Désescalade

 

 

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Désescalade

 

 

Elle descendait l’escalier avec prudence

et s’arrêtait souvent pour savourer l’instant

 

Par-dessus la terre les bonheurs attendaient

qu’elle les cueille — parfois, elle se laissait surprendre

car la vie se dépelotonnait trop vite

subtilisant des marches……. elle menaçait

de lui faire perdre pieds

 

Inéluctable chute 

 

C’est sur le velours du sol

que s’épanouissent les fleurs

et dans le ciel qu’elles éclatent

en tesselles et bouquet final

puis elles retombent en pétales

 

À chaque palier plus dépouillée

elle dégrafait ses oripeaux

tuile après tuile effeuillée

et le cœur enfin à nu

 

 

Carmen P. (Erin)

Just a patch

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Just a patch

 

L’homme rapiécé

est le jouet de la vie

quand de ses mains expertes

il ressort hésitant

avec juste la force de la résignation

il peine à poser sa détresse

sur une épaule candide

 

Est-ce la peur, cette ennemie

qui conseille la prudence

provoque l’éboulement

des dernières libertés

 

Garder les craintes pelotonnées

l’amour frissonne au fond de la soute

 

L’homme rapiécé

se repense fragile

il abandonne sa joie

à l’ovale de sa paume

le temps d’épingler une larme

au filtre bleu de son cœur

il chiffonne ses soupirs au rideau d’infortune

 

Une brise légère

comme une confiance narcissique

dépêche le bonheur

à tous les étages de la vie

 

L’amour frissonne au fond de la soute

il n’y a d’âge pour l’attiser

 

Erin (Carmen P.)

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edvard-munch-melancolie

 

Il était un ange

 

Il était un ange

à la mémoire d’homme

trop courte

il  isolait sa geôle

de treillis en volubilis

bleus

et laissait filer la couleur

jusqu’aux chevilles

de sa tour d’ivoire

 

Un jour…..la vanité

le réveilla — vulnérable —

elle se tenait là……face à lui

la voie royale vers la souffrance

L’émotion l’a(p)pris par la main

le suppliant de déplier ses ailes

qu’un doute ancien avait liées

 

Il était homme

que la misère sur Terre

avait roulé — à fond d’âme —

 

Tout ce qui haït un jour écoute

cédant la place à l’indulgence

goutte à goutte elle transfuse

 

l’infini d’un air de rien

 

Un tollé de silence

 

 

Carmen P.

 

Y comme Yoran et… Giverny

 L’annuaire pour les nuls : la lette Y

 

 Y comme Yoran et... Giverny

 

Yoran,

 

Y, l’initiale de ton prénom mon fils. Cette lettre je l’inscrivais partout quand tu étais mon baby. Cela te faisait rire mon petit loup et balayait, à tous les coups, tes larmes. Même le paysage était notre allié, toujours okay  dans ce jeu de lecture. Les végétaux aiment croître en déployant leurs Y !

Dans notre jardin, nous avons planté des rosiers en Y, ils sont hyper-généreux, comme toi, et offrent des myriades de fleurs. Tes roses rayonnent autant que les nymphéas de Giverny. Un paroxysme de couleurs capable de nous faire éprouver le syndrome de Stendhal !

Rien de symptomatique, juste un éblouissement.

Depuis que tu nous l’as confiée, ta chatte Mystic est devenue une gymnaste hors pair ; normal nous avons échangé des tuyaux sur nos compétences respectives. Elle m’a initiée à la Zen attitude et je lui ai enseigné les postures de base du Yoga. Mystic, quand nous sommes partis  pour New York, a repris son pyjama rayé auprès de son maître en baggy. Ah, pardon, je me trompe de mot, le baggy était à la mode pour ton frère, il est vrai que toi tu portes le sarouel. Je t’assure,  je ne vous confonds pas, ça convient juste mieux pour mon texte ! Indiscrète, moi, mais non, ce n’est qu’un texte avec contrainte, cela n’a rien d’un reality-show !

Puis-je dire que Mystic n’a d’yeux que pour toi, elle nous snobe depuis notre retour. Heureusement qu’il me reste ma lyre et le souffle du zéphyr pour goûter un autre type de bonheur. Rien de psychédélique, juste une passion poétique, qui m’est salutaire au moral comme au physique. Sinon… c’est Giverny  dans ma tête comme au jardin, je rêve au diptyque que je pourrais peindre, toi sur l’une des toiles et ta nymphe sur l’autre. Vous êtes si beaux tous les deux et je vous aime d’un grand Y, que je vois partout.

 

Ta maman.

 

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Quand nos ombres nous portent…

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Quand nos ombres nous portent…

leurs vols convergent inlassablement

vers de nouvelles (re)naissances

 

 

Ils écartent les bras

comme des oiseaux

que le ciel intimide

Genoux à terre

adossés au précipice

aucune lumière-source

juste le vide – un blanc

Seules leurs ombres

les prennent par la main

et les élèvent…

alors ils acceptent ce qui

jusqu’alors les effrayait

Ils fondent leur corps

dans le flou de ces contours

et laissent l’obscur les libérer

 

Un désir porté par le vent

qui avait tout embrassé

sur son passage les appelait

mais ils restaient sourds

Les galets des torrents

roulaient pour eux

des messages gravés

que leur cécité ignorait

alors les lignes étranges

avaient filé emportées

par le courant. Emportées

comme eux-mêmes seraient

absorbés par leurs ombres

 

Le chant appartient au vent

Les graphies sont lettres d’eau

Et l’homme est un rêve d’argile

dont la poussière des désirs blancs 

forme des constellations d’oiseaux

 

Carmen P. (Erin)

Une mère, un ange

croquis de  Vicente Romero Redondo

croquis de
Vicente Romero Redondo

 

Si mère

deux ailes

et un ange

 

Oh   nid du cœur

tu m’aimes

et m’étreins

Je tangue

sur le verso

silence — cieux

dans la fusion

d’un cordon

intemporel

 

Mon ultime chemise

est tissée de poèmes

que ta main appuyée

signe d’une plume

d’ange

 

Erin (Carmen P.)

Lettre U pour la communauté des Nuls

 

lecture de nuage

lecture de nuage

 

Le U comme fer à cheval

bruit comme diapason.

Je l’ai entendu et l’ai enfoui

au fût d’un vide (poche)

– une épuisette, en quelque sorte.

 

Un vide poche ! Qui l’eût cru ?

Vous avez raison d’en douter.

C’était une gorge. Que dis-je ?

Non. Un lit. Le lit d’un cours d’eau.

Un ruisseau en crue

d’où toutes les lettres – dont le U

se sont volubilisées !

 

En suivant l’onde

elles se sont accruchées

les unes aux autres

Elles ont construit, en bullant,

un collier poème – une parure –

dont le reflet peut être lu

dans les nues.

 

Erin

Lever de poème

 

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Lever de poème

 

Les pensées- herbes godent

les griffes des saisons

les déplissent comme illusions

 

C’est une âme qui s’étire

se découvre un peu plus

à chaque poème — rompue

 

La nature s’émerveille

se contemple elle-même 

 

une fleur s’épanouit –

un papillon déploie ses ailes –

l’oiseau sort de son nid –

l’enfant pousse son premier cri

et l’oublie

 

Au pas des jours

l’aube fête ses naissances

repousse la souffrance

que la nuit accueille

dan l’amplitude d’un soupir

jusqu’à la fermeture

suprême

 

En nous brillent des terres

aux boréales splendeurs

vers elles s’incline

la solitude

 

Carmen P.