Floraison de muguet
Je rangeais, avec mon fils de 22 ans, qui dans mon rêve était encore enfant, le garage d’une maison qui devait être la mienne. Ma chatte Tina, une belle chatte couleur gris-souris, y avait mis un désordre inimaginable et elle avait apporté quantité de cadeaux comme savent nous en offrir nos amis félins. Nous étions fort occupés à traquer toutes les souris qui occupaient le lieu. Une fois que nous les avions capturées, nous leur rendions la clef des champs… J’avais, pour mieux dénicher les occupantes indésirables, tout sorti du garage. Tina nous regardait d’un air consterné ; elle réalisait à quel point nous n’appréciions pas ses « présents ».
J’ai dû m’absenter, parler à des personnes qui m’ont raccompagnée chez moi. J’étais très embarrassée à l’idée qu’elles voient le désordre que j’avais mis. Mon fils est venu à ma rencontre et m’a dit que je n’avais rien à craindre ; tout était impeccable. Je ne l’ai pas cru, mais lorsque je suis arrivée à la maison, j’ai constaté qu’il disait vrai. Le garage était rangé et, à l’extérieur, la pelouse était toute parsemée de muguet. Des compositions faites d’éléments naturels et d’objets personnels provenant de mon garage, animaient ce jardin devenu parc artistique et paysagé… et le parfum léger du muguet enveloppait d’une grâce toute particulière cet espace.
J’ai alors demandé à mon fils, s’il était l’auteur de ce prodige, il m’affirma que non, c’était l’œuvre de sa sœur.
— Mais tu n’as pas de sœur ! dis-je.
— Si, elle est là ! me répondit-il en me montrant une petite fille que je n’avais pas remarquée. C’était une enfant de 7-8 ans, elle se tenait près de la porte du garage. Je ne l’avais pas vue ! Elle ne disait rien. Elle me regardait. Intensément.
Là s’est terminé le rêve. Nous n’étions pas un premier mai et je n’avais pas de fille.
*
Certaines nuits, mes pensées se tournent vers l’enfant que j’ai perdue il y a 24 ans.
Nous ne nous sommes jamais connues. Je ne pense pas à elle dans la journée, c’est son souvenir qui s’invite par des chemins de mémoire, grands ouverts en état de sommeil.
Cette enfant, je l’ai vue grandir, ainsi… nous communiquons même si je n’entends jamais le son de sa voix.
Une nuit elle nous a même présenté son petit ami, elle devait avoir à peu près quatorze ans. Son père, comme tout père d’adolescente, a eu dans ce rêve du mal à accepter cette relation.
On n’arrête pas la vie, mes amis !
Erin