Archives de catégorie : Poésies
Le messager d’amour
Le messager d’amour
Je suis celui qui année après année frappe à la porte de ta vie.
Je suis le soleil… pour toi, je courbe ma lumière afin qu’elle vienne frôler les creux et les pleins de ta silhouette que j’ai dessinée et autour de laquelle je gravite. Peu m’importent les lois du cosmos, plus je réfléchis et plus je pose sur ta peau mes éclats de tendresse. Quel est l’astre et quelle est la planète ? Tout se confond dans l’instant amoureusement, et nos vies s’articulent dans un espace que rien n’offense.
Je suis l’aimant, moi, le non créé, celui qui n’existera pas tant que tu ne l’auras pas reconnu.
Je suis le prince des certitudes, celui devant qui personne ne peut rester de glace.
Pourtant tu continues de m’ignorer.
Non, ne t’effarouche pas, je laisserai au temps le soin de dissoudre tes appréhensions.
Tu pleures ? Je suis avec toi, car je suis la larme qui dans ta bouche a le goût du sel.
Tu interroges le ciel, mais je ne peux te répondre car je ne connais pas le mode d’emploi de l’amour sur terre. Je ne suis pas dans ton périmètre de vie, je ne suis pas de ton époque. Je suis de toujours et de maintenant, mais comment te le dire ? Je ne suis pas un expert du vocabulaire du cœur. Les mots, si souvent, riment avec tromperie, alors, je garde ma déclaration pour un avenir dédié à la sensorialité que nous éprouvons déjà, d’une silencieuse étreinte.
Je garde espoir que tu me reconnaisses, ne dit-on pas qu’un mendiant d’amour, un jour, se hasarda dans la vallée des cœurs perdus où les soupirs donnaient récital et qu’il y trouva l’âme sœur !
Le rêve est le refuge où je dépose ma flamme. J’espère qu’une nuit, dans ton sommeil, tu entrouvriras la porte, ainsi tu libèreras les caresses qui n’attendent que le moment de parcourir le velours de ton corps autant que la sensibilité de ton âme.
Tu frémis déjà car je suis ton promis. La sensation de l’amour vibre comme une force tellurique bien avant que l’amour ne se manifeste. Sois attentive à son courant d’ondes, il est mon messager.
Carmen P.
Quatorze février
Quatorze février 2014
Le vent souffle en rafales et la pluie de saison
vient grossir la rivière. L’eau, par-dessus
berges, mouille le sol et la lande ruisselle.
Le tilleul danse, frénétique, ses branches oscillent
Temps/Temps/Temps, puis elles s’animent d’un mouvement
de giration, fluctuant. Pas d’inclinaison
tendre, ni vers le haut, ni vers l’espace, autour.
Du coup, même les tourterelles délaissent
brindilles et s’en vont roucouler sur une poutre
plus sûre. Elles pensent couvée, alors que l’homme
doute. Sous la pleine lune et son halo, si large
j’ai pourtant vu, quand la tourmente s’est calmée
deux amoureux, museau pointu contre museau
pareil, mener tintamarre sur le gazon
boueux. « Frr, frr, frr, frr… pensons à nous ma douce
hérissonne ! semblait dire monsieur, tentons
frasques nocturnes au nez des humains qui hibernent
dans leurs abris. Ils n’entendent pas la nature
qui appelle friponneries en cette nuit. »
Erin (Carmen P.)
.
Agartha
Le voile déchiré
Le voile déchiré
Elle avait déchiré le voile et elle souffrait,
infiniment. Ses maux griffés dans le silence
d’une chambre de jeune fille troublaient son âme
Elle ne possédait de la vie que mille voix
qui la hantaient, la laissant là sur le carreau
brisée, parmi les tesselles de ses rêves.
Seule, elle écrivait :
« Citadelle enflammée au bout du mirage…
Et l’avenir se retourne
Sur les pas de l’homme qui marche… »
N’oubliez pas l’enfant que le lait maternel
n’a pas nourri. Sa vie était de famine
et sa mort certaine. Le corps fuit la citadelle.
N’emmenez pas l’enfant, il n’est pas oublié,
il dort dans la mémoire des vivants qui l’aiment,
son absence est un éveil que les pleurs trahissent.
Seule, elle dansait :
« Noé a brûlé son Arche
Et la jungle s’est faite reine
Au milieu des catacombes… »
Les songes qui l’habillent sont les labyrinthes
où l’homme se perd tandis que sa robe froisse
la sauvagerie d’un monde inaccessible.
Etrangère à la jungle elle se pare de grâce,
s’excuse de ne vouloir annoter, à l’encre
noire, les lignes que traverse un arc en ciel.
Seule, elle pense encore :
« Les ordures fleurissent par tous les temps
Et la dent arrache les pétales.
Pour manger l’âme hostie ! »
À la lisière de l’éternité je tends
des feutres de couleurs, afin que s’écrive
la fleur d’espoir, avant l’extinction du soleil.
Erin (Carmen P.)
Pour Fiona
Pour Fiona
5 janvier
elle était fille
ange à la vie dérobée
froide comme l’hiver
Par l’aiguille amniotique
d’un amour incertain
s’est creusé le bulbe
où l’esprit paraissait
Aspiré le verbe
de ce corps flotté
et la douleur — seule
face au silence
figée
Entre sommet et gouffre
la poésie s’emmêle
éblouie par la mort
elle contemple l’en-terre
C’est l’argile qui s’enferre
sur des rails disloqués
où la voix d’une enfant
plie au silence intimée
Erin (Carmen P.)
Ils sont partis vivre ailleurs
Ils sont partis vivre ailleurs
Nous sommes tous gens de voyage sur cette terre. Nous nous croisons, nous décroisons… créons, recréons un foyer, un lieu chaleureux où l’on aime se retrouver, pour se séparer, encore…
La liberté tisse son ouvrage sur notre planète, et entre ses mailles lâches, dans certains lieux, nous resserrons l’étreinte, réaffirmons la tendresse.
Les parents, les amis plus fragiles, qui ne comptent plus les décennies, redoutent la séparation définitive. La conscience humaine perçoit la distance comme sœur de souffrance et la vie devient lit de douleur. Elle ne peut dilater l’espace à d’autres dimensions.
Même si le cœur affirme que les liens ne peuvent être rompus, le charme de l’amour se dissout dans l’espace — un air vicié privé de confiance.
cousin de par ici
ami que tiraille
l’ailleurs — pas plus présent
maintenant que demain
plaie ouverte sur le corps
invisible de l’âme
en catimini entame-
-sève et coule à perte
de vie — les calices
vides alignés glissent
sur le plan incliné
d’un cœur époux-bancal
Erin (Carmen P.)
La tristesse des anges
La tristesse des anges
Comme une maladie
l’étrange estampille
le bâti de la vie
— un colosse branlant —
Son effigie de brume
habille nos certitudes
d’une latence ouatée
Définir sa couleur
transcrire son parfum
serait trahir sa valeur
qui n’est autre que distance
prise sur le glacis
de l’ennui – sur nos lames
de tristesse. La promesse
salvatrice d’un trésor
enfoui dans nos abysses
et que l’agitation
renfloue
révèlant ainsi
son opposé — le calme —
en contre-jour d’absences
On ne reconnaît plus la réalité
dont les voies s’égarent si loin des terres promises
Carmen P. (Erin)
Trapézistes
Trapézistes
Le tutoiement universel ___ rôde
solitaire__il abandonne les doutes
aux impasses des villes _fantômes
Sa présence familière_____apaise
il regarde en face chaque bagatelle
la leste____ du poids des violettes
Il connaît la terre et ses chardons_bleus
les croix de fer blanc de son esprit focal
et la nuque gracile que les fleurs attirent
Toutes choses sont égales________quand
les bras déployés s’agrippent à d’invisibles
mains et que l’espace déchiré d’étoiles ba-
-lance son trapèze au-dessus des mondes
Erin (Carmen P.)
Turbulences
Les mots cognent en caisse de résonance, ils s’entrechoquent jusqu’à l’éclatement
de la conscience. La plèvre comme un voile se soulève, et les idées décollent
courent au-delà des zones d’intelligence. Elles trompent mon indifférence —
le calme olympien où je me réfugie. Ma terre est trop basse, elle offre les berges
de sa ville d’eau. Même si je ligature tous les canaux, les points serrés deviennent
les piliers des ponts où s’enlacent les muses. Leurs facéties ont la turbulence des enfants.
Est-ce que je les aime autant qu’eux ?
Carmen P. (Erin)











