La cinquième saison

La cinquième saison

je la nomme Joie

elle n’a rien de lunaire

bien que dans la tristesse

on pourrait le croire

.

elle traverse l’année

du premier janvier

à la nuit de la Saint Sylvestre

sa lumière jamais ne s’éteint

tant va l’énergie permettant

aux mots de fructifier

en fond labyrinthique

.

elle est la flamme qui nous habite

et qui initie notre souffle

à la magnitude solaire

.

l’onde de joie émerge

sous la clarté falote

d’une lune pleine

aux pieds des pâquerettes

invisibles – elles devisent –

en croissance d’aurores

.

la cochlée de l’ oreille

accueille les vocalises de la vie

les vibrations hautes

coulent leur onguent

irradient de nitescence

et sur nos fronts s’épanouissent

les blancs de nos mémoires

absous  des trous noirs

dépeignés d’allégresse

.

Carmen Pennarun

.

Quelques instants

photo : Lizzy Gadd

photo : Lizzy Gadd

Les instants se succèdent, impriment leurs sensations sur le tableau de nos mémoires. Voici quelques impressions, un peu en vrac, beaucoup en liesse, toujours cueillies au plus près d’un frisson buissonnant de poésie.

Le conscient endormi

repousse l’inconscient

– il trouble son sommeil –

Le monde des songes

ne s’ouvre qu’aux anges.

Se laisser porter par le fauve du jour. S’abandonner quand rien ne paraît vraiment nécessaire. Laisser à l’intérieur tous ces poèmes étalés comme autant de jupons inutiles. Fanfreluches jaunies sur lesquelles la poudre azurante n’opère plus aucun miracle, d’ailleurs leur  dentelle ne découpe que la grisaille. Passer du froid à la douceur presque printanière ramollit la terre… chaussons nos sabots et privilégions  la nature, préférons la boue des chemins à ces mots qui ne se tissent que dans le mental.

Les édifices que les saisons assaillent
désolent ma vision des ordonnances humaines
mais lorsque la marée se charge d’une épave
elle ponce la coque autant que mes humeurs
dans l’ensablement méthodique de l’œuvre vive

Et si la poésie n’était que l’enfance d’un regard
effleurant le fond de l’insondable qu »elle désire
après une lente gestation de la pensée ?

J’ai temps chaviré
les saisons du corps
J’ai temps décillé
les cimes du ciel
que l’espace se défait
de sa brume de chanvre
et m’envoile de ses brins
aux penchants dits sauvages

 

(impressions à la pointe du Grouin)

La vague bondit
aux genoux de la falaise
elle reste de pierre

L’eau coeur que le vent enfle
jamais n’atteindra sa face

(Envie de douce harmonie)

Rien de plus précieux
que les instants faits mains
à suspendre au bouton de la porte
avant d’ouvrir – grand – la maisonnée
au vent fleuri du dehors embrassé

 

Carmen P.

 

Comme un sourire

Un même poème, deux versions…

 

 

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Comme un sourire 1

 

Les cauchemars dorment sécures

à l’étroit d’un placard — obscur

Les murs aveugles ignorent la porte

ils s’ouvrent sans passe – le levier

devient inutile badine — l’égarer —

 

La mémoire fait le pied de grue

elle attend sur l’ herbe folle

la serrure à nulle autre pareille

la clef de voûte des circonstances

le soutien des petites choses tangibles

 

— comme un sourire —

 

La résistance de nos galandages

n’arrête pas l’œuvre du temps

jamais ne contrarie l’adversité

La séduction d’une pensée gitane

pose la braise de ses prunelles

 

 

sur la fragilité d’un rêve nomade

accroché au clou des lendemains

Les saisons changent les couleurs

au fleuron de nos paysages

au verbiage de nos réflexes-racines

 

— comme un sourire —

 

échappées des heures molles

d’un pépiniériste  novice

les saisons changent les peines

les replient au placard

où elles meurent d’oubli

 

poussière de reliquaires

 

—comme un souvenir—

 

_______jauni

 

Erin (Carmen P.)

 

 

Comme un sourire 2

 

Les cauchemars dorment paisibles

à l’étroit d’un placard — obscur

Les murs aveugles ignorent la porte

ils s’ouvrent sans passe – le levier

devient accessoire badine — l’égarer —

 

La mémoire fait le pied de grue

elle attend sur l’ herbe folle

la serrure à nulle autre pareille

la clef de voûte des circonstances

le soutien des petites choses fragiles

 

comme un sourire auquel on ne s’attend pas

comme une plume tombée en signe de ciel

 

La résistance de nos paravents

n’arrête pas l’œuvre du temps

jamais ne contrarie l’adversité

La séduction d’une pensée gitane

pose la braise de ses prunelles

 

sur la fragilité d’un rêve nomade

accroché au clou des lendemains

Les saisons changent les couleurs

au fleuron de nos paysages

au verbiage de nos réflexes-racines

 

comme un sourire auquel on ne s’attend pas

comme une plume tombée en signe de ciel

 

échappées des heures molles

d’un pépiniériste  novice

les saisons changent les peines

les replient dans le placard

de l’oubli au parfum de lavande

 

les reliques inutiles deviennent poussière

elles rejoignent les souvenirs jaunis

et laissent le cœur s’éprendre de sourires

tombés du ciel comme au temps des plumes d’ange

 

Erin (Carmen P.)