en souvienne ! Frappons son imagination et qu’elle l’emporte même si ce doit être dans la tombe !

L’enfant intérieur perdu dans une maison abandonnée cherche la voie du cœur – le moindre filon devient ruisseau sur lequel il s’embarque.

Imagine : Il y a un enfant en toi sur une toute petite barque. Comme celle-ci. Tiens, je te la donne. Vois-tu l’enfant ? Il rame avec toute l’énergie de sa confiance en l’amour qui ne peut, qui ne doit se tarir. Il est le gardien de ta mémoire. Elle survivra.

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Carmen P.

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image : Beatriz Martin Vidal

Juillet

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Les frissons légers des instants volés à la torpeur de juillet accrochent sur les pièges à rêves des  prises détonantes. Quand on libère ces souvenirs de leurs papillotes, ils pétillent et remplissent l’esprit de leurs bulles qui appellent le frisson d’une nouvelle vague.

Les éclairs de cœur annoncent plus de lumière que les aubes les plus lumineuses d’une quelconque île paradisiaque. 

Rien ne s’arrête vraiment derrière le rideau des apparences figées.

Non, rien ne s’arrête. Les évènements dans les coulisses se préparent à entrer en scène.

Le front sur la vitre, l’enfant regarde à l’intérieur. Il ne joue pas encore son rôle.

Le verre s’efface sous la pression du bleu, insistant. C’est maintenant à l’intérieur, tout à l’intérieur du cœur de la mère que la tige de son iris plonge et dans l’eau d’un  regard puise la force de l’épanouissement. Il est inflorescence, un tournesol, peut-être, qui cherche son soleil.

L’enfant reconnaît sa mère avant la conception. La mère accompagne ses pas bien au-delà des chemins de poussière car l’eau de l’amour transpire au travers des parois temporelles.

L’amour est un  jardin d’acclimatation.

L’indifférence est un leurre qui prend pour excuse la vitre et lui donne les pouvoirs d’une frontière. Ces limites ne sont qu’extérieures. La joie d’être coule à l’intérieur, elle ignore les limites.

Terre. Le champ de notre vision ne perçoit pas la nature illimitée des lendemains.

L’œil ne suit pas la ligne qui relie l’ombre, à peine marquée, à l’autre, feuillue, mais trop lointaine d’un ciel impassible.

Derrière la vitre l’enfant perce l’avenir en interrogeant ses racines. Ouvrons pour lui une fenêtre sur la clairière du présent où court l’impulsion d’une eau vive.

 

Erin (Carmen P.)

le 6 juillet 2015

photo : Elena Shumilova

Instant gong

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Le tangible est l’instant gong mais rien ne s’y passe, à moins de se laisser surprendre.
Tout est dans la vibration qui suit l’impact et manifeste la rémanence du son dans l’espace qui n’est pas le vide.
Ainsi l’on peut vivre, suspendu à l’intangible, entre les gongs que sont les pierres de la traversée, dans la dynamique du sot.

 Carmen P.

… et si vous voulez un mandala dessiné à main levée par mon fils, Killian. Il souhaite qu’il soit diffusé… copiez, distribuez, coloriez !

 

Le monde

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Tout commence dans le néant, tout y retourne….
C’est l’espace où notre raison d’être jongle
avec mille pépites de joie dans la vibration Amour.
Pourtant, nous courons sur la peau de l’existence
accumulant tant et plus sur notre bulle de savon.

Je crois à la perméabilité des intentions
vierges de tout égoïsme, elles transformeront le monde.
Pensées et doutes ne passeront pas sans être,
en conscience, triés hors des pièges du jugement.

Lent cheminement vers l’intérieur du soi !

La Terre rayonne à la perspective
de notre proche alignement
sur l’élan qui nous porte.

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Carmen P.

https://www.youtube.com/watch?v=fBVv7udJI7k