p’tit coeur chiffonné
pour toi les eaux de la vie
avancent la barque
Carmen P.
Certains pouvoirs manquent à notre accomplissement
Sauraient-ils te soutenir, toi, ma volonté
qui dans la faiblesse s’incline – impuissante à me protéger.
Le corps est une demeure qui souvent nous trahit
Sujet de perversion………..victime de violence
matière à prostitution……….… Notre incursion
sur terre est une épreuve vouée au don de soi
quand la rage ne nous révèle pas.. bourreaux
Nos jardins sont peuplés de chimères
qui ne changent rien à la marche du temps
Le mal est le limon qui engraisse nos lendemains
aucune douleur ne supporte l’absolution
Les lamentations sont un chant qu’on entonne
en silence pour ne pas faire d’ombre au bonheur
de proximité. Ce que le passé a noué
le présent le dénoue avec diligence.
La mère ne donne pas seulement la vie
toute à la joie de mettre au monde elle oublie
que cet enfant ne lui appartient pas
sauf lorsque dans son sein il s’éteint
Une douleur à jamais sans délivrance
car porter la mort est un crime qu’elle ne se pardonne pas
La maternité est une étape – œuvre de procréation
savoir s’en détacher ouvre à d’autres créations
L’emprise charnelle parfois avilit sa source
le corps se prête aux avances de l’amant
mais l’âme prie le ciel de ne pas donner aux hommes
des pouvoirs autres que sensoriels
La femme invoque la force. Elle sait la trouver dans l’amour authentique
un amour d’enfance, un amour d’avant l’offrande physique
un amour précédent le premier cri
un soupçon d’allégresse où la conception nous a cueillis
et dont la flamme vacille dans l’alcôve du cœur
Souffle !
Ce sanctuaire n’apparaît qu’au dormeur et le Grand Rêve le balaiera.
Carmen P.
(pour les droits de la femme qui ne sont pas affaire d’une seule journée)
Le vent d’Ouest secoue son corps d’hiver
la pluie ne cesse – les gouttes glissent
le long de ses branches – encensent la terre.
Son panache à venir replié dans l’alcôve
de ses bourgeons, l’arbre offre ses ramures en prière.
Mudras tendus vers le ciel, doigts papillons
entre lesquels insiste le souffle – s’infiltre
jusqu’à ce que la coupe gonflée d’air frémisse
en mille points puis retombe dans l’instant calme.
Une sculpture d’énergie s’ancre autour du bois
Erin
(illustration de Charles L’Heureux, arbre remarquable du Canada)
Soyons nos propres faits
Accordons-nous
un violon et un archet
un crayon et un papier
un pinceau et une toile
un ballon rond ou ovale
…
L’obscurité intérieure s’illuminera
d’une multitude d’étoiles.
La musique se propagera
le papier s’envolera
la toile resplendira
la balle ajustera sa trajectoire
le mouvement s’amorce à partir d’un point
une fois lancé rien ne peut l’interrompre
il sourd de l’endroit idéal où nous sommes (maintenant)
Avec lui se dissipe l’illusion de la cage
Erin (Carmen P.)
Photo Karina Kiel
1
La vie – pas un chat
La vie – de fil en aiguille
La vie mon fils
Se tait la mère – se terre
l’enfant dans un silence de matrice
2
Pas un chaton ni un poussin
La vie qui passe de mère en fils
La vie au loin qui naît enfant
dans un silence de matrice
.
En terre de femme serpentait l’annonce
3
Sans bruit la conscience dépasse le mur de la réalité.
L’intuition sus-terraine, la pré-connaissance de chair voyagent en des arcanes que seule l’ubiquité de l’esprit fréquente. L’intelligence des gènes ignore les barrières géographiques et tout autant la profondeur des océans, elle s’appuie sur des ponts invisibles à la constance éthérique. La communication existe entre les gènes, les jeunes cellules peuvent compter sur le soutient des anciennes. La vie entre parenthèses, chez l’un, offre son énergie, envoie son souffle d’amour vers l’âme fragile qui doucement s’installe.
Erin
(illustration Susan Seddon Boulet)

Nos vies comme les oeuvres des affichistes…
Découpe de papier journal
l’ordinaire des jours se lit dans les interstices
seul lieu où la déchirure s’offre au décryptage
Tout évènement s’échafaude sur une scène ouverte
où s’accoquinent bonimenteurs et silencieux
Erin (Carmen P.)
illustration Jacques Villéglé
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(Mise en musique et voix de Milady Write)
Automne en friche
Elle a retourné la terre de ses sentiments
il ne reste plus rien de ses tourments
pas la moindre résurgence n’offre son accroche
à la lumière blanche du jour naissant.
Maintenant son jardin est devenu plage
où roule la joie, s’encoquille l’espérance
qu’il suffit de ravir – trésor à collectionner
puis à livrer aux caresses intemporelles.
Même à celles du temps gris, celles du temps lourd
du temps à prendre comme il vient, comme il s’en va
comme on détresse ses angoisses, comme on agite
un mouchoir de rêve pour disperser ses larmes.
Sur la plage, n’être que roseau sans racine
laisser nos pieds explorer les passions fertiles
les frissons remonter le long de notre tige
– une colonne où file l’énergie, aérienne.
Au-delà des nuages elle cueille la lumière
elle danse sur sa parcelle défrichée.
Où qu’elle s’aventure se coule un tapis
de sable blond comme l’or de l’automne.
Ne pas croire cette gymnastique facile
les coups de vent viennent amplifier la lame
au fond de laquelle trépide le dé de l’espoir.
Elle danse, simple graminée, sœur des oyats.
Erin (Carmen P.)
Naïade offerte à l’oisiveté de l’instant
elle s’allonge au fond d’une barque et plane
Fixant dans le bleu l’horizon aléatoire
l’appât de son regard au gré du flottement
tend ses lignes de fuite vers un point flou
de l’infini.
________Pensée et corps s’abandonnent
à fleur d’eau.
_____________Le coquelicot de sa robe
glisse le long de ses cuisses – une flexion
du temps, indolore.
_______________ Elle dansera sous peu
foulant de ses pieds nus la terre ferme.
Rien ne presse quand une âme se délasse
avant de revenir à l’aplomb de la vie
Erin
Un grondement m’interpelle. Est-il chant ?
Est-il eau ? Il dévale comme un torrent
sa voix cherche une berge plaisante,
je ne suis qu’attentive présence.
La parole aux rives trop fières
se mêle au chant d’une rivière.
Le bruit des mots est trompeur
désirable est la promesse des fleurs
que la graine garde en secret.
Le monde pense nos rêves, imparfaits.
De la colline des songes
un écho de couleurs s’effondre.
La certitude des pierres se disloque
jusqu’au chant. Pas une note qui ne se couche
sur le velours de lumière où s’étirent les voix,
elles créent, géométriques, les jardins du futur.
La parole recherche son ancre
au fond des cœurs dormants.
L’âge tendre savoure les heures bleues éphémères
sous l’ombrage confidentiel des arbres austères.
Plus tard il cheminera en pensées aériennes
rayonnant de bonheur auprès de sa belle.
Les mots de cristal tintent
ils renouvellent la joie, sans feintes.
La baguette du vent vient bercer le tableau,
la nature joue sa symphonie en diagonale.
Le passé délivre les hommes des dédales
où ils rêvaient d’une vie qui prenait l’eau.
La parole à la spontanéité d’enfance
garde nos mots collés à l’existence.
Ressentir la légèreté d’un accent sincère
Tressaillir à l’écoute de son mouvement
Le voir comme un premier printemps
Le vivre comme une étreinte dernière.
Les erreurs s’abandonnent en terre insensée
ne subsiste que l’amour accordé aux pensées.
Carmen P. (Erin)
Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos cœurs, la joie avec la peine, le rire avec les ombres, deux chevaux dans le même attelage, chacun tirant de son côté, à folle allure. Ainsi allons-nous, cavaliers sur un chemin de neige, cherchant la bonne foulée, cherchant la pensée juste, comme une branche basse giflant notre visage, et la beauté parfois nous mord, comme un loup merveilleux sautant à notre gorge…
Christian Bobin
Quelques mots que l’image a éveillés en moi.
Vêtue comme une princesse
elle court vers le loup
et son p’tit cœur sauvage
n’a pas besoin d’boussole
il fuit vers la lumière
où il a rendez-vous
C’est dans la clairière
que l’attend le fauve
il est l’espace fourrure
qui étouffe les cris
dissipe tous ses pleurs
affûte les murmures
Et blottie contre lui
l’enfant n’entend plus ses terreurs
Une au cœur de l’aura nature
elle file l’âme des mondes
Carmen P.